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Pablo Vilches, en compagnie de Beatriz Alvarez, présidente de la Liga F. Image : Mundo Deportivo |
La Liga F Moeve, division élite du football féminin espagnol, s'engage dans une nouvelle phase de développement. Selon Pablo Vilches, directeur général de la ligue, des fonds privés devront intégrer prochainement son capital, une première depuis la professionnalisation de la compétition en 2022. Cette initiative vise à renforcer la viabilité économique du championnat tout en soutenant les ambitions croissantes des clubs.
D'ici la fin de l'année 2025, des investisseurs privés rejoindront le capital de la Liga F Moeve, a annoncé le directeur général de la ligue. Des négociations avancées avec plusieurs fonds sont en cours, motivées par les besoins financiers de certains clubs. "Cette injection de capitaux est essentielle pour répondre aux attentes des équipes", a-t-il précisé dans les colonnes de Palco23.
S'inspirant du modèle masculin, où le Plan Impulso entre LaLiga et le fonds CVC a permis de moderniser les infrastructures et de dynamiser le développement commercial, la Liga F explore une stratégie comparable. Toutefois, Vilches insiste sur une approche mesurée, visant à préserver l'identité des clubs et leur lien avec les supporters. "Nous veillerons à ce que cet investissement soit responsable et encadré, pour éviter tout risque de spéculation excessives", a-t-il souligné.
Une économie en pleine transformation
L'arrivée de capitaux privés s'inscrit dans une phase de renforcement financier pour la Liga F Moeve. Selon le budget prévisionnel 2025/2026 consulté par Foot Espagne Business, la ligue table sur un bénéfice avant impôt de 423 791 euros, en nette progression par rapport aux 23 633 euros de la saison précédente. Le chiffre d'affaires global devrait atteindre 26 millions d'euros, dont 18,11 millions issus des droits télévisés, du sponsoring et de la billetterie, et 7,81 millions d'autres revenus d'exploitation.
Un indicateur clé de cette dynamique est la signature, en mai 2025, d'un contrat de sponsoring avec Moeve, nouveau partenaire titre de la ligue. Ce partenariat, qui succède au départ de Finetwork en 2023, renforce la visibilité commerciale du championnat. La Liga F Moeve attire désormais un nombre croissant de marques, tant publiques que privées, consolidant ainsi son positionnement sur le marché.
Cependant, à la différence des ligues à vocation commerciale, la Liga F Moeve, structurée comme une association sans but lucratif, redistribue l'intégralité de son EBITDA (résultat brut d'exploitation) aux clubs. Pour 2025/2026, cette redistribution s'élèvera à 13 millions d'euros, contre 7 millions en 2023/2024. Ce mécanisme soutient les clubs les plus vulnérables, mais restreint les capacités de la ligue à investir directement dans des projets structurés à l'échelle centrale.
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Une audience en forte croissance, mais des défis structurels persistants
La saison 2024/2025 a marqué un tournant pour la visibilité médiatique de la Liga F Moeve. Avec un cumul de 6,7 millions de téléspectateurs à la télévision, la ligue enregistre une progression remarquable de 90 % en un an. Les rencontres majeures, à l'image du Clasico féminin entre le FC Barcelona et le Real Madrid, rassemblent désormais plus de 500 000 téléspectateurs, confirmant l'attrait croissant du championnat.
Dans les stades, la dynamique est plus mesurée mais en constante amélioration. L'affluence a augmenté de 7 %, avec 44 matchs disputés dans des enceintes de grande capacité, contre 30 la saison précédente. Des clubs comme la SD Eibar ou le Deportivo Abanca capitalisent sur ces rencontres pour renforcer leur ancrage local et leur visibilité auprès des supporters.
Un écart persistant avec la WSL anglaise
Malgré ses progrès en termes de visibilité, la Liga F Moeve accuse un retard structurel face à ses homologues européennes, notamment la Women's Super League (WSL) anglaise, qui anticipe un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros pour la saison 2025/2026. Cette disparité met en lumière les défis auxquels la ligue espagnole est confrontée pour rivaliser sur le plan économique.
Pablo Vilches attribue cet écart en partie à la faible implication des institutions publiques espagnoles dans le sponsoring sportif, contrairement au modèle britannique où elle jouent un rôle clé. "Le soutien du secteur public est un levier essentiel à l'étranger. En Espagne, nous devons encore tisser ces partenariats", explique-t-il. Pour combler ce fossé, la ligue s'efforce activement d'attirer des marques institutionnelles afin de diversifier ses sources de revenus.
Une transformation décisive pour la Liga F Moeve
La Liga F Moeve se trouve à un tournant décisif crucial pour son développement. Le modèle actuel de redistribution des revenus, basé sur une répartition à 50 % égalitaire, 25 % selon la performance et 25 % en fonction de l'exposition médiatique, suscite des critiques croissantes. Des clubs majeurs, comme le Barça et le Real Madrid, ont saisi la justice pour contester le manque de transparence économique et les plafonds imposés sur les revenus médiatiques. Face à ces tensions, la ligue planifie une réforme de son système afin de proposer une approche plus équitable et adaptée aux spécificités du football féminin, s'éloignant ainsi du modèle masculin.
La saison 2025/2026 s'annonce comme un moment charnière. L'arrivée de capitaux privés, le retour d'un sponsor titre avec Moeve, la hausse des revenus et l'envolée des audiences – avec 6,7 millions de téléspectateurs cumulés – dessinent des perspectives encourageantes. Cependant, des défis structurels persistent, notamment les déséquilibres financiers, la dépendance à certaines sources de revenus et l'écart avec des championnats comme la WSL. "Nous sommes en pleine construction", résume Vilches. "La croissance est forte aujourd'hui, mais elle devra se stabiliser pour garantir une durabilité à long terme".
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