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Crédit image : 2Playbook |
La récente décision du Conseil Supérieur des Sports (CSD) en faveur du FC Barcelone dans l’affaire des licences de Dani Olmo et Pau Víctor a mis en lumière une faille procédurale que le club catalan a su habilement exploiter. En s’appuyant sur des éléments techniques et institutionnels, le Barça a réussi à contourner la décision initiale de LaLiga et à obtenir gain de cause. Retour sur les faits et les stratégies mises en œuvre.
Une première validation économique suivie d’un refus administratif
Le 3 janvier 2025, LaLiga valide l'augmentation du Plafond du coût de l'effectif sportif (LCPD) du FC Barcelona, attestant que le club respecte les critères économiques en vigueur. À cette date, le club est donc éligible à inscrire de nouveaux joueurs sous réserve du respect des autres réglementations, notamment fédératives. Cependant, au moment de la demande d’inscription des joueurs Dani Olmo et Pau Víctor, LaLiga et la Fédération Espagnole de Football (RFEF) refusent leur validation, invoquant les articles 130.2 et 141.5 du Règlement Général de la RFEF.
Ces articles interdisent qu’un joueur dont la licence a expiré obtienne une nouvelle licence au sein du même club dans la même saison. Cette décision est formalisée à travers une réunion de la Commission de Suivi du protocole de coordination LaLiga-RFEF, qui constate l’application stricte du règlement.
Une interprétation différente du rôle de la Commission de Suivi
C’est ici que le FC Barcelona change d’angle d’attaque. Plutôt que de contester directement les décisions individuelles de LaLiga et de la RFEF, le club choisit de structurer son recours autour de la Commission de Suivi. Le club affirme que cette commission n’était pas compétente pour prononcer le refus des licences et que, par conséquent, la décision doit être invalidée.
L’objectif du Barça est de faire reconnaître une irrégularité procédurale qui pourrait amener le CSD à suspendre puis à annuler la décision de refus. Cette stratégie repose sur un déplacement du débat juridique. En effet, la Commission de Suivi ne serait pas l’organe ayant initialement refusé les licences, ce rejet ayant été formalisé à travers LaLiga Manager dès le 4 janvier 2025. Le FC Barcelone a donc orienté son recours vers un aspect procédural pour maximiser ses chances devant le CSD.
Le CSD tranche en faveur du FC Barcelone
Le CSD, saisi par le Barça, a statué en faveur du club catalan, estimant que la Commission de Suivi ne pouvait pas être l’organe décisionnaire dans cette affaire. En s’appuyant sur cet argument, le CSD a jugé que la décision de refus des licences était entachée d’un vice de procédure, ce qui a conduit à sa suspension, puis à sa révision en faveur du Barça.
LaLiga a immédiatement dénoncé cette décision et annoncé son intention de porter l’affaire devant la justice administrative. Selon l’instance, le CSD aurait privilégié une approche purement formelle sans tenir compte du fond du dossier, à savoir que la demande d’inscription contrevenait aux règles fédératives en vigueur.
Un repositionnement de LaLiga vers l’aspect financier
Face à cet échec sur le plan procédural, LaLiga a rapidement changé de stratégie en mettant en avant des éléments financiers. Dans un communiqué antérieur, l’instance a signalé que l’augmentation du LCPD accordée le 3 janvier était désormais remise en question en raison des nouveaux états financiers intermédiaires du FC Barcelone. Selon cette réévaluation, le club n’aurait jamais disposé d’une capacité suffisante pour inscrire les joueurs, ce qui rendrait de facto leur enregistrement impossible.
Ce revirement repose sur un point précis : une opération financière liée aux sièges VIP du Camp Nou, qui avait initialement été validée comme un revenu permettant d’augmenter le LCPD du Barça en janvier dernier. Cependant, après examen des comptes intermédiaires, LaLiga a estimé que cette opération n'a pas été validé par Crowe España, l'actuel auditeur blaugrana. En conséquence, l’ajustement du LCPD du Barça a été annulé, et LaLiga a soutenu que le club n’avait jamais eu la capacité financière d’inscrire Dani Olmo et Pau Víctor.
Une victoire temporaire du FC Barcelone, mais un avenir incertain
Si le FC Barcelona a remporté cette bataille en s’appuyant sur une faille procédurale, l’issue définitive de l’affaire reste incertaine. LaLiga a annoncé qu’elle contesterait la décision du CSD devant la justice administrative, et elle pourrait aussi utiliser son nouvel argument financier pour gagner la guerre.
Cette affaire illustre non seulement l’importance des procédures dans les batailles juridiques entre clubs et institutions, mais aussi la complexité croissante du football espagnol où les règlements sportifs, financiers et administratifs s’entrecroisent. Reste à voir si LaLiga pourra inverser la tendance ou si le FC Barcelone conservera son avantage. En attendant, le club catalan a prouvé qu’au-delà du terrain, les batailles se gagnent aussi dans les bureaux.
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