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José Danvila, directeur général du Levante UD. Crédit image : Levante UD |
Le club granota attend la décision du Tribunal de Commerce n°1 de Valence sur son plan de viabilité, tandis que ses deux principaux créanciers, Rothschild & Co (EDR) et OLB, tiennent entre leur mais l'avenir financier de l'institution.
Le Levante UD se trouve à un moment charnière de sa trajectoire économique. Après plusieurs mois d'incertitudes et de tensions avec ses créanciers, le club valencien, guidé par son directeur général et principal actionnaire José Dánvila, a présenté devant le tribunal un plan de restructuration de 71 millions d'euros de dette, destiné à éviter l'ouverture d'une procédure collective. Le document, déposé le 7 mars 2025 sous la supervision de Rothschild & Co (EDR), attend désormais la validation du Tribunal de Commerce n°1 de Valence.
Une stratégie de survie fondée sur la capitalisation et la stabilité
Le coeur du plan repose sur la capitalisation de 15 millions d'euros de dettes que Dánvila avait injectées sous forme de prêts au Levante UD, ainsi qu'un engagement personnel de dix ans à la tête de la gestion du club. C'est en tout cas ce qu'exige EDR. A cela s'ajoute un nouvel aval de 5 millions d'euros déposé cet été auprès de LaLiga, destiné à sécuriser la capacité du club à opérer sur le marché des transferts et à maintenir une structure compétitive en première division.
EDR, principal créancier du club avec environ 33 millions d'euros liés à la construction de la nouvelle Ciudad Deportiva, a fixé des conditions strictes : contrôle partiel via un siège d'observateur au conseil d'administration, surveillance des flux financiers et respect d'un plan de remboursement à long terme. Selon SuperDeporte, cette firme d'investissement, loin d'adopter une posture coercitive, est considérée par Danvila comme "le meilleur compagnon de voyage", en contraste avec l'attitude plus inflexible du fonds allemand OLB, créancier de 17 millions d'euros.
Le rôle d'OLB : entre pression judiciaire et levier de négociation
C'est précisément OLB qui menace l'équilibre du dispositif. Après plusieurs échéances impayés — notamment les 30 juin et 31 décembre 2024 —, le fonds a adressé un burofax en février 2025 avertissant de la possibilité d'un recours au tribunal pour provoquer le dépôt de bilan. Cette pression a précipité le dépôt du plan de viabilité et le recours temporaire à un prêt relais de 5,5 millions d'euros auprès de Tifosy Capital & Advisory, afin de couvrir les salires pendant deux mois de tension de trésorerie.
En toile de fond, Dánvila tente de convaincre les créanciers que la viabilité du Levante dépend avant tout du maintien en première division, seule capable de générer les flux de trésorerie nécessaires pour honorer les remboursements. Toute relégation rendrait la charge financière insoutenable, compte tenu de la baisse des revenus télévisuels et commerciaux.
Pour approfondir : Levante UD : Une restructuration en profondeur pour retrouver la stabilité économique
Actifs stratégiques et plan de valorisation
Le plan ne se limite pas à un simple rééchelonnement de dettes. Il inclut une valorisation des actifs immobilisés, notamment la Ciudad Deportiva de Nazaret et la seconde phase de rénovation du stade Ciutat de València, considérées comme des leviers économiques majeurs à moyen terme. Ces projets, actuellement gelés, pourraient redevenir opérationnels si la capitalisation est validée, générant des revenus parallèles au football professionnel.
SuperDeporte précise que le plan de Dánvila sera soumis à une Assemblée Générale Extraordinaire et à l'aval du conseil d'administration avant sa ratification finale. La feuille de route s'inscrit dans une logique de redressement à long terme, cherchant à concilier exigences des créanciers, stabilité institutionnelle et viabilité sportive.
Une gouvernance sous tension mais déterminée
Face aux critiques internes et aux doutes d'une partie de l'environnement granota, Dánvila défend sa gestion comme un acte de responsabilité patrimoniale, affirmant "mettre en jeu son propre capital et sa vie pour sauver le club". Il insiste sur le fait qu'il ne cherche ni à conserver indéfiniment le contrôle du Levante, ni à le vendre à court terme, mais à stabiliser la structure avant d'envisager un partenaire stratégique capable de soutenir la charge financière à long terme.
En attendant la décision du tribunal, le Levante UD continue de fonctionner dans un équilibre précaire, oscillant entre prudence financière et ambition sportive. Si le plan est accepté, il ouvrirait la voie à une restructuration ordonnée et à la relance des projets d'investissement. Dans le cas contraire, l'hypothèse d'un dépôt de bilan redeviendrait imminente, compromettant non seulement la saison en cours mais aussi la stabilité institutionnelle d'un club, qui malgré tout, reste l'un des symboles économiques et sportifs de la ville de Valence.
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