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FC Barcelona : Les enjeux économiques de l'assemblée générale 2020

Assemblée des socios du Barça de 2019

La gestion de Bartomeu sera au centre des débats de l'assemblée générale du Barça qui aura lieu demain. En plus, l'audit commandé par le conseil d'administration de Laporta, dont les contours sont toujours flous, pourrait avoir un rôle déterminant sur la manière dont la saison prochaine devra être abordée.


Joan Laporta sera devant les socios dimanche avec l'héritage que lui a laissé le conseil d'administration de Bartomeu. À l'ordre du jour, la liquidation des comptes 2019/2020 clôturés avec des pertes de 97,3 millions d'euros, l'approbation d'un prêt de 525 millions coordonné par Goldman Sachs et le vote d'adhésion à la Super Ligue entre autres. Mais le point le plus important sera le budget 2020/2021, que le nouveau board veut réajuster avec l'audit.


Un budget arrondi sur tous les bords


Le budget laissé par l'équipe de Bartomeu et élaboré par le comité de gestion présidé par Carles Tusquets comportait déjà de nombreuses incertitudes. Il était clair que, dès le départ, il fallait des miracles pour que le Barça puisse atteindre l'équilibre budgétaire avec un chiffre d'affaires de 828 millions d'euros (revenus d'exploitation et revenus financiers inclus). Une baisse de 3,2% par rapport à 2019/2020 et de 21,8% si cette même saison s'était déroulée sans la pandémie.


Alors que le retour du public dans les stades devenait une utopie au fur et à mesure que la saison avançait, la base la plus solide de ce budget était les droits audiovisuels. Les négociations menées par LaLiga avec les opérateurs ont évité une baisse drastique. De ce fait, cette source de revenus est pratiquement la seule qu'on peut assurer qu'elle sera encaissée. 302,1 millions d'euros prévus.


Il s'agit du montant le plus élevé de l'histoire du club et la raison est purement comptable : les matchs de 2019/2020 disputés en juillet et en août ont fait qu'une partie des revenus audiovisuels a été reportée dans le budget 2020/2021. Ils comprennent aussi les paiements de l'Uefa pour la Ligue des Champions, mais la plus grande partie provient de LaLiga, avec environ 165 millions d'euros assurés par saison.


Hormis cela, le reste n'était que spéculation. Au niveau commercial, la vente de 50% du Barça Corporate pour au moins 100 millions d'euros devait porter les recettes de ce secteur à 380,3 millions d'euros. Bartomeu puis Tusquets étaient en négociation avec de potentiels candidats, mais l'équipe Laporta a décidé que ce projet ne se réaliserait pas dans l'immédiat.


Un autre point important dans l'élaboration était le retour des supporters dans les tribunes qui finalement n'a pas eu lieu. 56 millions d'euros étaient prévus pour ce concept, mais seules les cotisations des socios, qui tournent autour de 20 millions d'euros par an, ont été collectées. Reste à savoir ce que le musée a généré, car cette activité a subi les effets de la crise sanitaire, et aussi ce qui sera décidé pour ceux qui ont déjà payé leur abonnement et qui n'ont pas pu en profiter.



La dernière source de revenus reste les plus-values des transferts et autres revenus exceptionnels. Alors que le conseil de Bartomeu l'avait laissé à 106 millions d'euros, le comité de gestion l'a corrigé jusqu'à 86 millions d'euros, soit une baisse de 16%. Malgré cela, cet objectif n'est pas encore atteint, à moins qu'il y ait plusieurs ou un gros départ dans les dix prochains jours. Actuellement environ 50 millions d'euros ont été sécurisés avec les départs de Nelson Semedo, de Jean-Clair Todibo, d'Arturo Vidal, de Luis Suarez et d'Ivan Rakitic.


En ce qui concerne les dépenses, malgré la réduction des salaires négociée par le comité de gestion, le budget prévoit une masse salariale sportive de 506,4 millions d'euros, c'est-à-dire salaires et amortissements. Il s'agit d'une baisse annuelle de 20,4%, soit 130 millions de moins qu'en 2019/2020.


