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Stratégie Atleti : Ciudad del Deporte, le futur complexe sportif inclusif

L'Atlético de Madrid lance un ambitieux projet, la Ciudad del Deporte, mêlant sport, loisirs et affaires, pour dynamiser ses infrastructures et renforcer sa présence mondiale.
Crédit image : Carlos Garcia Pozo, El Mundo



A l'instar de son voisin et rival, le Real Madrid avec la rénovation du Bernabéu, et du FC Barcelona, avec l'Espai Barça, l'Atlético de Madrid se lance dans un ambitieux macro-projet de redynamisation de ses infrastructures pour diversifier et renforcer ses sources de revenus. Le club colchonero a réhabilité il y a quelques années l'ancien stade olympique de Madrid, qui, actuellement, est devenu le stade Metropolitano. Un joyau qui fait la fierté rojiblanca, hôte de la finale de la Ligue des champions 2019 et qui sera également un stade de la Coupe du monde 2030.


D'ici la fête du football mondial que l'Espagne co-organisera avec le voisin portugais et le Maroc, l'Atlético de Madrid, en collaboration avec la ville de Madrid, souhaite redessiner le paysage du quartier où se trouve son stade, en le transformant en une zone de sport, de loisirs et de divertissement. La Ciudad del Deporte (la Cité du sport) de Madrid est en marche


Qu'est ce que la Ciudad del Deporte


Ce projet de grande envergure sera différent des installations habituelles que les clubs de football construisent. Étant uniquement concentré sur le sport roi, l'Atlético de Madrid s'engage dans la voie de la promotion du sport, y compris ceux qui sont en plein essor. Même si le site abritera le nouveau centre d'entraînement du club, il sera également un complexe pour tous les Madrilènes et un lieu d'attraction pour le tourisme sportif, ce qui explique l'implication de la municipalité de Madrid.


« C'est un projet très ambitieux que le club a depuis des années. Le PDG lui-même, Miguel Angel (Gil Marin), a pour vision de construire autour du stade un centre d'entraînement et un complexe de divertissement qui dynamiseront sans aucun doute la ville. Ce sera une transformation pour le club, mais aussi pour tous les voisin », fait savoir Oscar Mayo, directeur général des affaires et des opérations de l'Atlético de Madrid.


De ce fait, la ville de Madrid a cédé au club pour une durée de 75 ans cinq parcelles adjacentes au stade Metropolitano couvrant une superficie de plus de cent hectares pour y implanter un complexe mêlant sport, loisir et business. Pour l'Atlético de Madrid, c'est une occasion en or d'unifier l'activité des ses principales équipes dans la capitale. Actuellement, l'équipe s'entraîne à la Ciudad Deportiva Atlético de Madrid à Majadahonda, commune située à 16 km au nord-ouest de Madrid. Ce centre abrite également le stade Cerro Espino où évoluent l'équipe féminine et l'équipe B, en colocation avec le club local de la commune, le Rayo Majadahonda.


À cette fin, l'Atlético de Madrid prévoit de construire un mini stade de 6 000 à 8 000 places dans ce nouveau centre d'entraînement qui occupera trois des cinq parcelles. En outre, six terrains d'entraînement seront aménagés pour permettre aux équipes de s'entraîner dans des conditions optimales. Une résidence, un gymnase et un centre médical et de rééducation seront également aménagés.


Mais la Ciudad del Deporte ne se limite pas qu'au football. Elle offrira également une multitude d'installations pour une variété de sports, notamment le padel, le tennis, le basket, le volleyball, le handball et le golf. Le projet comprend également le développement de deux nouvelles installations sportives municipales. La première, en plein air, aura pour principal attrait un stade d'athlétisme qui redonnera au quartier "son esprit olympique", selon le club dans la vidéo de présentation du plan. Deux terrains de football à 11 et un troisième terrain de football à 7 seront également construit pour un usage public.


