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Marcelo Figoli, propriétaire du Burgos CF a confirmé son entrée dans l'actionnariat du Recreativo. Image : Diario AS |
Le plus vieux club d'Espagne poursuit sa transition. Deux mois après l'annonce de son changement de propriétaire, le Recreativo de Huelva entre désormais dans une phase de reconstruction active. Tandis que la vente des actions majoritaires a été validée par les autorités, les nouveaux dirigeants tracent les premières lignes d'un projet ambitieux, entre clarification institutionnelle, professionnalisation de la gestion sportive et mise en valeur de la formation locale.
Validation officielle de la vente : une étape clé franchie
Le 26 mai 2025, le Conseil Supérieur de Sports (CSD) a officiellement autorisé la vente de 76,75 % des actions du club à une société privée. Si l'on attend encore la signature notariale pour finaliser l'opération, le feu vert administratif marque une étape décisive dans le processus initié en février par la sentence du Tribunal Supérieur de Justice d'Andalousie.
A la surprise générale, le CSD mentionne GS Vael Management S.L.U. comme société acheteuse, et non TS Capital Partners, initialement annoncée. En réalité, cette dernière est l'actionnaire unique de GS Vael, créée spécifiquement pour l'opération. Son administrateur est Adrián Fernández-Romero, déjà identifié comme le pilier du nouveau projet.
Marcelo Figoli officialise son implication : une stratégie encadrée
Autre confirmation : l'entrée au capital de l'entrepreneur argentin Marcelo Figoli, déjà propriétaire du Burgos CF. L'homme d'affaires a annoncé sur ses réseaux sociaux avoir acquis 5 % du capital du Recreativo – seuil maximal autorisé par le CSD lorsqu'un investisseur est impliqué dans plusieurs clubs de divisions différentes.
Figoli apporte avec lui l'expertise du groupe Fénix Entertainment, actif dans les médias, l'événementiel et la gestion sportive. Son rôle sera secondaire mais stratégique, dans une logique d'accompagnement financier et de conseil, respectant les limites de la réglementation sur la multipropriété dans le football espagnol.
Une gouvernance en mutation, entre ambitions privées et ancrage local
Depuis mars, un nouveau conseil d'administration est en place. Il comprend notamment Adrián Fernández-Romero à la présidence opérationnelle, épaulé par José Antonio Béjar et des profils issus du monde de la communication et du sport. La municipalité de Huelva, via Huelva Deporte, conserve une présence symbolique mais influente, incarnée par Antonio Manuel Carrasco.
L'objectif affiché : garantir la continuité territoriale et sociale du club, tout en assurant une gestion plus rigoureuse, apolitique et tournée vers la performance.
Repenser la stratégie sportive : priorité à la stabilité et à la formation
Dans une intervention publique fin mai, David Ortega, nouveau responsable de la cantera, a levé le voile sur les première orientations du projet sportif. Il dresse un diagnostic lucide : l'instabilité institutionnelle chronique a nui aux performances, et seule une méthodologie stable, collégiale et ancrée dans le long terme permettra au club de rebondir.
Les axes de travail sont clairs :
- Professionnalisation de la direction sportive, avec des décisions partagées et non centralisées ;
- Dépolitisation de la gestion : "Le sport et la politique ne doivent pas se confondre", martèle Ortega ;
- Valorisation de la cantera, considérée comme socle du projet ;
- Communication transparente et planification raisonnée, notamment sur le marché des transfert.
Le message est fort : reconstruire, oui, mais sans précipitation, ni promesses déconnectées des moyens réels.
Une page se tourne, mais tout reste à écrire
Le Recreativo de Huelva a vécu une décennie mouvementée, tiraillée entre ambitions locales, crises économiques, intervention publique et conflits juridiques. Avec l'arrivée d'investisseurs privés structurés, le club semble vouloir repartir sur des bases plus solides.
Mais cette transition ne garantit rien sur le plan sportif à court terme. Le club est désormais en Segunda Federación (D4), après une relégation douloureuse. La reconstruction prendra du temps, et reposera sur la capacité à conjuguer rigueur de gestion, ancrage territorial et intelligence sportive.
Le Recreativo, doyen du football espagnol, ne manque ni d'histoire, ni d'âme. Reste à savoir si cette nouvelle ère saura transformer ces atouts en un véritable modèle de renaissance durable.
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