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| Crédit image : LaLiga |
Le club rojillo a évité le tacle glissé de la baisse des revenus grâce au repli défensif des plus-values sur cession de joueurs pour confirmer la solidité de sa trajectoire économique. Rentable, désendetté et à nouveau propriétaire de ses installations, Osasuna illustre un principe rare dans le football espagnol : la durabilité comme stratégie de croissance.
C'est avec un résultat net de 2,06 millions d'euros que le CA Osasuna a clôturé l'exercice 2024/2025. Retombant légèrement sous la barre des 70 millions, avec un chiffre d'affaires net de 68,19 millions d'euros, l'entité navarraise a pu s'appuyer sur le marché des transferts pour rééquilibrer ses comptes et enregistrer une deuxième année consécutive dans le vert.
La vente de David Garcia à Al Rayyan (Qatar) a offert une bouffée d'oxygène bienvenue, contribuant largement aux 11,10 millions d'euros de plus-values dégagées cette saison. Une manne suffisante pour compenser à la fois la légère contraction des revenus d'exploitation (-3,9 %) et la hausse contenue de la masse salariale (+4,8 %), portée par les revalorisations liées aux prolongations de contrat.
Au niveau des arrivées, Osasuna n'a pas cédé à la surenchère. Les signatures d'Enzo Boyomo (Real Valladolid) et d'Abel Bretones (Real Oviedo) ont constitué les seuls renforts significatifs, ajoutant 8,05 millions d'euros à la valeur brute de l'effectif. Combiné aux départs de Javi Martinez et Nacho Vidal, lors du mercato hivernal, ce mouvement mesuré à permis de contenir les amortissements à 8,67 millions d'euros, soit une hausse maîtrisée de 14,8 % par rapport à la saison précédente.
Cette rentabilité repose également sur une maîtrise rigoureuse du niveau d'endettement, le coût de la dette ayant reculé de 5,8 % sur l'exercice. Dix ans après sa quasi-faillite, le club rojillo a retenu les leçons du passé, évitant à tout prix la financiarisation de son modèle économique. Son équilibre repose désormais sur une présence stable en Primera Division et sur la consolidation progressive de son patrimoine bâti.
Un patrimoine renforcé
Les rachats récents des parcelles de Tajonar, cédées à l'époque au Gouvernement de Navarre, se traduisent clairement dans le bilan : les actifs corporels atteignent désormais 39,97 millions d'euros, soit une hausse de 10,8 % sur un an et de 21,7 % depuis 2021.
La dernière opération de ce type a entraîné une augmentation d'un million d'euros de la dette bancaire, après l'activation d'une ligne de crédit de 6,32 millions d'euros. Toutefois, cet effet a été neutralisé par les remboursements effectués au cours de la saison, maintenant la trajectoire de désendettement du club.
Outre la ligne de crédit formalisé auprès de Banco Santander et Caja Rural et adossée au droits TV de la saison en cours, le club a également mobilisé le Plan Impulso. Ce financement, considéré comme quasi fonds propre au regard de sa structure à long terme, constitue encore la part la plus importante de la dette d'Osasuna. Au 30 juin 2025, le club doit 43,94 millions d'euros au fonds CVC, portant sa dette financière nette à 60,45 millions d'euros.
L'adhésion à ce financement participatif, approuvée par les socios en septembre 2021, vise à soutenir le projet Tajonar 3.0 : un plan d'investissement ambitieux destiné à moderniser le complexe sportif du club, véritable cœur de la formation et de l'entraînement rojillo.
A travers ce programme, Osasuna mise sur la durabilité et la formation, mais aussi sur l'attractivité, pour affirmer son savoir-faire dans un paysage footballistique navarro-basquais dominé par l'Athletic Club et la Real Sociedad, qui captent traditionnellement la majorité des jeunes talents de la région.
Après le retour aux bénéfices en 2023/2024, le CA Osasuna confirme la solidité de son modèle un an plus tard. Bien installé en première division depuis sept saisons, le club poursuit sa consolidation financière avec un objectif clair : atteindre l'autonomie économique.
Si la rentabilité dépend encore des ventes de joueurs, les signaux envoyés en matière de maîtrise des dépenses et de désendettement progressif sont encourageants. Entre prudence budgétaire et ancrage local, Osasuna, sans faire de bruit, trace une voie sûre vers la durabilité.
