Crédit image : Real Racing Club |
Le retour dans le football professionnel a permis au Real Racing club de renouer avec les bénéfices. Le chiffre d'affaires a été multiplié par quatre, mais des défis subsistent pour stabiliser la situation financière à long terme.
L'une des spécificités du football est la volatilité des revenus. Les performances sur le terrain sont un facteur déterminant de l'évolution de ceux-ci d'une année sur l'autre. Dans le cas du Racing Santander, le fait de sauter d'une division à une autre a quadruplé son chiffre d'affaires, lui permettant même de s'assurer un bénéfice de 2,3 millions d'euros la saison dernière, inversant les chiffres rouges des deux saisons précédentes dont le total a atteint 5,2 millions.
Le club, qui a entamé un nouveau projet fin juin dernier après le rachat de 75% du capital social par Sebman Sport, a clôturé la saison 2022/2023 avec un chiffre d'affaires net de 10,5 millions d'euros. Une activité principale qui a bien progressé par rapport à la saison précédente quand elle évoluait en Primera Federación (troisième division) où ce chiffre s'élevait à 2,8 millions d'euros.
La différence majeure entre les deux catégories se trouve dans la vente des droits audiovisuels qui représente 54,3 % des recettes nettes du Real Racing la saison dernière. En deuxième division, cette source de revenus a rapporté 5,7 millions d'euros, contre 315 mille euros la saison précédente. La montée dans la catégorie argentée a également amélioré les autres sources de revenus. La vente d'abonnements a rapporté 2,4 millions d'euros, contre 933 mille l'année précédente. Les recettes de compétitions, qui englobent également la billetterie libre, ont atteint 1,2 million d'euros et le marketing a évolué de 74,4 % pour atteindre 776 mille euros.
Le club cantabre a également fourni les efforts nécessaires pour assurer son maintien dans la catégorie argent pour la saison 2023/2024. L'équipe a terminé 12e la saison dernière en progressant également jusqu'au deuxième tour en Coupe d'Espagne. Même si la direction s'est contentée de transferts et de prêts gratuits pour se renforcer, elle a tout de même améliorée les salaires de ses joueurs, en ligne avec l'augmentation de son chiffre d'affaires. Ainsi, le coût du personnel sportif a doublé d'une année sur l'autre, passant de 3,5 millions à 7,9 millions d'euros, dont 811 mille euros correspondent aux primes pour le maintien.
La vente de Pablo Torre au Barça a rapporté une plus-value de 5 millions d'euros, aidant le club à réaliser un bénéfice
Les salaires du personnel administratif ont augmenté de 74,7%, à 1,4 million, tandis que les autres frais de fonctionnement ont atteint 4,5 millions d'euros, contre 1,9 million la saison précédente. Toutefois, le coup de maître du club, qui lui a permis de réaliser un résultat d'exploitation de 4 millions d'euros, provient du marché des transferts, avec la vente de Pablo Torre au FC Barcelona. Une opération qui a rapporté une plus-value de 5 millions d'euros, d'autant plus que le club n'a pas de charges d'amortissement de ses joueurs, étant donné qu'ils sont acquis gratuitement ces dernières années ou formés au club, comme le cas de Pablo Torre.
La dette a augmenté de 14 % à 34,5 millions d'euros
Un maintien continu en Segunda est crucial pour le Racing afin de renforcer sa situation financière minée par la dette de sa procédure collective. Cette saison, les performances sportives sont plus que satisfaisantes car à trois journées de la fin de la phase régulière de la Liga Hypermotion, le Racing Santander est classé sixième, ce qui lui octroie, à ce jour, le dernier ticket qualificatif pour les playoffs de montée en première division. Une promotion en Liga EA Sports sera un exploit sportif, mais également une bonne opportunité financière pour l'entité verdiblanca, car en première division, la vente des droits audiovisuels rapporte au minimum 45 millions d'euros.
En ce qui concerne sa situation financière au bilan, le Racing présente un actif de 47,6 millions d'euros au 30 juin 2023, en baisse de 4,2 % par rapport à l'année précédente. Sa valeur nette comptable s'élève 3,6 millions, grâce aux subventions apportées sans contrepartie par les organismes publiques, car ses fonds propres nets sont négatifs de 18,4 millions d'euros. Le passif s'élève à 43,8 millions d'euros, dont 36 millions correspondent à la dette du club, cette dernière ayant augmenté de 14% d'une année sur l'autre.
Sebman Sport, l'actionnaire majoritaire, a capitalisé 5 millions d'euros pour renforcer les fonds propres
Une grande partie de cette dette (24,3 millions) provient d'un prêt que deux des précédents actionnaires, Retlaw Cantabria et Management and Professional Sports Development, avaient octroyé au club en 2019 pour lui permettre de restructurer son passif. Cette opération avait également pour but de régulariser la situation auprès du fisc espagnol, qui avait mis sous embargo les revenus depuis 2013 en raison de la faillite. Cette dette est actuellement gérée par l'actionnaire majoritaire, Sebman Sport, qui au cours de l'assemblée générale des actionnaires en septembre dernier, a capitalisé l'encours à court terme, 5 millions d'euros, pour renforcer les fonds propres du club.
Pendant cette même assemblée, afin de ne pas léser les actionnaires minoritaires avec cette capitalisation, le conseil d'administration a approuvé le lancement d'une augmentation de capital ouverte à tous les autres actionnaires d'un montant total de 1,7 million d'euros via l'émission de 340 040 nouvelles actions ayant une valeur nominale de 5 euros chacune. Cette opération s'est clôturée le 27 décembre avec la participation de 204 actionnaires, 3 314 actions souscrites et un apport de 16 570 euros.
