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Chen Yansheng, président du RCD Espanyol Crédit image : El Periodico |
Le RCD Espanyol s'apprête à acter une nouvelle augmentation de capital d'un montant de 38 millions d'euros lors de son Assemblée Générale Extraordinaire convoquée pour le 27 juin 2025. Cette opération, la quatrième depuis l'arrivée de Rastar Group en 2016, constitue un jalon stratégique dans la consolidation financière du club catalan, tout en préparant le terrain pour un renforcement de sa compétitivité sportive en LaLiga EA Sports, où il a assuré le maintien pour la saison 2025/2026.
Cette recapitalisation s'inscrit dans une dynamique de soutien constant de l'actionnaire majoritaire, le groupe chinois Rastar, dont l'investissement cumulé atteindre 201 millions d'euros après l'opération. En substance, il s'agit de convertir un prêt participatif de 40 millions d'euros, initialement consenti en 2023-2024, en capital propre. Ce mécanisme de capitalisation permet non seulement d'effacer une dette de long terme, dont l'échéance arrive en 2027, mais surtout de renforcer les fonds propres comptables du club, un indicateur clé dans la régulation financière imposée par LaLiga.
De la dette au capital : mécanique comptable et enjeu réglementaire
Le prêt participatif reconverti avait été mis en place en deux temps : une ligne de crédit de 18 millions d'euros signé en avril 2023 avec le principal actionnaire, transformée en prêt participatif à hauteur de 40 millions d'euros durant l'exercice 2023-2024, avec échéance en juin 2027. Ce prêt, indexé sur les résultats nets du club, comptait comme quasi-fonds propres selon les normes comptables espagnoles. Sa conversion en action renforce donc mécaniquement le patrimoine net, un levier déterminant pour rehauser le plafond salarial ("límite de coste de plantilla deportiva") applicable à partir de la saison 2025-2026.
Or, en fin d'exercice 2023-2024, les capitaux propres du RCD Espanyol n'étaient que de 70,36 millions d'euros, contre un capital social toujours inchangé à 165,58 millions d'euros. Ce déséquilibre structurel, provoqué par les pertes nettes subie depuis la saison 2020/2021 et signe d'un patrimoine net inférieur à 50 % du capital social, aurait pu placer le club en situation de risque juridique en vertu du Code du commerce espagnol. La capitalisation du prêt participatif permet d'éviter cette situation en renforçant l'équilibre bilanciel.
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Des pertes structurelles atténuées, mais toujours présentes
L'analyse des comptes sur les trois derniers exercices montre une érosion continue des revenus et une contraction des charges, mais sans retour à l'équilibre :
- Le chiffre d'affaires net est passé de 78,33 millions en 2021-2022 à seulement 23,73 millions d'euros en 2023-2024, principalement en raison du passage en LaLiga Hypermotion (Segunda Division), qui a drastiquement réduit les droits audiovisuels (-80 %) et les revenus commerciaux (-57%).
- Les charges salariales ont été comprimé (de 64,59 millions à 44,49 millions d'euros sur la même période), via des mécanismes de baisse automatique des salaires en cas de relégation, mais cela n'a pas suffi à éviter 13,76 millions d'euros en 2023-2024.
- Depuis 2020-2021, les pertes cumulées atteignent 67,31 millions d'euros, en grande partie liées aux des descentes (2020-2021 et 2023-2024), à la crise de la Covid-19 et à des investissements sportifs non rentabilisés (mercato 2019 et 2021).
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Une recapitalisation au service d'un cycle vertueux à reconstruire
Cette nouvelle injection de capitaux n'est donc pas une manœuvre opportuniste, mais un geste de stabilisation structurelle. En renforçant les capitaux propres, le club pourra faire valoir une meilleure solvabilité auprès de LaLiga et des tiers. Cela lui permettra :
- d'augmenter son plafond salarial en 2025-2026 (après un budget limité à 39 millions d'euros en 2023-2024 contre 80 millions en 2022-2023),
- de réduire sa dépendance à l'endettement bancaire (quasi nul à 0,36 million fin 2023-2024)
- de retrouver une marge de manœuvre pour investir dans son effectif après son maintien en 2024-2025 et dans ses infrastructures.
- et d'absorber plus facilement les écarts potentiels de trésoreries liés au marché des transferts ou aux aléas sportifs.
En parallèle, le club espère finaliser une vente significative (Joan Garcia), qui permettrait d'assurer l'équilibre budgétaire de l'exercice en cours. Cette stratégie conjointe de recapitalisation et d'optimisation de l'effectif vise un retour durable à la stabilité, à la fois sportive et financière.
Une recapitalisation-pivot dans une cycle de transition
Le RCD Espanyol se trouve dans un entre-deux : ni encore pleinement remis des secousses financières des dernières saison, ni encore réinstallé durablement dans l'élite espagnole. L'augmentation de capital de juin 2025 marque une étape décisive dans ce processus de reconstruction.
Elle constitue un signal fort de l'engagement de Rastar Group, mais aussi une condition sine qua non pour accompagner un retour à la compétitivité, en s'alignant sur les exigences réglementaires de LaLiga et en dotant le club des outils financiers nécessaires à une gestion saine. Dans un contexte où l'économie du football espagnol se structure de plus en plus autour de la discipline financière, l'Espanyol joue ici une carte majeure pour se repositionner durablement parmi les acteurs stables et ambitieux du championnat.
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