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11 mars 2020

Coronavirus : comment protéger les 457 millions de la billetterie de LaLiga

Le match Eibar - Real Sociedad a été le premier à huis clos à cause du Coronavirus
Le gouvernement espagnol a décidé que les deux prochaines journées du football professionnel espagnol se dérouleront sans public dans les stades. Depuis dans les bureaux du football, on recherche la solution pour protéger l'activité de la billetterie qui, en moyenne, génère 3,5 millions d'euros par journée.

La lutte contre le coronavirus impacte le quotidien de tout le monde et le football n'est pas épargné. Depuis mardi en Espagne, les rencontres de football se déroulent à huis clos. On a pu le constater sur les matchs Eibar contre Real Sociedad et surtout, sur celui de Valence contre Atalanta en Ligue des Champions. Il faudra donc s'habituer à ce bruit qu'on entend quand les joueurs tapent sur le ballon ou à leur revendication sur les décisions arbitrales. Cette réalité, que l'ambiance des tribunes nous cachait, fera maintenant partie de la manière dont nous vivrons les matchs pendant au moins trois semaines.

Un manque à gagner difficilement quantifiable


Toutefois, la décision de fermer les portes des stades aux supporters n'impacte pas uniquement le spectacle. Elle met aussi en échec une activité de 457,3 millions d'euros que LaLiga comptait générer à l'issue de cette saison 2019/2020. Pour le moment, les réelles répercussions sur ces deux journées de LaLiga Santander et de LaLiga Smartbank qui se joueront à huis clos sont difficilement mesurables. Notons que la perte de revenus ou les variations dépendront d'abord des clubs, mais aussi des affiches. C'est-à-dire, les clubs qui recevront des équipes attractives telle le FC Barcelone ou le Real Madrid, auront un plus gros effet dans leurs prévisions.

Actuellement, seul le FC Barcelone a estimé à six millions d'euros son manque à gagner pour la réception de Napoli en Ligue des Champions. En dehors des frontières espagnoles, le Borussia Dortmund a admis qu'en cas de huis clos en Bundesliga, il pourrait perdre entre 2,5 et 3 millions d'euros par match. Si l'on transpose ces chiffres en Liga, on se retrouve dans l'activité du Real Madrid, du Barça ou de l'Atlético de Madrid.
Evolution des revenus de billetterie en Liga

La situation est bien différente dans les autres clubs. Le revenu moyen de la billetterie d'une équipe de LaLiga Santander s'élève à 40 000 euros par match, même si le montant peut être revu à la hausse selon certaines affiches. En Liga Smartbank, le chiffre peut être compris entre 3 000 et 15 000 euros, si l'on se réfère aux comptes annuels de l'AD Alcorcón et du Real Zaragoza. Ces deux clubs ont respectivement la masse sociale la plus faible et la plus élevée de la catégorie.

Comment les clubs vont-il faire face à ces huis clos?


Si l'on se fie aux affluences par journée dans les deux compétitions professionnelles, les mesures adoptées par le gouvernement laisseront chaque week-end environ 450 000 personnes à la maison. Actuellement aucune explication claire n'a été donné pour savoir comment sera géré cette situation au niveau du préjudice causé aux fans.

On peut supposer que les billets achetés en vente libre seront remboursés comme le soulignent certaines sources du FC Barcelone. Le club envisage de rembourser les spectateurs ponctuels qui ont acheté leur place pour le match contre Naples ou Leganés. Le SD Eibar, qui a disputé son match en retard de la 24e journée, mardi soir contre la Real Sociedad a déclaré qu'il rembourserait 1 112 billets. Cependant pour ses abonnés, les frais supplémentaires qu'ils ont payés lors de ce match et celui contre l'Athletic seront seulement restitués. Le Celta de Vigo aussi a indiqué que les fans qui le souhaitent, peuvent demander un remboursement du match contre Villarreal.
Ces annonces montrent, d'autre part, que le cas des abonnés est beaucoup plus complexe que la billetterie libre. Ainsi, Kepa Larumbe, juriste en droit du sport chez BDO y apportent certains éclaircissements. « Si la cause provient d'une décision de l'administration publique (étatique, régionale ou locale), on peut considérer que nous sommes confrontés à un cas de force majeure. De ce fait, le remboursement de tout montant n'est pas obligé d'avoir lieu ».

