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Crédit image : Real Madrid CF |
Le Real Madrid a clôturé la saison 2023/2024 sur une bonne note, affichant un bénéfice net de 15,63 millions d'euros. Ce résultat dépasse largement les prévisions initiales de 6,35 millions d'euros, ainsi que les 11,83 millions d'euros enregistrés lors de la saison précédente. Cette saison a également marqué un tournant historique pour le club, qui est devenu le premier dans l'histoire du football à dépasser le milliard d'euros de recettes d'exploitation. Cette réussite repose sur une croissance remarquable des revenus commerciaux et des compétitions, notamment grâce à la victoire en Ligue des Champions et sur l'augmentation des revenus liés aux activités annexes du stade Santiago Bernabéu.
Une croissance remarquable du chiffre d'affaires
Avec un chiffre d'affaires net atteignant 1,04 milliard d'euros, soit une hausse de 29,7 % par rapport à l'exercice précédent, le Real Madrid a établi un nouveau standard économique dans le monde du football. Cette performance exceptionnelle résulte d'une croissance généralisée de la plupart des secteurs d'activité du club, à l'exception des droits télévisés.
Malgré des travaux de rénovation encore en cours, le stade Santiago Bernabéu joue un rôle central dans cette dynamique. Ses recettes ont bondi de 140,4 %, atteignant 46,13 millions d'euros. Cette augmentation est due à plusieurs facteurs, notamment l'organisation de nouveaux événements comme des concerts, qui ont rapporté 8,54 millions d'euros, et une amélioration des services de restauration, générant 6,65 millions d'euros. Par ailleurs, le Bernabéu Tour et les RM Experiences ont vu leurs revenus augmenter de 71,5 %, atteignant 30,28 millions d'euros.
Les activités commerciales ont également connu une forte progression, avec une hausse de 23,3 %, pour atteindre 406,63 millions d'euros. Cette croissance s'explique par le renforcement des partenariats stratégiques, comme l'accord signé avec HP pour figurer sur la manche du maillot, ainsi que par une expansion des ventes de merchandising. Les recettes des boutiques du club ont augmenté de 55,9 %, tandis que le sponsoring et les licences ont progressé de 14,2 %.
La victoire en Ligue des Champions a été un levier essentiel de cette saison historique, générant 160,90 millions d'euros. En conséquence, les recettes de billetterie et des compétitions ont progressé de 61,8 %. La rénovation du stade a également permis d'accroître les revenus de billetterie. De plus, le club a introduit les licences de sièges personnels, une offre premium permettant à certains clients de s'octroyer une place définie pour une période de 30 ans, tout en payant annuellement un abonnement. La vente de ces licences a contribué à une hausse significative des autres recettes de compétitions, atteignant un total de 82,99 millions d'euros.
En revanche, les revenus des droits télévisés ont légèrement reculé de 4 % en raison d'une baisse des revenus perçus par LaLiga. Malgré cela, les cotisations et abonnements des socios, représentant 5,6 % du chiffre d'affaires total, ont enregistré une augmentation de 16,8 %, illustrant la fidélité et l'engagement des supporters.
Ainsi, depuis la saison 2018/2019, le chiffre d'affaires net du Real Madrid a progressé à un rythme annuel moyen de 6,7 %, malgré les perturbations causées par la pandémie. La reprise amorcée en 2022/2023 et consolidé en 2023/2024 témoigne non seulement de la résilience économique du club, mais aussi de sa capacité à s'adapter et à diversifier ses sources de revenus.
Outre le chiffre d'affaires net, les autres recettes d'exploitation se sont établies à 12,05 millions d'euros, enregistrant une baisse de 54,9 % par rapport à la saison précédente. Les subventions publiques, quant à elles, sont restées stables à 192 mille euros, tandis que les travaux que le club a réalisé pour ses propres actifs ont rapporté 9,44 millions d'euros. Par ailleurs, la reprise des provisions pour risques, qui s'élève à 7,89 millions d'euros, a diminué de 32 % en comparaison avec l'exercice précédent.