Toutefois, l'une des caractéristiques les plus marquantes est la création d'une plage avec une vague articifielle, une initiative audacieuse qui apportera une touche de divertissement unique à Madrid. En partenariat avec Wavegarden, une entreprise spécialisée dans les parcs de vagues artificielles, l'Atlético de Madrid offrira aux habitants de la capitale une expérience de surf authentique en plein cœur de la ville.



Cette installation révolutionnaire comprendra également une école de surf, une boutique pour l'équipement nécessaire et des bars de plage pour se détendre après une séance de surf. De plus, un skatepark, des aires de jeu pour enfants et d'autres activités sportives de plage seront disponibles pour divertir les familles. Un hôtel et des restaurants aussi sont prévus, tout comme l'urbanisation afin d'améliorer l'accessibilité du site et du stade.


Des partenariats stratégiques


Pour concrétiser cette vision, le club a noué des partenariats stratégiques avec des acteurs clés. Tout d'abord, une alliance avec Kpmg en tant que partenaire stratégique du projet garantit une expertise de haut niveau dans les domaines de la stratégie, de l'urbanisme, de l'immobilier et de l'élaboration du business plan. Un plan d'affaires que le club n'a pas détaillé. Ce partenariat renforce la viabilité et la durabilité du projet, assurant une planification minutieuse et une mise en œuvre efficace.


En outre, l'Atlético de Madrid a attiré des investisseurs de premier plan pour soutenir financièrement la réalisation de la Cité du Sport. Stoneweg et Teras Capital se sont engagés à accompagner le club. Stoneweg, fonds d'investissement suisse, apporte son expertise dans l'acquisition de terrains pour le développement immobilier, tandis que Teras Capital, spécialisé dans les télécommunications, contribue à la diversification des sources de financement.


Dans sa vidéo de présentation, le club madrilène met l'accent sur "la durabilité comme axe fondamental et dans lequel le nouveau partenaire stratégique jouera un rôle de premier plan". Il fait référence à Civitas, la société immobilière qui, en juin 2022, a racheté les droits de naming du stade Metropolitano suite à la fin du contrat de Wanda. En ce sens, toutes les installations auront une conception durable qui "réduira la consommation d'énergie à pratiquement zéro", comme l'explique le document audiovisuel. L'eau de pluie sera également recyclée pour irriguer les terrains de jeu et nettoyer l'ensemble des installations.


Un autre des défis de la Ciudad del Deporte est de devenir une référence en matière d'innovation. À cet égard, elle sera construite en misant sur la technologie et la digitalisation. Un point sur lequel le club travaille depuis des années par le biais de sa division spécialisée Atleti Lab. Entre autres actions, l'année dernière, en collaboration avec Telefonica, il a développé une expérience pilote pionnière de visionnage de matchs avec la 5G et la réalité virtuelle. Cette expérience permet de suivre les maths dans le stade sous différents angles grâce à des tablettes ou des lunettes de réalité virtuelle.


La situation financière de l'Atléti permet-elle de financer ce projet ?


Le club madrilène estime à plus de 250 millions d'euros le coût qu'il devra supporter pour voir ce complexe sortir de terre. Ainsi, il s'appuiera sur les fonds de LaLiga Impulso dont l'objectif principal est d'accélérer les développements qui soutiennent la croissance économique des clubs et de la compétition elle-même.


En décembre 2021, l'Atlético de Madrid faisait partie des 38 clubs de LaLiga à avoir adhérer au Plan Impulso, un contrat de financement des clubs professionnels espagnols signé entre LaLiga et la société capital-risque CVC Partners. À cet égard, le fonds d'investissement a injecté 1,9 milliard d'euros dans le football espagnol que l'organisme présidé par Javier Tebas redistribue aux clubs signataires sous forme de prêt participatif avec un taux d'intérêt fixe applicable de 0%. En retour, CVC conserve un intérêt variable de 1,52% sur les recettes nettes des droits audiovisuels de chaque club signataire.


