Les socios délégués du Barça ont donné le feu vert au conseil d'administration de Joan Laporta pour contracter le prêt de 525 millions d'euros maximum qui permettra « d'assurer la viabilité du club au cours des prochains mois ».
Il s'agissait de l'un des points les plus attendus et les plus importants de l'assemblée générale des socios délégués du Barça. Après que Jordi Moix soit venu défendre les comptes de 2019/2020 et le budget 2020/2021, qui ont été largement approuvés par l'AG afin d'éviter la paralysie administrative, Laporta a pu présenter sa feuille de route pour redresser économiquement le Barça.
Cela a commencé par la ratification de certains membres de son conseil d'administration, dont une des figures les plus importantes, Eduard Romeu, vice-président économique, ainsi que la commission économique qui sera présidé par Jaume Guardiola, ancien PDG de Banco Sabadell.
Ces deux derniers sont par la suite montés à la tribune pour expliquer aux socios la mesure prise par le président Laporta et son conseil pour donner de l'air au Barça : l'opération Goldman Sachs, soit un emprunt pouvant aller jusqu'à 525 millions pour refinancer une partie de la dette du Barça. 89% des socios délégués (548 voix) ont voté pour tandis que 28 ont été contre et 43 ont voté blanc.
Une évolution de la dette inquiétante
« Chaque papier que nous soulevons, nous trouvons une facture », a lancé Eduard Romeu qui avait la lourde tâche d'essayer de défendre la nécessité de l'approbation de ce prêt. Le vice-président a renforcé son argument en expliquant que ce prêt permettrait de réduire les coûts financiers et d'allonger le calendrier de l'échéancier.
L'opération, garantie par les droits de télévision, répond uniquement à l'évolution de la dette du Barça et aux graves problèmes de trésorerie qui existent actuellement au club. En attendant la notation demandée à Fitch (agence de notation financière, NDLR), le conseil d'administration de Laporta travaille pour avoir un taux d'intérêt maximum de 3% et un plan d'échéance de dix ans, avec deux années de carence durant lesquelles seuls les intérêts seront payés. L'ambition est que les fonds arrivent dans les caisses du Barça en août.
La situation financière du Barça et l'évolution de la dette entre 2018 et 2021. (Crédit : FC Barcelona) |
« Pour le moment, nous avons détecté une dette financière nette de 673 millions, ajusté à 1 044 millions, et nous allons nous retrouver avec un montant plus élevé », a prévenu Romeu. Autrement dit, en quatre ans, le Barça a multiplié son endettement net par dix à cause de l'augmentation excessive de ses investissements dans l'achat de joueurs et de la crise de liquidité provoquée par la pandémie.
Même si le vice-président n'a pas précisé lequel de ces deux montants fait référence à la méthode de calcul prônée par LaLiga en terme d'endettement net, il semblerait que le premier reflète réellement la photographie actuelle du club. Le second serait une valeur brute qui ne tient pas en compte les montants attendus dans les ventes de joueurs et les liquidités dont dispose le club.
En outre, Romeu a tenu à rectifier certaines déclarations de son prédécesseur, Jordi Moix, et a préciser que, selon l'analyse réalisée par LaLiga, l'impact du Covid-19 sur les comptes n'était que de 42 millions et non 130 millions comme indiqué. En d'autres termes, cette différence entre les deux montants sera imputable à la gestion du conseil de Bartomeu et non à la pandémie.
Tension de trésorerie et non-respect des covenants
Ces deux éléments, à savoir les manquements dans la gestion et la crise sanitaire, ont poussé le club à demander un prêt relais de 80 millions d'euros, octroyé par Goldman Sachs, selon Expansión, pour une durée de trois mois, à rajouter dans ses disponibilités de caisse, afin de pouvoir honorer certains paiements urgents. 74 millions d'euros de transferts, 24 millions d'impôts et 57 millions de salaires.
« Il n'y avait pas assez d'argent », a insisté Romeu. À cela, s'ajoutent, 161 millions de salaires différés ainsi que les 38 millions d'euros prévus, qui devront être restitués pour les abonnements payés par les socios et qui n'ont pas pu en profiter en raison de la fermeture du Camp Nou durant toute la saison.
L'évidence est que le Barça n'a pas les moyens de restituer ce prêt de 80 millions cet été, d'où la nécessité d'approuver l'opération Goldman Sachs. Avec ce prêt de 525 millions, le conseil d'administration veut refinancer les 80 millions, ainsi que les 200 millions qui ont été obtenus entre 2018 et 2019 par l'émission d'obligations. L'échéance de ces obligations détenues par quatre entités financières dont deux américaines et deux européennes arrive en 2024.
Et comme l'a détaillé le président de la commission économique, Jaume Guardiola, le reste servirait à garantir la trésorerie nécessaire pour les 24 prochains mois. L'ancien PDG de Banco Sabadell a renforcé le discours de Romeu en soulignant que « la dette ne peut être remboursée avec ce que le club génère actuellement comme liquidité ». En ce sens, ils ont tous les deux rappelé que le club n'a pas respecté les covenants signés avec les fonds américains, ce qui réduit significativement la marge de manœuvre du conseil actuel.
Pour rappel, dans son rapport annuel 2019/2020, le Barça indique que sur les 200 millions d'obligations émises entre août 2018 et mai 2019, 140 millions ont été captés par des fonds américains. Et l'échéance de ces crédits arrive en août 2023. Les 60 millions restants fournis par un assureur et un gestionnaire français arriveront à maturité en mai 2024.
Évolution des charges financières du Barça (Crédit : FC Barcelona) |
Le club se devait de respecter une série de ratios semestriels et annuels calculés sur ses comptes consolidés. En plus, les filiales FC Barcelona HK Limited, FC Barcelona North Amercia et le Barça Licensing et Merchandising sont garants de ces dettes.
Enfin, le club a l'intention de réduire ses charges financières ou coût de la dette jusqu'à 26 millions d'euros la saison prochaine. Entre 2017/2018 et 2020/2021, ces charges sont passées de 13 millions à 41 millions d'euros. Joan Laporta, dont la présidence et l'exécution de son plan stratégique dépendent de ces ressources, a tenu à préciser après le discours de ses deux dirigeants que le crédit « permettra de gérer le club avec une certaine sérénité pour les deux prochaines années, mais il ne sera pas pour les transferts ».
« Le message que nous donnons au marché en démontrant la confiance que Goldman Sachs nous accorde va dans ce sens. C'est qu'on peut faire confiance au Barça », a ajouté le président blaugrana.
Crédit photo de couverture : FC Barcelona
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