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Les gros investissements des clubs de LaLiga pour attirer et former des talents

Le stade Johan Cruyff, FC Barcelona

Les clubs de LaLiga ont accéléré leurs investissements dans les infrastructures, clé de l'inflation du marché des transferts et de l'importance qu'elles ont acquise pour de nombreux joueurs lors du choix d'une équipe.

La Masia du FC Barcelone est probablement la première image qui vient à l'esprit quand on parle de centre de formation. Le club blaugrana a été l'un des pionniers de la double formation de ses jeunes talents, en leur offrant une résidence pour ceux qui ont quitté leur maison en quête d'une carrière sur les pelouses et en établissant sa propre méthode d'entraînement associée aux études. Aujourd'hui ce bâtiment historique est préservé comme siège institutionnel et a été remplacé par une macro-infrastructure de plus de 150 000 mètres carrés, dans laquelle plus de 100 millions d'euros ont été dépensés. Bien sûr, la pépinière du Barça n'est pas la seule. En Liga, il y a actuellement des projets en cours pour plus de 200 millions d'euros. Moins que ce que le PSG a dépensé pour s'acquérir Neymar. La différence est que la performance à long terme de ces centres peut être précisément de former des joueurs pour une valeur économique beaucoup plus élevée, soit pour les transférer, soit pour les intégrer dans l'équipe première.

Les efforts dans l'investissement


Ce montant ne comprend que les investissements annoncés dans la construction de nouveaux centres d'entraînement et de formation, car le coût est beaucoup plus élevé si l'on prend en compte les projets d'agrandissement ou de rénovation en cours. À cela, s'ajoutent les budgets élevés qui sont alloués à la rénovation des stades, ce qui explique le fait que les investissements bruts en infrastructure au cours des cinq dernières années se soient élevés à 1 588,2 millions d'euros.

Le montant est énorme, mais il montre que la priorité des clubs reste le recrutement de joueurs, qui en 2017/2018, ne représentait qu'un effort de 1 078,4 millions d'euros. Maintenant, la nuance de la comparaison des investissements dans les joueurs ou dans les infrastructures est importante, car une grande partie du budget des transferts provient précisément de la vente précédente d'autres droits fédératifs, tandis que les installations sont réalisées principalement avec le soutien des banques ou des entreprises d'investissement spécialisées.


Les clubs de LaLiga ont augmenté leurs investissements dans les infrastructures au rythme annuel de 14%, atteignant 262,2 millions d’euros en 2017/2018. Lors de cette saison, il y a eu une baisse de 42,7% par rapport à 2016/2017, ce qui est entièrement attribuable au fait que la majeure partie des travaux de construction du Wanda Metropolitano ait été concentrée cette année-là. En effet, le patronat assure dans son rapport économique et financier du football professionnel 2018 « qu'à partir de la saison 2019/2020, un rebond de l'effort d'investissement dans les infrastructures est attendu », avec près de 1 200 millions d'euros pressentis au cours des trois prochaines années.

À ce chiffre, s'ajoutent plus de 87 millions d'euros que les équipes de LaLiga Santander et de LaLiga Smartbank consacrent annuellement à l'entretien de l'ensemble de leur centre de formation, qui selon le patronat est composé de 600 équipes, 10 467 joueurs et 1 594 encadrants.

Maquette Ciudad Deportiva CD Tenerife
CD Tenerife : 12 millions d'euros pour se remettre au centre de l'île. Le complexe, financé à 75% par les pouvoirs publics, se compose actuellement de quatre terrains de football, auxquels s'ajouteront un bâtiment de services complémentaires, une salle de sports et des bureaux pour le staff technique. (Crédit-Photo : Canarias Diario)

LaLiga défend l'importance de ces données car, en attendant l'évolution de l'investissement dans le recrutement de joueurs,  « cette situation marque une étape historique sans précédent dans l'engagement d'investissement » des équipes de football. Bien entendu, le même rapport met en garde contre un obstacle que la plupart des dirigeants admettent être l'un des grands pièges : obtenir du crédit dans une entreprise étroitement liée au court terme et dans laquelle les banques apprécient  encore certains risques de réputation. « C'est un défi en termes financiers », confirment-ils.

« Les banques peuvent avoir des doutes sur l'avenir des prêts en cas de descente en deuxième division, mais les données montrent qu'il y a aussi une rentabilité dans cette catégorie », a expliqué Ignacio García, directeur financier du Levante UD. Les règles du contrôle économique de LaLiga assurent que ce type de dette ne sera pas impayé, mais les mauvaises expériences de nombreuses banques sont toujours dans les mémoires. D'autant plus que la dette financière nette du football professionnel est passée de plus de 800 millions d'euros pendant la crise de 2008 à 606,2 millions d'euros en 2017/2018.

