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Crédit image : 2Playbook |
L'affaire des inscriptions de Dani Olmo et Pau Víctor cristallise une nouvelle fois les tensions entre le FC Barcelone et LaLiga. Au cœur de cette polémique : une opération financière liée aux « Personal Seat License (PSL) » du Spotify Camp Nou et son impact sur le plafond salarial du club catalan. Entre décisions comptables contestées, menaces de sanctions et déclarations enflammées, retour sur une crise qui met en jeu bien plus que de simples inscriptions.
Les faits : une opération financière sous surveillance
Tout commence à la fin du mois de décembre 2024, lorsque le FC Barcelona informe LaLiga d’une transaction portant sur la cession de l’exploitation de certains espaces VIP du Spotify Camp Nou pour un montant de 100 millions d’euros. Cette entrée de liquidités permet alors au club de bénéficier d'une augmentation de son Plafond du coût de l'effectif sportif, lui offrant ainsi la capacité d'inscrire de nouveaux joueurs.
LaLiga valide initialement cette comptabilisation après avoir reçu, le 3 janvier 2025, un certificat d’un nouvel auditeur, désigné le 31 décembre, attestant de la validité de cette opération comme un revenu affectant le compte de résultat du club pour la saison 2024/2025. Cependant, quelques semaines plus tard, l’instance dirigeante du football espagnol commence à émettre des doutes sur la fiabilité de cette comptabilisation.
Le 14 février, LaLiga saisit le Conseil Supérieur des Sports (CSD) pour demander un contrôle spécifique sur l’opération. N’ayant reçu aucune réponse, elle réitère sa demande le 17 mars, mais le CSD refuse d’intervenir, affirmant que ce type de contrôle ne relève pas de son obligation.
Le revirement comptable et la réaction de LaLiga
Le 26 mars, LaLiga reçoit les États Financiers Intermédiaires du FC Barcelona, accompagnés d’un rapport d’un troisième cabinet d’audit, Crowe Auditores España, S.L.P. Ces documents révèlent un élément déterminant : la transaction des PSL n’apparaît plus dans la comptabilité du club en tant que revenu. Cela signifie que, selon ces nouveaux états financiers, le Barça n’avait en réalité pas la capacité d’inscrire Dani Olmo et Pau Víctor, contrairement à ce qui avait été certifié en janvier.
En conséquence, LaLiga réduit immédiatement le plafond du club et considère que les inscriptions des joueurs ne respectaient pas les règles du Fair Play Financier. Elle annonce également son intention de saisir l'Institut de Comptabilité et d'Audit des Comptes (ICAC) pour enquêter sur l’auditeur ayant validé la comptabilisation initiale.
Le rôle du CSD et le risque pour Dani Olmo et Pau Víctor
Face à ces révélations, le CSD se retrouve sous pression. En janvier, il avait accordé une mesure conservatoire permettant aux deux joueurs de rester inscrits malgré la contestation de LaLiga. Mais avec ces nouvelles informations, le CSD semble contraint de révoquer cette autorisation, ce qui entraînerait l’annulation définitive des licences de Dani Olmo et Pau Víctor.
Si cette révocation devait intervenir, cela ne signifierait cependant pas que le Barça a fait jouer les joueurs de manière irrégulière. Selon Iusport, une telle décision ne pourrait pas justifier une annulation des matchs disputés par Olmo depuis janvier, car la licence avait été accordée de manière légale à l’époque.
La réponse de Joan Laporta : une défense offensive
Le président du FC Barcelone, Joan Laporta, a immédiatement réagi, dénonçant une tentative de déstabilisation à la veille d’un match crucial contre l’Atlético de Madrid en demi-finale de Coupe du Roi. Il affirme que toutes les exigences réglementaires ont été respectées et que LaLiga cherche à affaiblir le club hors du terrain.
« Ce qu’ils ne peuvent pas gagner sur le terrain, ils veulent le gagner dans les bureaux », a déclaré Joan Laporta. Le président azulgrana promet une réponse juridique ferme et assure que le club défendra ses intérêts contre ce qu'il considère être une attaque injustifiée. Il rappelle également que la transaction des sièges VIP avait été validée par LaLiga en janvier et que les nouvelles contestations ne changent rien au respect des procédures initiales.
Un bras de fer à forts enjeux
Ce dossier met en lumière plusieurs problèmes structurels:
- Le manque de clarté dans la comptabilité du FC Barcelone, qui a changé d’auditeur à trois reprises en trois mois.
- La rigidité du Fair Play Financier de LaLiga, qui surveille de très près la gestion des clubs espagnols.
- Les relations tendues entre LaLiga et le FC Barcelona, qui s’inscrivent dans un conflit plus large sur la gouvernance du football espagnol.
Si LaLiga et le CSD confirment leurs positions, le FC Barcelona pourrait être contraint de revoir sa politique de recrutement l'été prochain et de gestion financière. L’issue de ce bras de fer pourrait donc avoir des répercussions sportives et économiques majeures pour le club catalan, déjà fragilisé par ses difficultés financières.
L'affaire est loin d’être close et devrait connaître de nouveaux développements dans les semaines à venir.
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