Le club de LaLiga Santander a augmenté son chiffre d'affaires net de 17,5% mais n'a pas pu éviter les effets de la crise sur son résultat net. Les pertes s'élèvent à plus de 41 millions d'euros, tandis que la dette nette a doublé.
La dépression du marché des transferts, due à la pandémie du Covid-19, a eu de lourdes conséquences sur les résultats financiers du Sevilla FC en 2020/2021. Le club hispalense, qui depuis plusieurs saisons, a basé son modèle économique sur la vente de joueurs, a accusé le coup de la crise lors de cette saison, impactée, en plus, par l'absence du public dans les stades.
Chiffre d'affaires et pertes records
La qualification en Ligue des Champions lors de la campagne 2020/2021 a été une bouffée d'oxygène pour le Sevilla FC qui, malgré l'absence de recettes de billetterie et d'abonnements, a fait croître son chiffre d'affaires net de 17,5%, à 170,71 millions d'euros. Le conseil d'administration n'a pas manqué de souligner cette différence entre les revenus de la plus grande compétition interclub européenne et ceux de sa soeur cadette, la Ligue Europa, dans laquelle l'équipe andalouse règne en maître absolu.
Ainsi, grâce à son parcours jusqu'en huitièmes de finale du tournoi majeur, le Sevilla FC a pu compenser le gros manque à gagner subi à cause de la fermeture du Sánchez-Pizjuán au public tout au long de la saison. Les recettes d'abonnements, qui avant la crise tournaient autour de 13 millions d'euros, ont baissé de 98,1% par rapport à la saison précédente. En 2019/2020, l'entité avait déjà enregistré une chute jusqu'à 8 millions d'euros. Pour 2020/2021, elle n'a pu compter que sur la cotisation annuelle de ses socios, qui a rapporté 155 mille euros seulement.
Toutefois, cet écart a été compensé par les revenus de compétitions, d'un montant 36,6 millions d'euros, environ 10 millions de plus que l'année précédente, quand l'équipe avait remporté la Ligue Europa. À cela s'ajoute la stabilité des autres sources de revenus qui composent le chiffre d'affaires net, à savoir les droits de télévision et les recettes commerciales.
Les recettes télévisuelles ont contribué jusqu'à 82,61 millions d'euros, soit quelques milliers de moins que la saison précédente. Pour sa part, le secteur commercial a à peine bougé et s'est stabilisé à 17,32 millions d'euros. Deux sources de revenus, qui selon le conseil d'administration, auraient dû augmenter considérablement s'il n'y avait pas eu la pandémie.
Refroidissement du marché des transferts et le pari pour la Ligue des Champions
Malgré cette croissance globale des revenus ordinaires, le Sevilla FC a toujours assumé le fait que sa rentabilité financière se repose principalement sur la vente de joueurs. Pour cela, l'entité concède une majeure partie de son budget dans le perfectionnement de son effectif afin de maintenir sa compétitivité et d'atteindre chaque année les places qualificatives de la Ligue des Champions. Pari réussi la saison dernière, mais au prix d'une augmentation des dépenses salariales.
En dépit de la baisse de ses charges d'exploitation, le club présidé par José Castro a maintenu la croissance de ses dépenses. Par conséquent, les fiches de paie du Sevilla FC ont augmenté de 7,6% pour atteindre 122,30 millions d'euros au total. De ce montant, 115 millions ont été investis dans le personnel sportif (joueurs et staff technique), soit une hausse de 12,8% par rapport à l'année précédente. En outre, les amortissements pour achat de joueurs ont grimpé de 3,3% jusqu'à 62,57 millions d'euros, ce qui fait que le coût total du personnel sportif a atteint 177,6 millions d'euros.
Dans ce cas-là, afin de supporter les charges, le Sevilla FC pouvait compter sur ses plus-values des transferts, qui au cours des quatre dernières saisons, s'élevaient en moyenne à 60 millions d'euros. Toutefois, avec les conséquences de la crise du coronavirus sur le marché des transferts, l'entité s'est contenté seulement de 16 millions d'euros de plus-values au cours de la saison 2020/2021. Un montant insuffisant pour couvrir toutes les dépenses assumées et qui a créé le déséquilibre financier traduit par les 41,3 millions d'euros perdus au cours de l'exercice.
