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| Crédit image : FC Barcelona |
Le Barça est-il enfin prêt à repartir sur des bases solides ? Après la dépréciation de Barça Produccions et la sortie de l'Espai Barça Fondo de Titulización (EBFT) du périmètre de consolidation, le conseil d'administration assure enfin présenter des comptes reflétant la véritable situation du club. Cette fidélité s'est traduite par près de 200 millions d'euros de pertes nettes cumulées sur deux exercices, un choc nécessaire pour assainir les comptes à quelques semaines seulement de la réouverture partielle du Spotify Camp Nou.
L'assemblée générale des socios délégués du FC Barcelona, tenue le 19 octobre 2025, a servi de tribune à la direction pour tenter de justifier sa gestion économique depuis 2021. Si les allocutions mettaient en avant le redressement de l'activité ordinaire, les socios les plus incisifs, interrogeant la direction sur Barça Produccions, sont repartis sans réponses réellement convaincantes concernant les pertes générées par la dévalorisation de cette filiale. Plus surprenant encore, la sortie de l'EBFT du périmètre de consolidation n'a même pas été abordée.
L'objectif principale de la direction était clair : obtenir l'approbation des comptes 2024/2025, clôturés sur une perte nette de 16,94 millions d'euros, tout en intégrant la correction rétroactive de l'exercice précédent, portant son déficit à 180,35 millions d'euros.
Pourtant, le rapport financier présenté à l’occasion de la clôture de la saison dernière révèle des signaux très encourageants sur la trajectoire que souhaite emprunter le conseil d’administration de Joan Laporta. Il montre notamment que le Barça a retrouvé une puissance financière indéniable dans ses activités d’exploitation, avec un chiffre d’affaires net atteignant 964,20 millions d’euros, un record historique pour le club.
Alors que les performances sportives ont naturellement dopé les primes de compétitions et les revenus liés aux droits TV, c'est surtout dans le secteur commercial que le club blaugrana a enregistré un bond spectaculaire. Le renouvellement du contrat avec Nike, assorti d'une prime à la signature, ainsi que la vente des Personal Seat Licences du Camp Nou ont contribué à une augmentation de 47 % des recettes commerciales.
Ces deux leviers, largement commentés tout au long de la saison, n'ont cependant pas été les seuls moteurs de cette croissance. Au cours de l'exercice 2024/2025, le Barça a repris le contrôle intégral de son e-commerce mondial, permettant à sa filiale Barça Licensing & Merchandising (BLM) d'enregistrer un chiffre d'affaires record de 150,66 millions d'euros. Cette performance consolide la position de BLM comme deuxième source de revenus du club, juste derrière l'équipe première.
Une filiale trop précieuse pour être partagée
Malgré l'autorisation accordée par l'assemblée générale des socios en 2021 de céder jusqu'à 49 % de BLM afin d'assainir les finances du club, la filiale n'a finalement jamais été mise sur le marché. La direction a préféré actionner d'autres leviers, en jouant avec Barça Produccions et en vendant 25 % des droits audiovisuels de LaLiga pour générer des liquidités immédiates. Le conseil d'administration avait déjà compris la préciosité de BLM : au-delà d'une simple activité commerciale, c'est l'un des rares actifs tangibles capables de soutenir durablement la valeur de la marque FC Barcelona.
Dès sa création en mars 2018, BLM a bouleversé la structure de revenus du club. En une seule saison d'activité, la filiale a presque multiplié par cinq les revenus du Barça dans le secteur du retail. Son chiffre d'affaires a atteint 61,44 millions d'euros en 2018/2019, contre seulement 13,19 millions générés un an auparavant par FCB Merchandising, l'entité alors cogérée avec Nike, qui détenait la majorité du capital et pilotait l'activité de distribution.
La reprise en main totale de cette activité, suite à l'expiration de l'accord avec Nike, a marqué le début d'une stratégie d'indépendance commerciale ambitieuse : avec BLM, le Barça se donnait les moyens d'entrevoir le milliard d'euros de chiffre d'affaires net, un horizon symbolique, qu'il espère atteindre cette saison, soit deux ans après le Real Madrid.
