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Le club de Vigo a désormais la voie libre pour finaliser son projet Galicia Sport 360. Crédit image : RC Celta |
Le Tribunal Suprême espagnol a mis un terme définitif au contentieux judiciaire opposant le RC Celta à la Comunidad de Montes de Tameiga, en rejetant le recours présenté contre la Plan Spécial d'Infrastructures et Dotations (PEID) du futur complexe sportif du club galicien à Mos (Pontevedra). Par cette décision rendue fin avril 2025, l'instance judiciaire confirme la validité du jugement prononcé en mai 2024 par le Tribunal Supérieur de Justice de Galice (TSXG) et clôt ainsi toute voie de recours.
La plus haute juridiction du pays a déclaré irrecevable le pourvoi des opposants au projet, estimant que celui-ci manquait de fondement juridique et ne soulevait pas de questions de droits d'intérêt national. Selon le communiqué publié par la municipalité de Mos, les arguments avancés par la Comunidad de Montes portaient essentiellement sur des éléments de fait déjà tranchés en première instance.
Un projet longtemps contesté
Cette validation judiciaire consacre une étape clé dans un processus de longue haleine, initié dès 2022, lorsque le RC Celta a commencé à acquérir les premiers terrains nécessaires à la finalisation de la nouvelle "Citade Deportiva Afouteza-GS360". Le club a alors sécurisé 30 000 m² auprès de propriétaires privés et obtenu un accord de 20 000 m² supplémentaires avec l'objectif de constituer une assiette foncière de 80 000 m².
L'ampleur du projet - mêlant infrastructures sportives, centre de formation, clinique, hôtel, espaces de recherche et équipements d'accueil - a rapidement suscité l'opposition d'une partie de la population locale, notamment la Comunidad de Montes de Tameiga, gestionnaire de terrains forestiers collectifs dans la zone concernée. Les craintes portaient notamment sur l'impact environnemental du projet, la préservation des sources d'eau traditionnelles (les traidas) et l'occupation de terres considérées comme relevant du bien commun.
Une sortie de crise négociée
Parallèlement à la procédure judiciaire, des discussions ont été engagées entre le club et les représentants de la communauté locale. En janvier 2025, quelques mois avant la décision du Tribunal Suprême, un accord a été trouvé, mettant fin à un conflit qualifié de "négatif et préjudiciable pour les deux parties".
Dans le cadre de cet accord :
- Le RC Celta s'est engagé à libérer plus de 80 % des terrains initialement concernés dans la zone de la communauté.
- Le pavillon multi-usage prévu dans le plan initial (d'une capacité de 8 000 à 10 000 places) a été retiré du projet.
- La communauté a abandonné toutes les actions en justice en cours et renoncé à tout futur contentieux.
- Un prix d'expropriation négocié a été intégré à l'accord, désamorçant l'un des points de tension les plus sensible.
Le club a également réaffirmé son engagement en matière environnementale, en intégrant des garanties spécifiques concernant la non-affectation des sources d'eau, et en adaptant son projet pour réduire l'emprise sur les terres forestières.
La phase II du projet peut débuter
Avec l'accord social scellé et la validation juridique obtenue, le RC Celta peut désormais engager la phase II de son projet GS360, en attente de l'approbation finale du Projet d'Intérêt Régional par les autorités galiciennes. Cette nouvelle étape inclut :
- Un mini-stade pour l'équipe B et la section féminine.
- Cinq nouveaux terrains d'entraînement pour les équipes jeunes.
- Un centre de formation universitaire et professionnel autour du sport et de la santé.
- Une résidence pour les jeunes joueurs et étudiants.
- Un hôtel et une zone de restauration.
- Deux pôles dédiés à la clinique sportive et l'innovation dans le sport.
Initialement lancé comme un levier de croissance patrimoniale et économique, le projet Afouteza-GS360 prend désormais la forme d'un écosystème multifonctionnel à visée régionale, conçu pour conjuguer la performance sportive, formation, tourisme, recherche et durabilité.