Après son dépôt de bilan en 2012, le Real Racing a trouvé un accord avec ses créanciers dans le cadre de son redressement judiciaire. A la clôture de l'exercice 2022/2023, la dette de cette procédure collective s'élevait à 4,7 millions d'euros, soit une réduction de 31,7 % d'une année sur l'autre. De ce montant, le club devra amortir 1,7 million d'euros d'ici fin juin, ce qui le rapproche de la fin de cette procédure collective.
Par ailleurs, suite à son accession au football professionnel la saison dernière, le Real Racing a adhéré au Plan Impulso de LaLiga, un contrat de financement des clubs professionnels espagnols signé entre LaLiga et la société capital-risque CVC Partners. À cet égard, le fonds d'investissement a injecté 1,9 milliard d'euros dans le football espagnol que l'organisme présidé par Javier Tebas redistribue aux clubs signataires sous forme de prêt participatif avec un taux d'intérêt fixe applicable de 0%. En retour, CVC conserve un intérêt variable de 1,52% sur les recettes nettes des droits audiovisuels de chaque club signataire.
Ainsi, le Racing a droit à un financement de 4 millions d'euros dont 70 % doivent être consacré à la modernisation de ses infrastructures. Jusqu'au 30 juin 2023, le Real Racing a déjà reçu 1,3 million d'euros de ce montant. Cette adhésion à ce programme promu par LaLiga a contribué dans l'ensemble à l'augmentation d'une année sur l'autre de 14 % de la dette totale en juin 2022, d'autant plus que le club entretient également une dette envers LaLiga qui lui a fait crédit jusqu'à la saison prochaine (2024/2025) de sa caution de 2,5 millions de sa participation aux compétitions professionnelles.
Une situation financière à améliorer
En cas de non accession à la Primera, le Real Racing Santander s'assure tout de même de continuer en Segunda la saison prochaine. Rester dans le football professionnel est une nécessité cruciale pour améliorer la situation financière. A la clôture de la saison dernière, le club cantabrique présentait un fonds de roulement négatif de 6,46 millions d'euros et un ratio de liquidité immédiate ou ratio de trésorerie de 38,7 %, ce qui signifie que son actif courant, d'un montant de 4,4 millions d'euros, n'arrive pas à couvrir ses 10,9 millions d'euros de passifs courants.
Nonobstant le fait que les clubs de football présentent souvent un fonds de roulement négatif à la clôture de leur exercice, en raison de la nature de leurs activités saisonnières, comme le marché des transferts ou encore les paiements des salaires des joueurs, qui interviennent souvent en janvier et en juillet, une amélioration de ces indicateurs est recommandée pour une meilleure stabilité financière. Pour ce faire, une augmentation ou une stabilité des recettes et une maîtrise des dépenses doit être une des priorités du conseil d'administration actuel présidée par Manolo Higueira.
Dès son arrivée à la présidence, en compagnie de Sebastian Ceria, son binôme argentin avec qui il a racheté le club via Sebma Sport, l'ancien joueur du club, qui l'avait déjà dirigé entre 2015 et 2018, a évité la rupture dans le domaine sportif. « La direction sportive restera inchangée. Mikel Marija sera le directeur sportif, José Alberto sera l'entraîneur de l'équipe première et ce n'est pas par continuité, mais par conviction totale », avait-il déclaré en juillet dernier lors de la présentation du nouveau projet.
Manolo Higuera (gauche) et Sebastian Ceria (droite) ont pris le contrôle de 75% du Real Racing via Sebman Sports. Crédit image : Real Racing Club |
Ce choix porte ses fruits actuellement car les résultats sur le terrain sont au rendez-vous. Les performances actuelles pourront aider à mieux valoriser les joueurs, comme ce fut le cas pour Pablo Torre, pour des transactions plus lucratives sur le marché des transferts, tout en ayant une attractivité dans le recrutement de jeunes talents. En continuant sur la voie de la rentabilité, le club pourra réduire son endettement et avoir une meilleure couverture du coût de la dette qui s'élève à 1,3 million d'euros.
Pour 2023/2024, le Real Racing a établi un budget de recettes de 12,5 millions d'euros et prévoit un résultat d'exploitation de 1,9 million
Les autres piliers sur lesquels Higueira et Ciria souhaitent s'appuyer sont le domaine social avec une meilleure intégration des supporters dans la vie du club ; la communication, un secteur dans lequel le Racing a connu une belle percée depuis son retour en Segunda avec 914 729 nouveaux followers gagnés sur les réseaux sociaux au cours de la saison 2022/2023 et plus de 24 millions d'engagements, selon les données collectées par BlinkFire. Le quatrième et dernier secteur est l'économie où, en plus d'un développement du marketing, le club souhaite attirer le plus de foules dans le stade El Sardiniero.
Pour cela, une réduction de 5 % sur le prix de l'abonnement de cette saison a été appliquée au cours de l'été et les fans qui étaient abonnés avant la mise en place de cette remise, auront une un rabais de 6 % la saison prochaine. En janvier, pour la deuxième campagne d'abonnement, 500 nouveaux abonnés se sont rajoutés pour la deuxième moitié de la saison. En outre, la nouvelle direction souhaite élargir les perspectives dans la création d'une équipe féminine au cours de la saison 2024/2025. Toutes ces initiatives sont pilotées actuellement par Felipe Llamazares Diaz, nommé directeur général du club depuis fin juillet.
Cette saison, le club prévoit de maintenir son chiffre d'affaires net à plus de 10 millions d'euros et la totalité de ces recettes à 12,5 millions d'euros. Les charges d'exploitation devront se situer aux alentours 11,5 millions d'euros, ce qui se traduirait par un résultat d'exploitation de 1,9 million d'euros.
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