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Image : Portal Cadista |
Trois mois après son pari audacieux sur le Nasdaq, le Cádiz CF adapte sa trajectoire sans renoncer à ses ambitions. Le projet Sportech City, vitrine d'un football andalou tourné vers l'innovation, change de site : prévu à l'origine à Puerto Real, il sera finalement construit à El Puerto Santa Maria, sur un terrain presque deux fois plus vaste. Ce redéploiement territorial, loin de signifier un recul, marque une nouvelle phase du projet : celle de l'ancrage foncier, institutionnel et urbanistique, sans renier l'élan entrepreneurial qui l'a propulsé sur les marchés américains.
Un déplacement stratégique, pas un revirement
Lorsque le Cádiz CF présentait Sportech City en février dernier, il misait sur une synergie entre innovation technologique, infrastructures sportives et développement économique. Pour financer le projet, le club lançait sa filiale Nomadar sur le Nasdaq, dans l'objectif de lever 123 millions d'euros. Ce choix financier reposait sur une vision : faire du club gaditano bien plus qu'une institution sportive - un hub international du sport, du loisir et de la tech.
Mais en parallèle, les difficultés rencontrées à Puerto Real – notamment la résistance du pouvoir local et portuaire à requalifier les anciens terrains industriels de Delphi – bloquaient la phase opérationnelle. Face à ce blocage, le club n'a pas plié : il a déplacé son projet de quelques kilomètres, dans une zone plus accueillante administrativement mais tout aussi stratégique économiquement.
El Puerto de Santa María : un nouveau théâtre pour l'ambition gaditana
C'est donc à El Puerto, dans la zone industrielle de Las Salinas de Levante, que Sportech City verra le jour, selon Diario de Cádiz. La surface du projet passe de 120 000 m² à 291 500 m², ce qui permet d'intégrer pleinement un complexe sportif moderne, en plus du centre d'événements de 40 000 places, des infrastructures technologiques, de la future académie résidentielle et des espaces de loisirs.
Le projet s'insère dans une stratégie de transformation urbaine assumée. La municipalité d'El Puerto, dirigée par le Parti populaire, s'apprête à approuver en conseil municipal une modification du Plan Général permettant la requalification des terrains. Le club assumera l'ensemble des frais d'urbanisation et d'infrastructures d'accès, pendant que la ville portera auprès des autorités deux projets connexes : un nouveau passage ferroviaire et un nouvel arrêt de train dans la zone.
Une cohérence économique intacte
Les fondamentaux financier du projet restent inchangés :
- 371 millions d'euros d'investissement prévus,
- des revenus annuels estimés à 47 millions d'euros à horizon 2030,
- une partie du financement est assurée par le Plan Impulso de LaLiga (fonds CVC),
- une levée de fonds toujours en cours via la cotation de Nomadar aux Etats-Unis.
Le déplacement du projet ne remet pas en cause la structure d'investissement ni la gouvernance du projet, qui s'appuie toujours sur la consultante KPMG et un conseil d'administration renforcé, incluant des figures comme Peter Moore, ancien CEO de Liverpool FC.
Vers une redéfinition du modèle de club ?
En choisissant de ne pas attendre des arbitrages institutionnels incertains à Puerto Real, le Cádiz CF a montré une agilité entrepreneuriale peu commune dans le football espagnol. Là où d'autres clubs voient dans les infrastructures un simple outil de performance sportive. Cádiz envisage comme un levier d'autonomie économique, une source de revenus structurels et un moteur territorial.
Ce choix ne signifie pas l'abandon de l'actuel centre d'entraînement d'El Rosal, qui deviendra un centre de technification et de formation internationale. Mais le cœur de projet, tant sportif qu'économique, battra à El Puerto, au sein de ce qui s'annonce comme l'un des plus ambitieux complexes multifonctionnels de l'écosystème LaLiga.
Une mue toujours en cours
Sportech City entre désormais dans une nouvelle phase : celle de la planification réglementaire et des premiers chantiers. Si la modification urbanistique est entérinée cet été, les travaux pourraient débuter dès 2026. En parallèle, la stratégie financière portée par Nomadar devra convaincre durablement les marchés, à l’heure où la rentabilité des clubs de football reste structurellement fragile.
Mais une chose est certaine : en refusant l’immobilisme, Cádiz CF continue de tisser les fils d’un futur où le club ne sera pas seulement un acteur sportif… mais un acteur économique à part entière du territoire gaditan.
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