FC Barcelona : Démission d'Eduard Romeu, l'architecte de la restructuration financière

Eduard Romeu quitte le Barça après trois années de service et de restructuration. Crédit image : FC Barcelona

Vice président du FC Barcelone chargé des affaires économiques et financières, Eduard Romeu a annoncé sa démission après trois années de fonction durant lesquelles, il a été la clé du redressement économique du club blaugrana.

Eduard Romeu quitte le Barça. À travers un communiqué, le club azulgrana a annoncé le départ du dirigeant après trois années de service. Une démission motivée par son emploi du temps professionnel qui, dit-il, est actuellement incompatible avec ses fonctions dans le club culé.

« Le président Joan Laporta a accepté la démission tout en le remerciant pour son travail à la tête du secteur économique du club, axé sur le développement du plan de viabilité mis en place au cours de ce mandat et qui a réussi à inverser la situation financière de l'institution », a souligné le club dans son communiqué.

La clé de la restructuration financière du Barça

Au cours d'une conférence de presse organisée dans la foulée, Romeu a expliqué les raisons qui ont motivé sa démission. « Lorsque j'ai rejoint l'équipe dirigeante du FC Barcelona, j'avais des activités professionnelles conçues pour pouvoir les combiner avec mon travail au sein du club ; maintenant, les choses ont changé, et ce n'est pas de mon plein gré », a expliqué le dirigeant. Il a également rajouté que « le conseil d'administration a engagé beaucoup d'actifs pour assurer la viabilité du club et le fait d'avoir des facture à payer m'a poussé à de nouveaux projets professionnels ».

Romeu a rejoint le FC Barcelona en mars 2021 suite à l'élection de Joan Laporta à la présidence du club et à la démission de Jaume Giro, qui durant la campagne portait le projet économique de l'avocat. Titulaire d'un diplôme en économie, il a travaillé à Banco Santander et Bankia. En 2015, il a rejoint le groupe Audax Energia en tant que directeur d'entreprise. Son arrivée au Barça était étroitement liée à l'apport d'Audax Energia dans le dépôt de garantie de 124,6 millions d'euros afin de faciliter la prise de fonction de Laporta.

Dès sa prise de fonction, Romeu a mené toutes les opérations nécessaires pour redresser économiquement le club, qui à la fin du mandat de Josep Maria Bartomeu se trouvait dans une situation financière très délicate. Afin de repartir sur de nouvelles bases, le club a assumé des pertes 481,32 millions d'euros, suite à une baisse drastique de l'activité ordinaire en raison de la crise sanitaire et à une forte dépréciation des actifs, qui a généré des moins-values de 156,51 millions d'euros.

Suite à cela, le club a entrepris une vaste opération de refinancement afin de rééquilibrer sa dette. Tout d'abord, un prêt de 595 millions d'euros sur dix ans financé principalement par Goldman Sachs pour régler certaines échéances de la dette qui n'ont pas été respectées à l'époque et renforcer la trésorerie. Ensuite, le Barça a mis sur le marché plusieurs actifs afin de lever des fonds auprès d'investisseurs externes, ce qui a abouti à une série de ventes communément connues sous le nom de Palancas.

Ces leviers économiques ont débuté avec la cession de 10% des droits audiovisuels de LaLiga à la société Locksley Invest, entreprise créée conjointement avec le fonds américain Sixth Street et dont le Barça détient une participation minoritaire de 49%. Cette première transaction a permis de générer des plus-values de 267,09 millions d'euros lors de la saison 2021/2022, avec une reprise progressive de l'activité ordinaire du club. Par la même occasion, le club a pu réaliser un bénéfice net de 97,58 millions d'euros.

Les opérations suivantes ont été celles liées à Barça Media et dont la réussite reste mitigée car les partenaires avec qui le club s'est lié ont été dans l'incapacité d'honorer les paiements qui ont suivi la vente de 49% de cette filiales. Une première transaction a eu lieu lors de l'été 2022 avec Orpheus Media et Socios.com, qui avaient racheté 49% de Barça Media (24,5% chacun) pour 200 millions d'euros, payable en quatre tranches. La première échéance de 20 millions d'euros a été honorée dès la conclusion de l'opération, mais les suivantes ne l'ont pas été.

Cette situation a tourné le club azulgrana un an plus tard vers d'autres partenaires pour s'assurer l'entrée de liquidité afin de faire face aux charges courantes, notamment au niveau du marché des transferts de joueurs. De ce fait, Libero Football Finance AG, société allemande, et une société chypriote dont l'identité reste inconnue, mais conseillée par NIPA Capital BV, ont racheté une bonne partie des participations de Socios.com et d'Oprheus Media (29,5%) pour un montant global de 120 millions d'euros. Si aucune information indiquant un défaut de paiement de la société chypriote n'a été annoncée, au contraire, Libero Football Finance a actuellement du mal à honorer ses échéances dont la première.

Ce contretemps avec l'associé allemand a des conséquences sur les projets du club, notamment la cotation en bourse de la société Barça Vision, qui regroupe les activités de Barça Media et toute l'activité numérique du club catalan.

Toutes ces opérations ont permis au Barça de quasiment rétablir sa situation nette à la fin de la saison 2022/2023. Le club compte clôturer la saison 2023/2024 avec un résultat net positif sans activer les leviers qui lui ont permis de réaliser des bénéfices très élevés ces deux dernières années. En outre, la plus grande opération ficelée par Romeu durant son mandat est le financement de l'Espai Barça d'un montant de 1,5 milliard d'euros.

L'Espai Barça, le projet phare de rénovation des infrastructures du club initié par le président Josep Maria Bartomeu, a déjà attiré des partenaires comme Spotify qui a donné son nom au Camp Nou et qui depuis la saison 2022/2023 est le sponsor principal du Barça. Le financement des travaux a été ficelé en avril 2023 via un fonds de titrisation, qui même s'il rentre dans le périmètre de consolidation des états financiers, n'impacte pas réellement l'activité ordinaire et surtout la dette ordinaire qui était déjà élevée quand ce financement a été obtenu.

Un recrutement interne pour remplacer Romeu ?

Le travail abattu par Romeu durant ces trois années a été salué par Laporta qui, face à la presse, a témoigné que Romeu « a été une personne clé dans la récupération économique du club ». Le président blaugrana a également ajouté qu'« il a été l'un des moteurs du plan de viabilité du club ». Même s'il a déclaré que ses fonctions seront réparties au sein de l'actuelle équipe économico-financière, il n'est toutefois pas exclu que le président du Barça puisse se tourner vers un autre homme fort pour diriger le secteur économique.

Selon les informations relayées par Expansion, le directeur du Barça Innovation Hub, Angel Ruidalbas, pourrait remplacer Romeu à la vice-présidence économique. Ruildabas, qui joue également un rôle prépondérant dans le projet Super Ligue, a été président-directeur général du fabricant électroménager Taurus pendant seize ans (entre 1996 et 2013). Suite à cette expérience, il a mis en place un réseau d'entreprises comprenant des sociétés telles que B&B Trends, Indox et Precintia.

Par ailleurs, la démission d'Eduard Romeu invervient deux semaines après celle de la directrice générale du FC Barcelona, Maribel Meléndez. Ces deux départs s'ajoutent à ceux de Ferran Reverter, qui dès l'élection de Joan Laporta a assuré la direction générale du club jusqu'en juin 2023, de Jordi Llaurado, responsable du projet Espai Barça. Ce dernier a décidé de mettre un terme à sa collaboration avec le club lorsque l'entreprise turque Limak a obtenu le contrat pour les travaux.

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