Le défi du financement à long terme


En mars 2019, le président exécutif et actionnaire principal du Real Sporting de Gijón, Javier Fernández a regretté que « depuis deux ans, les banques traditionnelles soient déjà présentes dans les clubs, même si cela continue d'être du financement à court terme ». Une véritable épine pour les entités qui travaillent avec des marges très serrées et qui avec ce type d'investissement ont précisément besoin d'un financement à long terme qui ne compromet pas immédiatement leur situation de trésorerie, car des coûts supplémentaires de gestion doivent être ajoutés au service de la dette impliquant des complexités tels que ceux envisagés.

Ciudad Deportiva SD Eibar
SD Eibar : 16 millions d'euros pour avoir son propre centre d'entraînement. Le club armero souhaite que sa première Ciudad Deportiva ait quatre terrains de football, ainsi que des vestiaires, une salle de sports et des espaces communs. Il est envisagé qu'un cinquième terrain puisse y voir le jour selon l'évolution du club. (Crédit-Photo : Diario Vasco)

Par exemple, le SD Eibar a estimé que l'ouverture de son centre d'entraînement entraînera une dépense annuelle d'environ 644 900 euros en entretien, dont 180 000 euros destinés au personnel. Désormais, le groupe présidé par Amaia Gorostiza part avec l'avantage d'être l'un des rares, sinon le seul club à pouvoir financer l'intégralité des travaux avec ses propres ressources. La raison est que l'entité basque a réussi à trouver un équilibre entre ses charges pour continuer dans l'élite et la génération de trésoreries pour des projets à moyen terme.

Ciudad Deportiva UD Las Palmas
UD Las Palmas : 22 millions d'euros pour le monopole du football des Canaries. L'équipe de Gran Canaria a inauguré l'été dernier un complexe avec trois terrains de football, une salle de sport, une salle de presse et de réunion, un réfectoire et un bâtiment de service destiné à la fois à l'équipe première et aux catégories jeunes. (Crédit-Photo : udlaspalmas.net)

Eibar est actuellement l'un des clubs les plus rentables de LaLiga Santander et, depuis 2015, il a généré un tiroir-caisse de plus de 30 millions d'euros pour développer ses propres actifs. Aux Îles Canaries, l'UD Las Palmas a opté pour un financement privé dans but d'achever son propre centre d'entraînement auquel il a alloué 22,5 millions d'euros pour pouvoir concentrer toute son activité dans un seul endroit. Le cas du club de Gran Canaria est plus complexe, car il a dû combiner ce projet avec l'aboutissement de la consolidation de son bilan comptable et le paiement des crédits financiers qu'il avait acquis pour mettre fin à la procédure de mise en faillite.

La nouvelle Ciudad Deportiva du Celta Vigo
RC Celta : 45 millions d'euros pour un centre d'entraînement très commercial. Le club prévoit de construire un complexe dans la commune de Mos, périphérie de Vigo, avec huit terrains de football, un mini-stade pour l'équipe B, un auditorium, un centre d'affaires et d'étude, une résidence pour les joueurs et une zone commerciale. (Crédit photo :  Cope)

Pour sa part, le RC Celta a conçu un projet dans lequel un financement extérieur sera nécessaire, bien que son idée soit qu'il passe par des droits d'exploitation commerciale sur une partie du terrain où son grand pôle d'activité sera construit, à l'extérieur du stade Balaídos. Le plan initial prévoit un investissement de 45 millions d'euros, bien que divisé en plusieurs parties car certaines actions font précisément l'objet d'accords politiques autour de l'idée de construire un grand centre commercial annexe sur une superficie de 140 000 mètres carrés.

Cette partie du projet est en phase de négociation politique, car elle oblige les propriétaires du terrain où le centre d'entraînement doit émerger à s'entendre, ainsi que la Xunta Galicia (le gouvernement de Galice, NDLR), puisque l'exécutif autonome doit approuver le changement d'affectation des sols.  Une attente qui, dans le cas de l'UD Levante, a été plus d'un an avant de parvenir à un accord avec l'autorité portuaire de Valence. Concernant l'Atlético de Madrid, la finalisation des discussions avec la mairie de Madrid est proche pour développer l'environnement du stade Wanda Metropolitano.

