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FC Barcelone : Le flou qui entoure le budget 2020-2021 et la réduction des salaires

Carles Tusquets, président du comité directeur du Barça
Carles Tusquets va assurer l'intérim jusqu'aux élections du nouveau conseil. Image : Mundo Deportivo.

La date limite pour négocier la baisse des salaires était fixé au 5 novembre. Jusqu'à présent, le club, le comité d'entreprise et les joueurs n'ont pas encore trouvé un terrain d'entente pour restructurer le budget alors que l'avenir économique semble très incertain. Le comité de gestion, présidé par Carles Tusquets espère régler ce problème avant l'élection du prochain conseil d'administration, mais a fixé l'ajustement nécessaire à 300 millions d'euros en début de semaine.


La pandémie de la Covid-19 a laissé le FC Barcelona dans une situation très précaire. Même si au club, la nouvelle direction ne veut pas entendre parler de la faillite évoquée par les médias, les négociations pour trouver une solution concernant la masse salariale traînent en longueur. Le club campe sur sa position initiale, qui est de différer les paiements destinés aux joueurs et d'appliquer un chômage technique aux secteurs mis à l'arrêt par la crise sanitaire. Une proposition du conseil d'administration de Josep Maria Bartomeu, mais que les joueurs ne voulaient pas entendre puisqu'ils ne reconnaissaient pas la légitimité du conseil. En plus de cela, le comité d'entreprise, représentants des employés, demande une requalification du chômage technique.


La Covid-19 n'a pas eu la main douce


Cette situation s'annonçait déjà dès le début de la crise sanitaire. Au mois de mars dernier, quand le gouvernement espagnol a décrété l'état d'alerte, le Barça, comme la grande majorité des clubs de LaLiga, s'est empressé de trouver une solution dans l'immédiat pour sauver sa rentabilité. Des négociations difficiles ont été entamées avec le vestiaire pour une réduction temporaire de la masse salariale. Accord trouvé dans la polémique et la défiance, mais qui n'a pas empêché le club de signer son compte de résultat 2019-2020 avec un stylo rouge.


En effet, le club catalan a terminé la première année pandémique avec un déficit de 97 millions d'euros. Le manque de confiance qui existait entre les joueurs et le conseil d'administration de Josep Maria Bartomeu a empêché de prendre des mesures en douceur pour atténuer l'impact de la crise sanitaire. La décision de réduire les salaires était plus que nécessaire, mais la manière employée n'était pas la bonne.


Cependant, comme tout dialogue serein était compromis d'avance, le Barça a choisi uniquement d'appliquer un chômage partiel durant la période de l'état d'alerte (moins de trois mois) sur une masse salariale sportive de 679 millions d'euros tandis que les revenus du club estimés à l'époque à un peu plus de 1 000 millions d'euros vont connaître une chute drastique de 24%.



Au final, le club n'a pu réduire les salaires des joueurs que de 7%, soit 42 millions de moins. Cependant, le problème actuel est loin d'être structurel, car avant la démission de Bartomeu et son équipe, le Barça avait déjà prévu le plan pour surmonter l'impact de la deuxième année du coronavirus. Selon, l'ancien vice-président économique, Jordi Moix, le conseil d'administration avait prévu trois scénarios budgétaires pour la saison 2020-2021, tous en fonction de la possibilité d'exploiter le Camp Nou.


À noter que depuis le début de la crise sanitaire, le Camp Nou, en raison de l'absence du public lors des matchs et l'arrêt total du tourisme, est la ligne d'activité la plus touchée des revenus du club, avec une réduction de 42% devant la commercialisation (24%), les plus-values des transferts (19%) et les droits TV (14%). De ce fait, le conseil d'administration a voulu jouer la carte de l'optimisme en s'appuyant sur un budget qui envisage la possibilité d'une réouverture du stade au cours de la saison, alors qu'un autre plan plus pessimiste, mais plus réaliste, de 791 millions de revenus était sur la table.


L'absence de touristes à Barcelone a impacté le Barça
Le tourisme est une partie importante de l'exploitation du Camp Nou en dehors des jours de match. Image :  Classic FM Denmark


Ainsi, 24 heures avant sa démission forcée par la motion de censure, le conseil a approuvé un budget de 828 millions d'euros, soit un ajustement de -3% par rapport aux revenus de 2019-2020 et les charges totales sont estimées à 796 millions d'euros, soit 17% de moins que la saison précédente (955 millions d'euros).


Si le conseil d'administration de Bartomeu a porté son choix sur le budget qui offre le plus de revenus, mais vraiment incertain à cause de l'incertitude entourant l'exploitation optimale du Camp Nou, c'est parce que les charges d'exploitation sont élevées par rapport au scénario des 791 millions. Le budget approuvé par le conseil et soumis au comité de gestion actuel prévoit un bénéfice net d'un million d'euros, mais a également prévu, a posteriori, une réduction des salaires pour pouvoir atteindre ce résultat net.