On note donc que l'ajustement de la masse salariale est inférieur aux 172 millions négociés par Tusquets. La raison n'est autre que l'année dernière, une réduction de 35 millions avec effet en 2019/2020 a déjà été réalisée. À cela s'ajoutent les compensations exigées pour certains contrats résiliés comme Suarez ou Vidal. Le retour de Coutinho et l'impact des signatures de Trincao, Pedri, Pjanic ou Dest sur les amortissements ajoutent également un minimum de 20 millions sur cette charge qui est déjà supérieure à 130 millions.


Assainissement de ce budget : 350 millions de pertes ?


Comme l'ont avancé plusieurs médias en Espagne et puis confirmé par Laporta lui-même lors de sa première sortie devant la presse, le Barça a diligenté un audit auprès de Deloitte pour revoir de fond en comble les comptes et le budget laissés par Bartomeu. Les premières fuites estimaient qu'au lieu de clôturer la saison avec les 1,2 million de bénéfices prévus, le club court devant un déficit de 350 millions. Un montant faramineux, et selon Roberto Bayón, un expert familier aux mécanismes et subtilités du contrôle économique de LaLiga, de telles pertes en une saison semblent impossibles. Et il serait difficile de lui donner tort.


« Aujourd’hui, nous avons une masse salariale qui a un ratio de 110% sur les revenus prévus », a admis Laporta. « La masse salariale doit être ajustée et il faut travailler en ce sens. Nous devons prendre des décisions pour nous conformer au fair-play financier », a déclaré le président.


Toutefois, l'audit réalisé par Ernst & Young en 2019/2020 ne comporte aucune mise en garde, donc la reformulation de ces comptes serait difficile à justifier. En attendant la fin de l'audit de Deloitte, Laporta a été avare de commentaires à ce sujet. « Des choses sortent, certaines inquiétantes, d'autres surprenantes et certaines compliquées qui ont une solution facile », ont été les rares mots de Jan à propos de ce due dilligence.


Même si ce « nettoyage » du bilan mérite d'exister, son aboutissement risquerait de créer des effets indésirables surtout si les 350 millions de pertes qui ont fuité se confirment. Le danger immédiat que court le Barça serait une forte réduction de ses capacités d'investissement la saison prochaine à cause du contrôle économique de LaLiga. La raison est que les règles actuelles du contrôle économique de LaLiga, en plus de prendre en compte les revenus prévus, réduisent le plafond des dépenses allouées par le montant des pertes enregistrées la saison précédente.


Déjà cette saison, le club blaugrana a vu sa limite salariale divisée par deux en raison des 97,3 millions d'euros perdus en 2019/2020. Alors qu'en septembre 2019, le Barça avait la limite salariale la plus élevée de LaLiga avec 671,43 millions d'euros, un an plus tard ce plafond a été baissé jusqu'à 382,72 millions et réajusté à 347,08 après le mercato de janvier 2021.



Au même moment, ces rivaux directs que sont le Real Madrid et l'Atlético de Madrid n'ont pas énormément perdu en capacité de dépenses salariales. Les Merengues ont même pu augmenter leur plafond entre septembre 2020 et janvier 2021, de 468,53 millions à 473,34 millions d'euros. De ce fait entre 2019 et 2021, le Real Madrid n'aura perdu qu'environ 160 millions en capacité d'investissement salarial. La raison est que le club de la capitale a clôturé la première année Covid avec un bénéfice.


Pour sa part, l'Atlético de Madrid, conscient que les probables pertes de 2020/2021 auront un impact considérable sur la saison prochaine, a déjà pris ses dispositions pour éviter la baisse de sa limite salariale. Le champion de LaLiga a déjà lancé une opération d'augmentation de capital de 182 millions d'euros pour renforcer sa capacité d'investissement. Une option impossible au Barça.


Les plus de 143 mille socios que compte le club ne peuvent pas lever une telle somme. Le Real Madrid, également détenu par ses socios, a pris la voie d'une réduction individuelle des salaires de 10% pour éviter partiellement ou totalement les pertes avant impôts de 91,1 millions d'euros prévues dans son budget 2020/2021.