Un calendrier difficile


Ces projets ne sont pas simples, ni dans leur conception ni dans leur exécution, car ils obligent les clubs à suivre le marché immobilier à la recherche de terrains adéquats dans leurs villes ou non loin d'elles. Arrive plus tard le soutien institutionnel nécessaire avant la recherche du financement. C'est loin d'être une tâche facile, comme en témoigne le fait que la grande majorité a dû finir par déplacer toute cette activité vers les communes voisines en l'absence d'opportunités en milieu urbain.

Ciudad Deportiva UD Levante
Levante UD : 14 millions d'euros pour une merveille à côté du port de Valence : Le club granote construira un complexe avec un stade de 3 000 spectateurs où l'équipe féminine et l'équipe B joueront. L'enceinte aura aussi six terrains de footbal, un pavillon de futsal et un bâtiment avec des services complémentaires et des bureaux. (Crédit-Photo : Valencia Plaza).

« Ce n'est pas facile ; de nombreux hectares sont nécessaires et plusieurs parties doivent s'entendre ; parfois nous vivons au jour le jour », avoue le directeur général d'un club de LaLiga Santander. Néanmoins, pratiquement tous les projets annoncés sont en cours d'exécution, car de nombreuses directions ont choisi de diviser les bâtiments en différentes phases. De cette façon, ils s'assurent que l'activité peut être transférée dans les nouveaux complexes d'entrainement de manière progressive avec la priorité donnée aux équipes premières. Ce choix est motivé par le besoin d'être attractif pour les joueurs, qui, outre le salaire et le niveau de l'équipe, fondent leur décision sur l'environnement de travail.

« C'est une question fondamentale pour attirer les footballeurs ; il y en beaucoup qui demande à visiter les installations avant de se décider », admet Quico Catalán, président de l'UD Levante. « Les joueurs tiennent en compte la réputation, mais le centre d'entrainement est la clé pour mesurer notre sérieux », ajoute Manuel Vizcaino, président du Cádiz CF.

Tous les projets différencient considérablement la zone de travail de l'équipe première, permettant même des bâtiments spécifiques qui incluent toutes sortes de services qui vont au-delà de la formation sportive, tels que des espaces de divertissement, des salles de repos ou même des ludothèques. C'est le cas de l'Athletic Club qui prévoit d'investir 13 millions d'euros supplémentaires à Lezama, où il aura investi 30 millions d'euros depuis 2010. Le Real Betis a fait de même et souhaite réserver ses installations actuelles à côté du stade pour l'équipe première tandis que toute l'activité du centre de formation sera transférée au nouveau complexe qui sera construit à Dos Hermanas (commune de l'aire métropolitaine de Séville, NDLR). « Cela nous soulagera de la pression, rendra les horaires plus flexibles et améliorera la formation », explique le directeur général du club verdiblanco, Federico Martínez Feria, qui ajoute : « nous voulons également construire une résidence pour l'équipe première dans les installations qui sont actuellement utilisées ; il semble prouvé que minimiser les mouvements des joueurs peut influencer positivement leurs performances ».

Vidéo célébrant les dix ans de la Ciudad Deportiva Valdebebas. (Vidéo : Youtube - Real Madrid).

Une autre tendance observée dans les nouveaux projets est la construction de petits stades pour les équipes B et féminines, ce que le Real Madrid a déjà intégré dans la construction de son centre d'entraînement de Valdebebas. Plus de 230 millions d'euros ont été alloués à cette enceinte. Le Barça a inauguré le stade Johan Cruyff l'été dernier après un investissement de 14 millions d'euros et le Sevilla FC a fait de même il y a quelques années. « C'est un moyen pour les jeunes talents de commencer à voir où ils peuvent jouer pour les motiver quotidiennement ; c'est la même chose que le fait qu'ils vivent partiellement avec les joueurs de l'équipe première », expliquent les sources azulgranas.

Le Barça était le pionnier de la résidence de l'équipe de jeunes, un équipement que toutes les équipes commencent à développer car il a fini par être un autre élément décisif pour de nombreux parents lorsqu'un grand club vient chercher leurs enfants. « C'est une manière de leur faciliter la vie, mais aussi de garantir aux familles que les enfants sont, à tout moment, encadrés par les structures du club. Cela nous assimile aux grandes équipes », indique une entité modeste de LaLiga Santander.  Et il y a aussi le facteur qui réunit tout : comment convaincre les promesses du futur alors que le coût moyen d'un jeune de moins de 18 ans a grimpé de 50% depuis 2014 et dépasse déjà le demi-million d'euros.




Image principale :  Estadi Johan Cruyff. Crédit : FC Barcelona

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