En d'autres termes, le conseil a approuvé son budget sans avoir réduit la masse salariale. En outre, elle a ouvert des négociations qu'elle a laissées en suspens une semaine avant la clôture des discussions, laissant la patate chaude à Carles Tusquets et son comité de gestion qui ne sont aux commandes que pour une courte durée.


Un ajustement estimé à 300 millions d'euros


Lors de sa dernière comparution devant la presse, Tusquets a revu à la hausse l'ajustement que le Barça doit faire sur son budget. Le président intérimaire a annoncé que le club doit économiser 300 millions d'euros. Un montant qui, au dernier moment, a amené une réticence dans le vestiaire.


Le club continue d'insister sur la nécessité de réduire la masse salariale (joueurs et autres employés) de 191 millions d'euros pour se conformer au budget approuvé par le conseil d'administration précédent. Pour cela, le comité d'entreprise doit accepter le dossier de réglementation du travail (ERTE) ou chômage technique alors que les joueurs doivent s'aligner sur un paiement différé de leurs salaires.


Un an après son arrivée De Jong a renouvelé son contrat
Un an seulement après son arrivée dans la Ciudad Condal, le Néerlandais Frenkie de Jong a renouvelé son contrat jusqu'en 2026 pour contribuer à la diminution de la masse salariale. Image : Onze mondial.


Actuellement, seuls quatre joueurs de l'équipe première ont trouvé un accord avec le club. Il s'agit de Gerard Piqué, Frenkie de Jong, Marc-André Ter Stegen et de Clément Lenglet, qui ont accepté de réduire leurs émoluments entre 30% et 50% cette saison en échange d'une prolongation de contrat et de pouvoir récupérer l'argent cédé au cours des prochaines saisons.


Concernant, l'application du chômage partiel, le comité d'entreprise estime que le club doit dans un premier temps régler le cas du vestiaire. D'abord, parce que les négociations sont distinctes et ne concernent pas les deux groupes de travailleurs en même temps. Ensuite, si le vestiaire accepte la proposition que le club lui demande, cela finira par affecter les autres employés. Autrement dit, la réduction des salaires des joueurs pourra régler le problème. D'autant plus que, selon, le comité d'entreprise, « la situation économique n'est pas dramatique » et le club fait plus face à « une tension de trésorerie qu'un problème structurel ».


Effectivement, en janvier, le Barça comme tous les clubs de LaLiga, sera confronté au paiement des salaires de ses joueurs et tout indique qu'actuellement, le club ne dispose pas de ressources nécessaires pour pouvoir l'honorer. Conscient de cela, les joueurs, dans une ultime idée de méfiance, seraient même prêts à accepter un retard de cette échéance pour laisser le prochain conseil qui sera élu de conclure les négociations avec eux.


La méfiance des joueurs réside sur la situation institutionnelle, après la démission du conseil d'administration de Bartomeu, selon le média 2Playbook. « Il faut des garanties que le comité de gestion a une légitimité pour conclure les accords qui pourraient survenir et que surtout, le prochain conseil les respectera » rapporte ledit média selon les sources proches des négociations. La raison n'est autre que les salaires ne sont pas définitivement coupés mais différés. Ce qui apporte des charges supplémentaires au prochain conseil et qui limitera sa capacité de dépenses.


Le report des paiements pose aussi un autre cas à régler : la durée du contrat de chaque joueur. De ce fait, le comité de gestion a proposé différentes formules selon la situation individuelle de chaque joueur. Une tâche confiée au cabinet de conseil en ressources humaines Mercer, tandis que l'auditeur du club, Ernst & Young, se charge de veiller à ce que chaque formule soit fiscalement conforme à la loi et ne lèse aucune partie.



En outre, selon les représentants des joueurs (le pool d'avocats coordonné par Jorge Pecourt, l'avocat de Leo Messi et David Aganzo, président de l'Association des footballeurs espagnols, NDLR), le comité de gestion a tardé à leur envoyer une documentation concrète qui fixe les modalités à appliquer pour la réduction des salaires. Ce qui laisse « sous-entendre un acte délibéré qui vise à prendre une décision unilatérale sans que les discussions n'aillent à leur terme » puisque la date limite fixée était le 5 novembre. Ce doute a été sûrement balayé hier (jeudi) car la dernière réunion stipule que les parties ont jusqu'à mercredi (le 11 novembre), pour convenir à un accord définitif.

 

Rappelons que le budget 2020-2021 du Barça prévoit des dépenses totales de 796 millions d'euros, soit 159 millions de moins que les charges enregistrées en 2019-2020. La masse salariale des joueurs représentait 67% des dépenses et la masse salariale totale de l'entité 71%. Même si le club a pu se séparer de certains salaires durant le dernier mercato (Arthur, Luis Suárez, Ivan Rakitic, Nelson Semedo ou encore Arturo Vidal), le recrutement a été pratiquement au même niveau que les départs à propos des indemnités.