Outre la gestion du commerce en ligne, BLM supervise également le réseau de boutiques physiques du club (Barça Stores), dont certaines opèrent sous licence. Au cours de la saison dernière, l’ouverture d’un second point de vente à Madrid, situé au terminal 4 de l’aéroport international Adolfo Suárez Madrid-Barajas, a marqué une avancée majeure dans la consolidation du réseau domestique. Dans le même temps, l’inauguration d’une première boutique à l’international, à Tbilissi en Géorgie, symbolise le début de l’expansion mondiale de la marque Barça sous la bannière BLM.
Avec un réseau de quinze boutiques, dont la quasi-totalité est implantée en Espagne, celle du Spotify Camp Nou demeure la plus performante, et ce malgré la fermeture prolongée du stade. Sa réouverture partielle, plusieurs fois repoussée en raison de retards de chantier et de contraintes administratives, marquera le début d’une nouvelle ère : celle de la monétisation effective de l’Espai Barça, le projet censé redéfinir durablement les flux de revenus du club.
Espai Barça : la pierre angulaire
Le FC Barcelona vise un chiffre d’affaires net de 1,06 milliard d’euros pour la saison 2025/2026, un objectif inscrit dans le budget présenté par la direction et approuvé par l’assemblée générale des socios. Dans cette trajectoire, l’Espai Barça doit jouer un rôle déterminant, bien que son apport effectif soit encore limité à 50 millions d’euros selon les estimations pour l'exercice en cours. Ce chiffre reste très éloigné des 247 millions d’euros annuels que le projet est censé générer à pleine capacité, une fois le complexe totalement opérationnel.
Depuis le lancement des travaux en juin 2023, le club a concentré ses efforts sur le développement de sa stratégie commerciale afin de maintenir un flux de revenus en attendant la réouverture du stade. Plusieurs partenariats et accords de sponsoring ont ainsi été conclus, garantissant 330 millions d’euros de recettes récurrentes d’ici la mise en service complète du projet.
En juillet 2025, le Barça a envoyé un signal fort aux socios et aux investisseurs, annonçant que 43,6 millions d’euros de revenus annuels étaient déjà sécurisés dès la réouverture du stade. Un montant qui s’est révélé, trois mois plus tard, proche de la contribution estimée dans le budget prévisionnel 2025/2026, confirmant la solidité du plan de transition économique mis en place autour de l’Espai Barça.
Toutefois, l’optimisme affiché par ces chiffres ne doit pas masquer la réalité du financement : le remboursement de la dette liée à l’Espai Barça reste adossé aux revenus futurs du projet. Selon les comptes annuels 2024/2025, le FC Barcelona devra verser 16,48 millions d’euros d’intérêts à l'EBFT dès la saison 2025/2026.
L'échéance la plus lourde interviendra en 2027/2028, avec 205,81 millions d’euros. Celle-ci a été cependant allégée après la restructuration opérée en juin 2025, qui a permis de repousser une partie substantielle du principal à partir de 2033.
Au niveau de l'activité globale du club, les contrats pluriannuels déjà signés garantissent des revenus futurs estimés à 2,16 milliards d'euros. Parmi eux, 404,67 millions seront comptabilisés dès l'exercice 2025/2026, soutenant la progression du chiffre d'affaires net.
L'exercice 2024/2025 marque un véritable virage pour le FC Barcelona. En attendant le retour au Camp Nou, le club azulgrana a signé un record historique en revenus d'exploitation, tout en maintenant une maîtrise relative de ses dépenses. Le résultat d'exploitation, en hausse à 71,27 millions d'euros, confirme la reprise dynamique de l'activité.
Toutefois, la dette globale, qui s'élève à 2,08 milliards d'euros, demeure un fardeau considérable. Sur ce total, 908 millions sont directement liés au financement de l'Espai Barça, dont le remboursement dépend entièrement des revenus futurs générés par le projet. A ce jour, rien ne garantit encore que ces recettes seront suffisantes pour amortir la dette et soutenir durablement l'activité ordinaire du club.
Le pari de Joan Laporta est clair : faire de BLM et de l'Espai Barça non plus des leviers de survie, mais les fondations d'un modèle pérenne — où la croissance économique retrouve enfin son prolongement naturel sur le terrain.
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