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Fondé en 1889, le Recreativo de Huelva évolue au stade Nuevo Colombino pouvant accueillir un peu plus de 21 600 spectateurs. Crédit image : Recreativo de Huelva |
Le Recreativo de Huelva, doyen du football espagnol, entame une nouvelle ère. Après des années marquées par des conflits juridiques, une gestion municipale provisoire et des incertitudes structurelles, le club andalou change officiellement de mains. Une opération financière, juridique et institutionnelle d'envergure a permis la revente du club à un groupe d'investissement privé, avec la promesse d'un projet à long terme et la volonté affichée de restaurer sa stabilité.
Une sortie de crise juridique
L'opération trouve son origine dans une décision du Tribunal Suprême espagnol en février 2025, qui a annulé l'expropriation des actions du club par la municipalité de Huelva, intervenue en 2016. Cette expropriation visait à sauver le club alors en grande difficulté financière, mais avait été contestée en justice par Gildoy España, société de l'homme d'affaires Pablo Comas, propriétaire historique du Recreativo.
Avec l'annulation judiciaire, Gildoy a retrouvé la pleine propriété des actions, ouvrant la voie à une revente intégrale du club. Cette transaction, médiée par la mairie et encore soumise à l'approbation du Conseil Supérieur des Sports (CSD), a été conclue avec la société TS Capital Partners S.L., basée à Séville.
En parallèle, Pablo Comas a renoncé à toute poursuite judiciaire contre le club, ses anciens dirigeants ou la municipalité, permettant de mettre fin à u contentieux de près d'une décennie.
Une nouvelle gouvernance privée avec maintien de l'ancrage local
Le conseil d'administration du Recreativo a été renouvelé. Il est désormais composé de deux représentants du groupe d'investissement et d'un représentant de la mairie de Huelva, Antonio Manuel Carrasco, qui conserve une fonction de liaison via l'entreprise publique Huelva Deporte. La ville, qui avait joué un rôle central dans la sauvegarde du club, reste impliquée dans une logique de partenariat institutionnel et symbolique.
Du côté privé, les figures clés sont :
- Adrián Fernández-Romero, nommé président du club (selon certaines sources) ou secrétaire du conseil (selon d'autres), mais présenté comme le principal stratège du nouveau projet.
- José Antonio Béjar González, désigné président du conseil dans les registres officiels.
- Simón Onrubia, journaliste et ancien directeur de la communication en Andalousie, également intégré à la direction.
Fernández-Romero est un acteur expérimenté dans le football espagnol. Il a été impliqué dans la gestion du Real Betis et du Cordóba CF, où il a supervisé l'arrivée du fonds Infinity en 2019. Il a également dirigé des structures audiovisuelles comme Footters et Retto Group, spécialisées dans la retransmission des compétition comme la Primera Federación (D3 espagnole).
Un groupe d'investissement aux ramifications internationales
Bien que TS Capital Partners soit le propriétaire officiel, plusieurs sources mentionnent qu'il pourrait s'agir d'un véhicule d'investissement affilié au groupe de l'homme d'affaires argentin Marcelo Figoli, président du Burgos CF et fondateur de Fénix Entertainment Group, conglomérat actif dans les secteurs des médias, du sport et de événementiel.
Ce groupe détient notamment :
- 70 % du Club Atlético Juventud de Las Piedras (Uruguay),
- des parts dans des chaînes de télévision régionales en Argentine,
- des entreprises de publicité urbaine.
Cependant, la législation espagnole interdit la multipropriété des clubs dans une même compétition nationale. Le montage via TS Capital serait donc destiné à éviter toute infraction réglementaire, tout en permettant à des capitaux liés à Figoli d'être engagés dans le projet.
Un défi sportif immédiat : sortir de la zone rouge
Sur le plan sportif, le Recreativo se trouve actuellement dans position de relégation en Primera Federación. Le marché des transferts hivernal, jugé peu dynamique, n'a pas permis de renforcer significativement l'effectif.
L'actuel directeur sportif, Marcos López, a supervisé les arrivées de Rafa Gálvez et Abraham Bahachille, ce dernier n'ayant pour l'instant que peu contribué. L'entraîneur Iñigo Vélez reste en poste, soutenu par une équipe technique remodelée, dont plusieurs membre ont côtoyé Fernández-Romero à Cordóba ou au Betis : David Ortega, Raúl Galbarro, Juanma Bernal, et David Herrerías.
Un projet en construction, un passé à solder
Les nouveaux propriétaires annoncent vouloir reconstruire sur des bases solides, avec pour ambition de ramener le club à sa place historique dans le football professionnel. La ville de Huelva, par la voix de ses élus, insiste sur le fait que cette opération met fin à des années d'instabilité et ouvre une phase "d'espoir pour 'recreativismo'".
Un plan de développement institutionnel et sportif devrait être présenté dans les prochains jours. Il pourrait inclure des volets liés à la formation, à la modernisation des infrastructures et à l'exploitation des canaux médiatiques, domaine d'expertise des nouveaux dirigeants.
Le Recreativo de Huelva, symbole centenaire du football espagnol, tourne une page importante de son histoire. La fin des conflits juridiques, le passage à une gestion privée structurée et la volonté politique de stabiliser le club posent les bases d'une potentielle renaissance. Mais celle-ci dépendra en grande partie de la capacité des nouveaux dirigeants à conjuguer vision économique, compétence sportive et respect de l'identité locale dans un contexte sportif immédiat particulièrement délicat.
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