Une situation qui pourrait être un soulagement pour les entités sportives, car en réalité, cette interprétation les exempterait même d'indemniser un acheteur non abonné. « Les billets et les abonnements sont normalement soumis à des conditions générales qui prévoient la non-reconnaissance de l'indemnisation dans le cas où l'événement n'a pas eu lieu ou est reporté à une date ultérieure. La raison doit être un cas de force majeure ou une sanction disciplinaire, des causes non imputables aux clubs » a souligné Larumbe.

Autrement dit, on peut prendre comme exemple le FC Barcelone qui avait décidé de disputer un match à huis clos le 1er octobre 2017 pour protester contre la répression policière lors du référendum sur l'indépendance de la Catalogne. Dans ce cas, le club avait déjà décrété de ne pas accueillir le public avant même que l'administration ne l'ordonne, donc il était tenu d'indemniser ses clients malgré le contexte.

Les propos avancés par Larumbe permettent donc de protéger les clubs par rapport aux abonnements des supporters. En 2017/2018, le montant généré avait atteint 296,6 millions d'euros, soit 10,3% de plus que la saison antérieure. De plus en 2018/2019 les prévisions devait dépasser les 300 millions grâce à la consolidation de l'affluence au-dessus de 920 000 abonnés entre la Liga Santander et LaLiga Smartbank.

Le report des matchs une solution ?


L'Italie, le pays le plus touché par le coronavirus en Europe, a décidé de suspendre ses championnats de football. Une décision extrême qui aura des conséquences sur le calendrier. Après l'annonce des huis clos en Espagne, le syndicat des joueurs professionnel (AFE), a exigé un report de tous les matchs qui devront se jouer dans les stades vides. Une solution ultime, mais qui semble être la meilleure pour minimiser les risques de perte d'argent.

Mercredi,  l'UEFA a décidé de reporter les matchs de Ligue Europa de Séville et de Getafe qui devaient avoir lieu ce jeudi. En Liga Smartbank, le gouvernement de Castille-et-León a aussi annulé derby entre Numancia et Mirandés qui devait se tenir samedi. La RFEF, en commun accord avec les présidents de l'Athletic Club et de la Real Sociedad a aussi trouvé une solution pour la finale de la Copa del Rey, qui est, elle aussi, ramenée à une date ultérieure.
Ceci dit, le risque de voir ces deux journées qui doivent se jouer à huis clos être suspendues jusqu'à nouvel ordre n'est pas à exclure. Les négociations entre l'AFE, LaLiga et la Fédération devront statuer sur le sujet ce jeudi. Selon le journal Cadena SER, le président de LaLiga n'y trouverait aucune objection. D'après ces déclarations à Cuatro, Javier Tebas a assuré se référer aux recommandations de l'autorité sanitaire. « J'attends les décisions du ministère de la santé. Ce n'est pas une pression [de voir les matchs suspendus], la seule que j'ai c'est ce que dira le ministère », a déclaré le patron de LaLiga. 

De son côté, la Fédération a le pouvoir de suspendre une compétition en « cas de force majeure » conformément à l'article 42.3a des statuts de la FEF. Le gouvernement n'exclut pas non plus un arrêt des matchs jusqu'à ce que la situation épidémique du virus s'améliore comme le rapporte Diario AS. Certains clubs également se sont alignés sur cette solution au lieu du huis clos.

En cas de suspension, les clubs ne seront pas contraints à rembourser les supporters qui ont déjà acheter un billet. Les rencontres sont simplement décalées et les billets achetés seront toujours valables. Ainsi, les craintes de pertes de budget sont largement minimisées. 

La billetterie libre des compétitions officielles espagnoles a généré 160,7 millions d'euros en 2017/2018, soit 5% de plus par rapport à l'exercice précédente. Et c'est celle-ci qui sera le plus impacté par le coronavirus. D'autre part, les conséquences risquent aussi de briser la possibilité d'atteindre pour la première fois les quinze millions de spectateurs. Un objectif que s'est fixé la Liga après avoir eu une fréquentation qui a augmenté de 2,8% sur une année.


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