Une victoire à plusieurs niveaux
Au-delà de la validation juridique, le RC Celta voit dans cet aboutissement un signal fort pour son avenir institutionnel. La résolution du conflit permet non seulement de lancer un projet stratégique, mais également renforcer son ancrage territorial, dans un contexte où les clubs de football cherchent à diversifier leur activités et leur ressources au-delà du terrain.
Dans le cadre de LaLiga, l'Atlético de Madrid par exemple s'est lancé dans la construction de la Ciudad del Deporte aux alentours du Wanda Metropolitano. Le Real Madrid a terminé la rénovation du Santiago Bernabéu, dont les premières retombées économiques commencent à se sentir, le club ayant dépasser le milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2023/2024. Elche CF, pour prendre l'exemple d'un club plus modeste, a débuté cette année la rénovation du stade Martinez Valero.
Le club de Vigo met en avant une vision d'intérêt général et insiste sur le fait que ce complexe sportif sera "un projet de tous et pour tous", reprenant le slogan porté par sa direction depuis plusieurs années. Avant de projeter ce mot d'ordre vers l'avenir, il convient de revenir sur ce que la première phase de la Citade Deportiva Afouteza a représenté dans les faits.
Une première phase déjà opérationnelle
Livrée en 2020, la première phase d'Afouteza s'est implantée sur 150 000 m² à Mos, pour accueillir les infrastructures d'entraînement du RC Celta et du Celta Fortuna (équipe réserve). Elle comprend neuf terrains (cinq en gazon naturel, quatre en synthétique), des zones de récupération, des gymnases, une résidence, des installations médicales, des espaces de restaurations et des locaux administratifs. Pensée comme un pôle sportif complet, elle structure désormais l'organisation quotidienne du club.
Cette montée en gamme en infrastructure se lit directement dans les états financiers du club analysés par Foot Espagne Business. En 2020/2021, la valeur nette comptable des infrastructures sportives du club était stable à 10,3 millions d'euros, mais dès l'exercice suivant ce poste grimpe à 22,3 millions d'euros, du fait d'un transfert de 12,2 millions d'euros en provenance des actifs matériels en cours, signalant la finalisation de la phase I et sa mise en service.
Dans les années suivantes, cette base d'actifs est progressivement amortie, et d'autres ajouts ponctuels apparaissent, traduisant l'entretien et la mise à niveau continue des installations. De manière cohérente, les équipements voient également leur valeur nette passer de 2,2 millions d'euros à 3,7 millions d'euros entre 2020 et 2024.
Les comptes du RC Celta révèlent ainsi une stratégie d'investissement progressive, étalée sur plusieurs exercices. Un mode opératoire qui devrait guider également la deuxième phase du projet GS360, désormais libérée de tout contentieux judiciaire et à l'aube de son lancement.
Cap sur l'avenir
Avec la levée des obstacles judiciaires et l'accord signé avec la Comunidad de Montes de Tameiga, le RC Celta dispose désormais d'un cadre clair pour engager la seconde phase de son projet Afouteza-GS360. Si la première tranche a posé les bases sportives et opérationnelle du centre, la suivante étendra son périmètre vers la formation, l'innovation et l'accueil d'événements, au service d'une stratégie plus large d'adossement territorial et de diversification.
Les états financiers du club montrent qu'un tel projet n'est pas neutre sur le bilan : il augmente la taille de l'actif immobilisé, implique une gestion fine des flux de trésorerie et appelle à une vision long terme. Dans un contexte où la rentabilité des clubs passe de plus en plus par leur capacité à générer des ressources hors terrain, cette nouvelle phase représente autant un pari d'investissement qu'un levier de transformation structurelle.
Le club de LaLiga EA Sports semble donc jouer sur plusieurs tableaux : sécuriser l'outil de formation, renforcer l'ancrage local, et bâtir les conditions d'une croissance durable, en s'appuyant sur un projet concret... et désormais apaisé.
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