Malgré ces reculs dans les recettes complémentaires, le Real Madrid a atteint un total de 1,07 milliard d'euros de recettes d'exploitation pour la saison 2023/2024, sans inclure les plus-values issues de la vente de joueurs. Ce chiffre représente une augmentation significative de 27,3 % par rapport à la saison 2022/2023, consolidant davantage la position de la Casa Blanca en tant que leader économique dans le monde du football.
Augmentation globale des dépenses
Après une réduction des dépenses lors de la saison 2022/2023, le club de la capitale espagnole a inversé cette tendance en 2023/2024, enregistrant une augmentation globale de 22,5 %. Cette hausse s'explique principalement par des augmentations significatives dans les charges structurelles de fonctionnement. Les dépenses en approvisionnements ont progressé de 49,4 %, atteignant 65,72 millions d'euros, tandis que les autres charges d'exploitation ont bondi de 36,9 %, pour s'établir à 358,95 millions d'euros.
Par ailleurs, la masse salariale demeure le principal poste de dépenses, atteignant 504,97 millions d'euros, soit une augmentation de 11,5 % par rapport à l'exercice précédent. Cette hausse s'explique en grande partie par le paiement des primes collectives liées aux succès sportifs, notamment la victoire en Liga et en Ligue des Champions. A ce titre, le club a alloué 40,07 millions d'euros aux primes, contre seulement 4,80 millions l'année précédente, reflétant ainsi l'impact financier direct des performances sur le terrain.
Les recrutements effectués au cours de la saison 2023/2024 ont légèrement augmenté les dépenses salariales du personnel sportif, avec une hausse de 9,9 %. Malgré cela, le Real Madrid a su réduire les amortissements liés aux achats de joueurs de 15,5 %, allégeant ainsi le coût global du personnel sportif pris en compte par LaLiga pour établir la limite du coût du personnel sportif.
Cette gestion rigoureuse a permis au club merengue de rester bien en dessous du plafond fixé à 727,45 millions d'euros par LaLiga, n'utilisant que 560,50 millions d'euros, soit 1 % de moins que lors de la saison précédente. Cette performance illustre la capacité du Real Madrid à investir stratégiquement tout en maintenant son équilibre financier.
Des résultats financiers en progression
La hausse significative des recettes d'exploitation a permis d'améliorer l'EBITDA de 70,7 %, atteignant 143,57 millions d'euros, un montant supérieur aux charges d'amortissement qui s'élèvent à 134,42 millions d'euros. En intégrant 12,71 millions d'euros de plus-values issues des ventes de joueurs, l'EBITDA avant amortissement s'ajuste à 156,27 millions, un chiffre comparable à celui de la saison précédente.
Cependant, il est important de noter que la saison 2022/2023 avait été marquée par des plus-values bien plus importantes, atteignant 73,45 millions d'euros. Ces revenus, en plus de l'EBITDA de 84,11 millions d'euros, avaient alors permis de couvrir l'ensemble des amortissements et d'éviter un déficit structurel. Un déficit potentiel a été également évité en 2021/2022 grâce à la vente d'une partie de l'exploitation du Bernabéu à Sixth Street, entraînant 317,90 millions de plus-values, comblant largement l'EBITDA négatif de 114,90 millions d'euros. En 2023/2024, les plus-values n'ont fait que renforcer le résultat d'exploitation.
Ainsi, le club merengue a significativement amélioré son bénéfice d'exploitation, qui a atteint 21,85 millions d'euros, contre seulement 2,99 millions d'euros en 2022/2023. Ce solide résultat a largement suffi à compenser le résultat financier négatif de 1,94 millions d'euros, impacté par une forte augmentation de 66,9 % du coût de la dette, à 41,85 millions d'euros. Après déduction des 4,29 millions d'euros d'impôt sur le résultat, le Real Madrid a clôturé l'exercice 2023/2024 avec un solide bénéfice de 15,63 millions d'euros, son meilleur résultat depuis l'avènement de la pandémie, mais loin en deçà des 38,39 millions obtenus en 2018/2019.
