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Crédit image : Valencia CF |
Le club che entre dans une nouvelle phase de développement stratégique en s'alliant avec la société américaine pour optimiser la commercialisation des zones de l'hospitality du futur Nou Mestalla. Cette annonce intervient dans un contexte complexe, marqué à la fois par la relance du chantier via un contrat de 194,6 millions d'euros avec FCC, et par des doutes persistants sur le budget réel, les engagements réglementaires et les capacités de financement du projet.
Legends, levier commercial du futur Nou Mestalla
Le 06 mai 2025, le Valencia CF a officialisé un accord avec Legends, entreprise américaine spécialisée dans les expériences premium et la gestion de revenus pour les infrastructures sportives. Ce partenariat marque le premier grand contrat signé dans le cadre du Nou Mestalla et vise à faire des zones de hospitality un pilier du développement économique du club.
Concrètement, le futur stade, dont l'ouverture est prévue à l'été 2027, proposera 6 500 sièges VIP, soit plus de 9 % de la capacité totale. Neuf concepts différents, allant des loges privées aux sièges premium avec l'accès à des services exclusifs, viseront des publics variés : familles, entreprises, groupe d'amis et supporters fortunés.
Afin de stimuler la commercialisation, le club prévoit l'ouverture d'un Experience Center d'ici la fin de l'année 2025. Ce lieu permettra aux supporters de découvrir physiquement les différentes options de sièges et services avant leur mise en vente officielle, programmée pour après l'été 2026. Legends, déjà partenaire de clubs comme le FC Barcelona, le Real Madrid ou Manchester City, jouera un rôle central dans la stratégie commerciale du nouveau stade.
Le contrat FCC révèle une réalité budgétaire plus lourde
Si l'accord avec Legends illustre une volonté de valoriser économiquement le projet, le volet financier du Nou Mestalla demeure fragile. Le contrat signé en janvier 2025 avec le groupe FCC, pour un montant de 194,6 millions d'euros hors taxes, engage l'entreprise à achever le stade en 24 mois. Mais selon un audit externe commandité par la mairie de Valence, le coût réel du projet pourrait atteindre 341,4 millions d'euros TTC, soit près du double de l'estimation initiale du club (171 millions d'euros).
L'audit pointe plusieurs angles morts : manque de précision sur les plans, absence de budget pour certains éléments clés comme les 70 000 sièges, flou sur la piste d'athlétisme promise ou encore oubli de postes obligatoires comme la réhabilitation de la structure initiale, exposée depuis 2009 aux intempéries.
Le centre sportif de Benicalap, nœud réglementaire et politique
Le centre sportif municipal de Benicalap, censé accompagner le développement du Nou Mestalla, fait aujourd'hui l'objet d'une contestation réglementaire majeure. L'ancien vice-président du club, Miguel Zorio, appuyé par un collectif de supporters, a demandé la suspension immédiate des travaux, évoquant l'absence de documents obligatoires : garantie financière, plans à jour, et étude archéologique à la législation régionale.
La découverte de vestiges historiques (comme la cheminée d'une ancienne papeterie et les ruines du Molino de la Marquesa) impose un suivi archéologique strict que le club n'aurait pas pleinement respecté. Pour les plaignants, ces manquements pourraient invalider la licence de construire conditionnelle obtenue en juillet 2024.
Un refinancement ambitieux mais encore insuffisant
Sur le plan financier, le club blanquinegro a tenté de sécuriser le projet via un refinancement orchestré par Goldman Sachs fin 2024. L'opération, d'un montant de 186 millions d'euros, se compose d'un prêt à long terme (121 millions d'euros via le marché américain USPP) et un prêt relais (65 millions d'euros) pour éponger les dettes historique et financer le chantier.
Mais là encore, l'écart est frappant. Alors que le club tablait sur un coût final de 140 millions d'euros, les nouvelles projections l'estiment à près de 200 millions d'euros supplémentaires, sans garantie sur la stabilité des prix. La couverture du budget repose sur un fragile équilibre : 80 millions d'euros issus du Plan Impulso de LaLiga (via CVC), 35 millions d'euros provenant de la vente de terrains et un crédit complémentaire dont les négociations n'ont pas filtré.
Une rentabilité retrouvée mais une structure financière toujours tendue
La Valencia CF a clôturé l'exercice 2023/2024 avec un léger bénéfice de 0,17 million d'euros, retrouvant ainsi la rentabilité après quatre saisons consécutives de pertes, cumulant 92,3 millions d'euros de déficit, d'après les données compilées par FEB Analytics, l'outil d'intelligence de Foot Espagne Business. Ce redressement repose sur une réduction des charges d'exploitation (-14,8 %), notamment une masse salariale limitée à 70,2 millions d'euros, pour compenser une baisse des revenus d'exploitation (-10,8 %, à 107,7 millions d'euros). Les plus-values sur transferts (16,7 millions) ont été décisives dans l'obtention de ce bénéfice, alors même que les charges financières liées à la dette ont continué de croître (+13,4 %), à 17,5 millions d'euros).
Plus globalement, la dette du club a diminué de 11,3 % à la clôture de l'exercice, principalement en raison de la baisse des engagements envers d'autres clubs, reflet d'une activité réduite sur le marché des transferts. Toutefois, la dépendance au financement externe reste structurelle : la dette bancaire a légèrement progressé à 120,5 millions d'euros, tandis que la dette intergroupe, reflétant l'apport du propriétaire Peter Lim, via Meriton Holding, s'élève à 37,8 millions d'euros.
Entre ambition stratégique et périls d'exécution
L'accord avec Legends témoigne de la volonté du Valencia CF d'exploiter tout le potentiel économique de son futur stade. Mais à mesure que les détails techniques financiers et juridiques se précisent, les contours du projets révèlent une dynamique à deux vitesses : celle d'un club ambitieux, désireux de s'internationaliser et de moderniser ses revenus, face à une réalité budgétaire et réglementaire bien plus instable.
A moins de deux ans de la date prévue pour l'inauguration, le Nou Mestalla incarne à la fois l'espoir d'un renouveau pour le club che et le risque d'un naufrage budgétaire si les incertitudes actuelles ne sont pas rapidement levées.
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