Solidité des fonds propres et augmentation de la dette nette
Le trou laissé à la clôture de l'exercice est énorme, mais le Sevilla FC a pu se reposer sur les bénéfices réalisés les saisons antérieures pour garder sa valeur nette positive de 56,5 millions d'euros. Toutefois, le gros impact de ce déséquilibre réside dans la trésorerie qui a diminué de 42 millions d'euros pour s'établir à 5,6 millions au 30 juin 2021. Une situation inconfortable pour le calcul de l'endettement net.
En effet la dette nette a doublé jusqu'à 88,26 millions d'euros, même si, de manière globale, les passifs financiers ont diminué d'environ 30 millions d'euros pour s'établir à 196,81 millions d'euros. À cela s'ajoutent les 5,70 millions d'euros que le club doit aux administrations publiques et qui placent la dette du Sevilla FC à la fin de la saison 2020/2021 à 202,5 millions d'euros.
Les engagements auprès des clubs et entités sportives ont été réduit jusqu'à 82,85 millions d'euros, de même que ceux auprès des banques et fonds d'investissement spécialisés, à 46,12 millions.
Budget 2021/2022 et l'avenir des projets
Avec la réouverture des stades aux fans et la participation en Ligue des Champions, le Sevilla FC compte retrouver l'équilibre budgétaire cette saison. Ainsi, il espère améliorer encore son chiffre d'affaires net estimé à 189,53 millions d'euros. À cela, s'ajouteront les plus-values des transferts d'un montant de 34,82 millions d'euros prévu avant la fin de la campagne. En conséquence, l'entité a augmenté de 11% la valeur comptable de son effectif, qui a atteint 165,2 millions d'euros.
Pour le moment cet objectif sur le marché des transferts est en bonne voie avec les ventes de Bryan Gil, Sergi Gomez ou encore Arana. Le club a avancé sa confiance de retrouver la rentabilité si le Covid-19 ne vient pas chambouler ses plans au cours de la saison. « Le degré d'incertitude des recettes budgétisées pour l'exercice 2021/2022 est faible, à condition que les effets du Covid-19 soient atténués par rapport à ceux constatés au cours de l'exercice précédent », a souligné le conseil d'administration dans son rapport de gestion.
Par ailleurs, dans l'ambition de consolider son patrimoine et de faire du Sevilla FC, une marque internationale, le conseil présidé par José Castro a déjà entrepris des changements avec la création d'une direction générale chargée uniquement des activités commerciales. Un poste confié à Jorge Paradela. L'arrivée de la fintech Naga comme sponsor principal maintiendra les recettes de ce secteur stables avant l'entrée prévue de Castore comme nouveau sponsor technique en 2022/2023.
Au niveau des installations, l'entité continue d'investir dans la rénovation de son centre d'entraînement et du stade Sánchez-Pizjuán. Le conseil a expliqué dans le rapport qu'au cours des derniers mois, il a pris des engagements d'achat ferme de 9,3 millions, tous liés au « processus de rénovation, d'amélioration et d'expansion des installations ».
Si le coût estimé pour le centre d'entraînement est de 20 millions d'euros, celui de la réhabilitation du temple nervionense reste incertain. Avec les effets dévastateurs de la pandémie sur les finances, chiffrés à plus de 27 millions par le conseil au cours de la saison 2020/2021, il n'est pas donc surprenant de voir le Sevilla FC faire partie des 39 clubs de LaLiga qui ont accepté l'accord avec CVC.
L'investissement de la société de capital risque britannique dans le football professionnel espagnol devrait rapporter un peu plus de 100 millions d'euros au club andalou. De quoi se blinder pour réduire la dette et terminer les projets de rénovation des infrastructures.
Crédit photo de couverture : Sevilla FC
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