Si l'on se réfère au budget que Tusquets a sur son bureau et les comptes définitifs de 2019-2020, le Barça doit ramener sa masse salariale sportive aux alentours de 530 millions, environ 150 millions d'euros de paiement à différer pour que le club ne subisse pas une deuxième saison de suite dans le rouge. Cependant, le problème ne situe pas uniquement au niveau des dépenses, mais les revenus estimés à 828 millions d'euros cachent un cas qui est loin d'être résolu : Le Barça Corporate qui est la deuxième phase de l'ajustement après les 191 millions de la masse salariale totale.


Le Barça Corporate : l'autre atout de Tusquets


Le projet du Barça Corporate nécessite l'approbation des socios de même que le budget approuvé par le conseil d'administration précédent. Donc l'avenir de cette nouvelle entreprise créée par Bartomeu reste précaire et rien n'assure que le prochain conseil l'approuvera, mais elle est strictement nécessaire pour que les revenus de cette saison rentrent dans les clous. Telle est la manière dont Bartomeu a élaboré son budget avant de démissionner.


L'idée n'était pas clairement définie mais Tusquets l'a clarifié sans forcément la citer lors de sa dernière conférence de presse. « Nous devons ajuster le budget de 300 millions d'euros. [...] La situation économique du club est très complexe et des efforts sont nécessaires de la part de tout le monde ».

 

L'ajustement de 300 millions ne concerne uniquement pas le sacrifice que les joueurs et les autres employés devront consentir, mais aussi, la recherche de nouveaux revenus pour maintenir le budget autour de 828 millions d'euros.


Le financement de l'Espai Barça plus la pandémie ont fait émerger l'idée d'une nouvelle société.

 

Le Barça Corporate n'est pas en soi une entreprise nouvelle, mais le regroupement des quatre plans stratégiques du mandat de Bartomeu : les Barça Studios, le Barça Licensing and Merchandising (BLM), le Barça Innovation Hub (Bihub) et les Barça Académies. Quatre fleurons que l'ancien président avait désignés comme la clé pour atteindre le milliard d'euros de revenus.

 

L'idée de sa création aurait émergé lors des négociations avec Goldman Sachs pour le financement de l'Espai Barça. Une société dans laquelle le club détiendrait la majorité des actions, dont l'objectif est « d'utiliser la valeur créée au cours de ces cinq dernières années et la réinvestir dans le club ». En d'autres termes, selon la pensée de Bartomeu, les fonds d'investissement sont prêts à débourser de grosses sommes d'argent pour rentrer dans les affaires commerciales du Barça.


Selon lui, en 2019-2020 et en 2020-2021, la pandémie a freiné la croissance de ces quatre entreprises « en raison des tensions financières » qu'elle a provoquées. En plus, le club n'est plus dans la possibilité de leur fournir « l'investissement et les ressources suffisantes qui sont nécessaires à leur croissance dans les conditions adéquates ».


Par conséquent, l'objectif est de se tourner vers des partenaires prêts à investir dans ce projet. Lors de sa dernière comparution avant sa démission, Bartomeu a reconnu que cette nouvelle activité permettrait au club « de surmonter beaucoup plus facilement, l'impact de la pandémie, qui durera encore deux ou trois ans ».



Cependant, il n'avait pas clarifié que les revenus qu'il attendait du Barça Corporate, entrait dans le budget de la saison en cours. Ce que les plans de Tusquets ont démontré. 300 millions d'euros d'ajustement dont deux tiers (191 millions) viendront des salaires et l'autre tiers du Barça Corporate.


D'une part, le club avait annoncé qu'il avait entamé des négociations avec des partenaires intéressés même si aucun accord n'a été conclu. D'autre part, certains médias comme la Cadena Ser, précisent que les retombées économiques de la cession d'une partie de cette société seront estimées à une centaine de millions d'euros. Ce qui rejoint, la valorisation initiale que le club et Goldman Sachs ont attribuée au Barça Corporate : 400 millions d'euros.

 

Actuellement, seul le Barça Licensing & Merchandising dispose d'une société indépendante, tandis que les trois autres entreprises font partie de la structure du club. Bien que ni Bartomeu, avant sa démission, ni Tusquets n'aient précisé comment l'entité va « renforcer le muscle financier » de ces « joyaux »,  les deux options les plus probables sont la vente d'actions, comme le prétend la Cadena Ser ou de trouver des entreprises partenaires pour créer des coentreprises (joint-venture).


Mais la probabilité qui ressort le plus dans la presse est la cession des actions. Ce qui veut dire que le Barça va privatiser une partie de son patrimoine, à moins que les socios et le prochain conseil ne s'y opposent.

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