Les chiffres clés de l'exercice 2024/2025 du CA Osasuna
Revenus
Entre 2020 et 2025, les revenus du CA Osasuna ont connu une progression régulière avant de légèrement reculer sur le dernier exercice. Le chiffre d'affaires net, passé de 58,25 millions à 68,19 millions d'euros, reste supérieur de près de 17 % à son niveau d'avant-pandémie.
La croissance a d'abord été portée par la reprise du public (+6,6 millions d'euros de recettes d'abonnements depuis 2021) et la hausse des revenus commerciaux (+40 % en deux ans), tandis que les droits TV, principale source de revenus se sont stabilisés autour de 50 millions. L'exercice 2024/2025 marque toutefois un léger reflux (-4,2 %), lié à la baisse des primes de compétitions et au recul des droits audiovisuels.
Charges
Les charges d'exploitation ont progressé de manière maîtrisée malgré la hausse structurelle des coûts salariaux. La masse salariale du personnel sportif, principale dépense du club, est passée de 35,50 millions en 2020 à 43,58 millions d'euros en 2025, soit une augmentation moyenne de 4,2 % par an, reflet des revalorisations contractuelles et de la stabilité en Primera.
Les autres charges d'exploitation se sont stabilisées autour de 22 millions d'euros depuis deux saisons, après une forte inflation post-pandémie. Les amortissements, en légère hausse à 8,67 millions d'euros, traduisent l'investissement constant dans l'effectif et les infrastructures. Globalement la structure de coûts d'Osasuna reste sous contrôle, avec une progression proportionnée aux revenus et un effort de rationalisation visible depuis 2023.
Résultats
Osasuna a alterné entre tension et redressement avant de stabiliser sa rentabilité. Après deux exercices déficitaires en 2021/2022 et 2022/2023 (-1,05 millions et -5,10 millions d'euros), le club a renoué durablement avec les bénéfices grâce au retour des plus-values sur transferts. Celles-ci ont atteint 11,10 millions d'euros en 2024/2025, soit plus du double de l'exercice précédent, compensant la légère érosion du résultat d'exploitation (1,74 million d'euros).
Malgré un coût financier encore élevé (-1,57 million d'euros), la gestion prudente de la dette et la consolidation patrimoniale permettent au club de dégager un résultat net positif pour la deuxième année consécutive (2,06 millions d'euros).
Endettement
La structure de l'endettement a profondément changé entre 2020 et 2025. La dette bancaire a été ramenée de 24,23 millions en 2021/2022 à 6,12 millions d'euros en 2024/2025, confirmant son désendettement quasi total vis-à-vis des entités financières. En revanche, la part des autres dettes, principalement liées au Plan Impulso (CVC), a fortement augmenté, passant de 27,01 millions à 66,20 millions d'euros sur la période.
Les engagements envers les administrations publiques restent contenus (4,91 millions d'euros), tandis que la dette sportive, inexistante depuis 2022, a légèrement réapparu (3,33 millions) suite à l'achat de Boyomo. Globalement, le club a substitué une dette bancaire classique par une dette d'investissement à long terme, plus structurante et alignée sur sa stratégie patrimoniale.
Situation financière
Entre 2020 et 2025, le CA Osasuna a renforcé la qualité de son actif tout en maintenant un profil d'équilibre maîtrisé. Les actifs non courants, soutenus par les investissements à Tajonar et la pleine propriété d'El Sadar, ont progressé de 9,6 % sur cinq ans, atteignant 86,44 millions d'euros en 2025. En parallèle, les actifs courants ont légèrement reculé à 16,95 millions d'euros, reflet d'une meilleure gestion du besoin en fonds de roulement, encore négatif (-21,70 millions) mais structurellement contenu.
Les capitaux propres se stabilisent autour de 11,48 millions d'euros, après la phase de reconstitution engagée depuis 2023, tandis que la trésorerie affiche une nette amélioration à 5,67 millions d'euros, doublant presque sur un an. Si le passif non courant reste élevé (53,26 millions d'euros), conséquence directement du financement CVC, le club maintient un ratio d'endettement soutenable et une situation de liquidité en progression, traduisant une structure financière désormais assainie et durable.

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