Le comité de gestion de Tusquets n'est pas parvenu à trouver un accord avec les joueurs du Barça sur ces caractéristiques. Le maximum qu'il a pu faire est de différer le paiement de 172 millions sur quatre ans. Un montant que la nouvelle direction voudrait également imputer aux comptes de 2020/2021. Ainsi, la seule chose qu'aurait servie cette négociation serait de résoudre les problèmes de trésorerie.

 

Pour le moment le Barça n'envisage pas cette hypothèse de réduction de sa capacité d'investissement. On pourrait donc supposer que ces grosses pertes évoquées dans la presse seraient moindres et que si les fuites proviennent du club lui-même, le but serait d'accentuer encore une fois sur la gestion catastrophique de Bartomeu. De toute façon, concernant les règles du contrôle économique de LaLiga, les clubs ont la possibilité de les modifier à condition qu'il y ait une majorité.


Et les 525 millions de Goldman Sachs ?


Cette situation économique difficile, l'une des plus préoccupantes de LaLiga, a conduit le club à négocier un gros financement à long terme avec Goldman Sachs. Actuellement, les conditions en termes d'échéances et d'intérêts sont inconnues, mais les socios doivent donner l'autorisation au conseil d'administration de Laporta. Ainsi il pourra mandater la banque d'investissement de collecter ces 525 millions d'euros. L'objectif de cet emprunt serait de régler les dettes les plus urgentes auprès de dizaines de fournisseurs et de réduire ainsi le nombre d'interlocuteurs.


En 2019/2020, la dette du Barça a atteint 1 173 millions d'euros, dont 820 millions sont dus aux banques et aux clubs pour les transferts de joueurs, qui ont augmenté de 48% d'une année sur l'autre. En plus, le financement de l'Espai Barça n'est pas encore résolu. Estimé à 815 millions d'euros, il y a quelques jours, RAC1 a laissé entendre que le coût de ce projet pourrait dépasser le milliard d'euros. Pour le moment, seulement une avance de 90 millions a été obtenue l'année dernière.



En outre, après avoir profité des lignes de crédit ouvertes par le gouvernement espagnol pour éviter l'effondrement du tissu économique pendant la crise sanitaire, le club a obtenu des politiques de crédit de 145 millions d'euros garanties jusqu'à 70% par l'ICO (Instituto de Crédito oficial). De ce fait les engagements auprès des banques sont passés de 271 millions à 480 millions, dont 266 millions à restituer cette année. Au niveau des clubs, la dette est passée de 261 millions à 323 millions, dont 126 millions à honorer cette année.


La Super Ligue : les socios délégués décideront


La question de la Super Ligue européenne sera aussi soulevée au cours de cette assemblée générale. L'adhésion ou non à ce projet, pas encore enterré mais qui a connu une contestation populaire sans commune mesure quelques heures après son lancement en avril dernier, sera décidée par les socios. Quoi qu'il en soit, le conseil d'administration y est favorable, car actuellement, tout comme le Real Madrid et la Juventus, le Barça n'a pas encore quitté le projet. « On ne peut pas tourner le dos aux mouvements dans lesquels les grands clubs sont impliqués », avait déclaré Laporta à propos de la Super Ligue. Reste à voir si les socios seront sur la même longueur d'onde.


En cas de vote contre, le club sera obligé de se retirer, ce qui affaiblira encore une fois le projet tenu à bout de bras par Florentino Pérez après que le Big Six anglais ait décidé de faire marche arrière. La Premier League a imposé des sanctions envers ses clubs qui avaient décidé de faire sécession. De son côté LaLiga reste prudente.


Javier Tebas a déclaré cette semaine que « si quelqu'un commet des actes qui causent des dommages économiques à la compétition (LaLiga), alors l'aspect économique de la compétition devra être modifié ». Ce qui sous-entend qu'il n'y aura pas de sanction, mais cela entraînera sûrement une baisse des revenus audiovisuels, par exemple, si la Super Ligue venait à être créée. De facto, une réduction de la redistribution n'est pas exclue.



Crédit photo de couverture : El Nacional

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