Une situation financière consolidée
Le bénéfice net réalisé au cours de la saison 2023/2024 a contribué à renforcer le patrimoine net du club, qui atteignait 574,09 millions d'euros au 30 juin 2024. Cependant, l'encours de la dette a également augmenté de 24,6 %, s'élevant à 1,87 milliard d'euros. Sur ce montant, 1,26 milliard correspond à la dette financière, principalement composée du prêt contracté pour financer les travaux de rénovation du Santiago Bernabéu. La part à court terme, à rembourser durant la saison 2024/2025, s'élève à 90,55 millions d'euros. Le solde restant est échelonné jusqu'en 2052, conformément au plan de financement approuvé par les socios.
Les obligations envers les autres clubs de football pour l'achat de joueurs ont connu une augmentation notable de 41,5 %, atteignant un total de 121,02 millions d'euros, dont 81,56 millions à amortir au cours de la saison 2024/2025. En revanche, les dettes fournisseurs et autres dettes commerciales sont restées stables à 487,82 millions d'euros.
Ces dettes, qui relèvent de la gestion courante du club, sont généralement liquidées progressivement au fil de la saison. Elles incluent principalement les salaires en attente de paiement, les obligations fiscales et d'autres engagements commerciaux.
Du côté des actifs, la valeur nette des joueurs a progressé pour atteindre 449,06 millions d'euros, tandis que les actifs corporels, incluant le stade et les installations techniques, ont été évalués à 1,43 milliard d'euros. En ce qui concerne les créances clients, le club prévoit de recouvrer 377,86 millions d'euros au cours de la saison 2024/2025. A cela, s'ajoute une trésorerie de 208,27 millions d'euros au 30 juin 2024.
Ces liquidités immédiates joueront un rôle crucial pour assurer le remboursement d'une partie de la dette à court terme, bien que le Real Madrid affiche un fonds de roulement négatif, une situation récurrente d'une saison à l'autre. Cette caractéristique témoigne d'une gestion financière fondée sur une rotation rapide des flux de trésorerie, mais nécessite une vigilance continue pour maintenir l'équilibre financier.
Le budget de 2024/2025 et les risques à considérer
Pour la saison en cours, le Real Madrid prévoit un bénéfice net de 20,15 millions d'euros, porté par une augmentation de 5,1 % des recettes d'exploitation et une réduction prévue de 1,9 % des dépenses structurelles. Cependant, ces prévisions restent dépendantes des résultats sportifs et d'une exécution sans accroc du budget.
Un défi majeur est apparu en septembre, avec la suspension temporaire des concerts au stade Santiago Bernabéu jusqu'en mars en raison de problèmes d'insonorisation et de licence d'exploitation. Ces activités extra-sportives, qui représentent une part importante des recettes annuelles, jouent également un rôle central dans le remboursement de la dette contractée pour la rénovation du stade.
Malgré les assurances de Florentino Pérez, rappelant que les concerts ne sont qu'une composante mineure du potentiel économique global du Bernabéu, cet aléa pourrait peser sur les finances du club, s'il persiste dans le temps. En effet, lors de la saison 2021/2022, le partenariat signé avec Sixth Street repose sur une valorisation optimale des activités du stade. Toute perturbation pourrait affecter la rentabilité attendue sur la durée de cet accord.
Pendant la pandémie, le Real Madrid a démontré sa capacité d’adaptation en traversant cette période difficile sans subir de pertes financières majeures, contrairement à de nombreux autres grands clubs européens confrontés à des déficits importants. Aujourd'hui, bien que le contexte ait évolué, le modèle économique du club, fondé sur une rotation rapide des flux de trésorerie, reste vulnérable aux imprévus. Cependant, la solidité de son patrimoine net, estimée à 574,09 millions d'euros, offre au club merengue une marge de sécurité substantielle pour absorber d'éventuels chocs financiers.
En conclusion, bien que des ajustements soient nécessaires à court terme pour compenser les imprévus, le Real Madrid reste solidement positionné pour consolider son modèle économique. Sa capacité à diversifier ses revenus, couplée à une gestion prudente de son endettement, devrait lui permettre de maintenir son leadership, tant sur le plan sportif qu'économique.
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