Pour sa part, l'Atlético de Madrid reçoit un montant total de 192,2 millions d'euros, dont 70%, environ 135 millions, doivent être obligatoirement destinés aux projet de construction ou d'amélioration des infrastructures. « Le Plan Impulso permet aux clubs d'aspirer à être plus grands à la fois collectivement et individuellement dans des aspects importants tels que le marketing, la marque, la croissance internationale, les infrastructure, la technologie... Tous les clubs travaillent désormais avec une vision stratégique et une ligne de contrôle continue », soutient Mayo, qui avant de s'engager avec l'Atlético de Madrid, était le directeur général exécutif de LaLiga.


Le restant des fonds sera apporté par le club lui même, sans qu'il précise s'il contractera un emprunt bancaire ou s'il utilisera ses ressources propres. L'arrivée du Covid-19 a marqué un coup de frein dans l'activité de l'Atlético de Madrid, qui, en deux saisons (2020/2021 et 2021/2022), a accumulé un déficit de 108,7 millions d'euros. Toutefois, pour consolider ses ressources propres, l'Ateli avait anticipé une augmentation de capital de 180 millions d'euros en juin 2021. L'opération a renforcé la position de Miguel Angel Gil Marin et d'Enrique Cerezo dans la carte actionnariale, tout ouvrant la porte au Fonds Ares Management dans l'institution Rojiblanca.


Dans la foulée, le club a également restructuré sa dette à court terme à travers un prêt de 300 millions d'euros octroyé par Pricoa Private Capital. Une prêt supplémentaire de 50 millions d'euros a été rajouté six mois plus tard et ce refinancement est à ce jour le plus gros passif financier de l'Atlético de Madrid, allant jusqu'à 2031. Le club a clôturé la saison 2022/2023 avec une dette totale de 859,8 millions, dont 135,7 millions correspondent à sa dette bancaire. La valeur totale de ses actifs s'élevait 1,04 milliard d'euros lui laissant donc 111,1 millions d'euros de ressources propres pouvant financer ses actifs.


Au niveau de son activité, les résultats sportifs de ces dernières années ont légèrement baissé ses recettes dans ce secteur ainsi qu'au niveau des droits TV, mais l'Atlético multiplie ses contrats de sponsoring. L'accord avec Civitas et WhaleFin, entre autres, ainsi que la reprise du merchandising lui ont permis de dépasser pour la première fois les 100 millions d'euros dans le secteur commercial. Au total son chiffre d'affaires en 2022/2023 a atteint 445,9 millions d'euros, soit 1,9% de plus que la saison précédente. Une progression que l'entité rojiblanca doit au marché des transferts, qui a rapporté des plus-values de 42,9 millions d'euros, contre 22,1 millions l'année précédente, sachant que son activité ordinaire a régressé 5,8% pour s'établir à 355,9 millions d'euros.



Cette progression du chiffre d'affaires et la réduction surtout de près de 10 millions d'euros de la masse salariale (244,9 millions d'euros) a permis de retrouver les bénéfices après deux années dans le rouge. Un tout petit bénéfice de 359 460 euros qui redonne un peu d'air frais au club madrilène, qui avec ce projet vise à se positionner comme une référence mondiale dans l'industrie du football.


L'Atlético de Madrid, plongé dans son processus d'internationalisation, possède déjà des clubs au Mexique et au Canada dans le cadre de sa volonté de renforcer sa présence en Amérique du Nord. Il s'intéresse également à l'Asie, où il s'est engagé sur le marché indien, et a lancé l'été dernier des comptes exclusifs sur les médias sociaux en Corée du Sud, au Japon et en Indonésie. L'Atleti communique désormais avec ses fans en neuf langues, l'espagnol, l'anglais, le français, l'arabe, le portugais, le coréen , le japonais, l'indonésien et le turc. Une diversification culturelle également qui n'est pas en reste sur le nombre de followers sur ses comptes sociaux, qui a augmenté de 37,5% en 2023 pour dépasser les 55 millions.


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