La capitalisation de LaLiga accélérée par les investisseurs étrangers

Les investisseurs étrangers ont boosté la capitalisation de LaLiga : un milliard d'euros de plus en cinq ans.

L'arrivée de Turki Al Sheikh à Almeria, avec 31 millions d'euros injectés dans le capital du club andalou, a clôturé un cycle d'une année et demi au cours duquel les investisseurs  américains, arabes et asiatiques ont opté pour le football professionnel espagnol.

La stabilité mène à la rentabilité. Grâce à la durabilité apportée par la télévision à la majorité des clubs, LaLiga a réussi à embellir son image à l'étranger et a, par la même occasion, encouragé l'arrivée de nouveaux investisseurs. Le dernier entrant est Turki Al-Sheikh, un haut dignitaire du gouvernement saoudien, qui a acheté 96% des actions de l'UD Almeria. Cependant, le richissime saoudien n'est pas le seul à choisir l'Espagne au cours de ces deux dernières années. Une douzaine de clubs professionnels ont connu des mouvements actionnariaux et l'accent étranger est en pleine croissance même s'il n'est pas encore au niveau de la Premier League.

L'une des clés de cet appel d'air est l'exposition grandissante de LaLiga à travers le monde, mais une autre moins visible, est le rendement potentiel à moyen terme des investissements. Le contrôle économique de l'institution élimine pratiquement tout risque de chiffre rouge. LaLiga prévoit un indice de rentabilité avoisinant un bénéfice net de plus 225 millions d'euros pour la saison 2018-2019. Un surplus de 6,7% qui pulvérise les 189 millions réalisés la saison précédente. En effet, cette rentabilité et les nombreuses augmentations de capital ont amené une croissance dans l'actif net des clubs qui est passé de 955,4 millions en 2013-2014 à 1 496,4 millions d'euros, selon les chiffres de LaLiga.

« Sans tenir compte des résultats du Real Madrid et du FC Barcelone, le bénéfice était de 137 millions d'euros; lors de la saison 2011-2012, ces clubs avaient perdu 216 millions d'euros », a déclaré Javier Gomez, le directeur général de LaLiga lors de la présentation du rapport économique et financier au mois de mai dernier, dont LaLiga Santander détient 85% de l'activité même si LaLiga Smartbank, malgré ses 15%,  est le marché le plus agité.

La Segunda, un marché qui a du potentiel

L'investissement dans la seconde catégorie du football professionnel est beaucoup moins cher qu'en Primera. Les investisseurs y voient un potentiel de revalorisation très important et un peu de suppléments dans le capital augmente les chances de promotion. La valeur des clubs de Segunda n'a pas beaucoup évolué et reste homogène dans l'ensemble. En fonction du passif et de l'implantation sociale, la totalité des actions d'un club de Segunda ne dépasse guère les 20 millions d'euros alors qu'une équipe moyenne de Primera peut facilement dépasser les 50 millions d'euros.

En guise d'exemple de variation du prix, le Real Valladolid a vu sa valeur comptable atteindre les 50 millions d'euros quand Ronaldo Luis Nazario a acquis 51% des parts du club pour 25 millions d'euros. L'ancien actionnaire majoritaire, Carlos Suarez a fait durer les négociations, et une fois que la promotion du club était assurée, il l'a vendu à l'ancien footballeur brésilien avec la garantie que la dette du club pourrait être effacée par l'augmentation des droits de télévision. 

Le saoudien Turki Al Sheikh rêve d'une promotion rapide en Primera après avoir injecté 31 millions d'euros dans le capital de l'UD Almeria. Ce rêve est partagé par le groupe d'investisseurs étrangers dirigé par David Blitzer, copropriétaire de Crystal Palace en Premier League et des Philadelphie 76ers en NBA, ainsi que le groupe de socios dirigé par Ivan Bravos, directeur général de l'académie Aspire et ancien directeur de la stratégie du Real Madrid. 

Les deux pôles d'investissement se sont accaparés 98,18% de l'AD Alcorcon cet été dans une opération évaluée à 12 millions d'euros et qui a rapporté des gains en capital au Belge Robert Duchatelet. Cet homme d'affaire, conseiller chez BDO depuis son arrivée en 2014, avait investi une dizaine de millions d'euros entre l'achat d'actions et les contributions annuelles pour maintenir la compétitivité. 

Le même cas a été remarqué au CD Numancia, un club sans dette, mais handicapé par son faible volume d'aficionados. Après 25 années à la tête du club durant lesquelles, il a investi 20 millions d'euros, Francisco Rubio Garcés a vendu 95,7% des parts à Moisés Israel Garzon, fondateur de l'agence de marketing du sport Chapman, qui contrôle le portail SportYou, et à Francisco Velazquez, président du consortium d'investissement Axon Partners Group. 

A deux, ils ont payé un peu plus de 10 millions d'euros et ont rapidement eu un retour sur investissement grâce à la redistribution de dividendes. Ils ont commencé par reprendre 5,1 millions d'euros et selon le conseil d'administration, le CD Numancia est l'un des clubs les plus solvables de la catégorie argent. 

En revanche, toutes ces belles opérations ne sont pas transposables partout et l'ancien président de Telefonica, César Alierta a connu des difficultés au Real Saragosse où il a acquis 49% des actions. Dans son cas, il a compensé des crédits d'un montant de 1,86 million d'euros, la même formule utilisée par José Sepulcre pour prendre le contrôle d'Elche CF. Avec 66% des parts dans une transaction qui a réduit la dette du club de plus de 15 millions d'euros. 

Ces deux transactions ne sont aucunement des exceptions dans le marché du football professionnel espagnol. Lors du dernier cycle, les acquisitions avec augmentation de capital associées à la réduction de la dette étaient monnaie courante. Les exemples les plus saillants sont Valence et l'Espanyol de Barcelone qui sont les pionniers de l'ouverture aux capitaux asiatiques. Au total, les injections ont atteint 226,7 millions d’euros entre 2013 et 2018. Le saoudien Turki Al-Sheikh a apporté 31 millions d'euros supplémentaires à ce chiffre cet été. Parmi tous ces clubs cités dans cet article, la question est de savoir qui sera le prochain candidat à une promotion ou à un titre.