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Riyadh Air Metropolitano - Image : Satoorday |
Un mois après l'annonce d'une nouvelle augmentation de capital, l'Atlético de Madrid se retrouve au centre d'un nouvel épisode stratégique : la pression du fonds américain Apollo Global Management pour entrer au capital du club, avec une valorisation record de 2,5 milliards d'euros. Une opportunité de puissance financière... mais aussi un test pour la gouvernance et l'identité du club rojiblanco.
Une ouverture qui attise les convoitises
En août dernier, Miguel Ángel Gil Marín annonçait une augmentation de capital de 60 millions d'euros, portant à plus de 312 millions les fonds propres levés depuis 2021. L'objectif : accélérer le chantier de la Ciudad del Deporte et soutenir le recrutement d'une équipe compétitive.
Mais à peine un mois plus tard, Apollo Global Management, géant américain du capital-investissement, a engagé des négociations exclusives pour entrer au capital du club via Atlético HoldCo, la société de contrôle détenue à 70,39 % par Gil Marin, Ares Management et Enrique Cerezo.
Selon les informations concordantes de 2Playbook et Palco23, Apollo valoriserait l'Atlético à 2,5 milliards d'euros (dette incluse), et chercherait à obtenir une participation majoritaire. L'entrée se ferait par une nouvelle augmentation de capital, ce qui diluerait les actionnaires actuels sans nécessiter de cession directe d'actions.
L'offensive du fonds s'inscrit dans une stratégie globale : son nouveau véhicule d'investissement dédié au sport, doté de 5 milliards de dollars, cible les clubs et ligues les plus dynamiques au monde. Jusqu'ici, Apollo agissait surtout comme prêteur (notamment auprès de la MLS et de franchises NBA). Cette fois, il cherche à devenir actionnaire, misant sur la convergence entre sport, immobilier et divertissement — un modèle que l'Atlético incarne à travers sa Ciudad del Deporte.
Pour le club madrilène, la proposition d'Apollo pourrait couvrir une large part des 555 millions d'euros encore nécessaires au financement du projet, dont le coût global atteint 800 millions.
Gil Marin entre prudence et ambition
Si la négociation a pris de l'ampleur, l'Atlético a rejeté pour l'instant l'entrée d'Apollo. Selon Palco23, Miguel Ángel Gil Marín veut préserver l'équilibre actionnarial existant, refusant de céder le contrôle d'un club qu'il considère comme patrimoine collectif. Cette position reflète la philosophie de gestion prudente qu'il a rappelée en août : « nous préférons renforcer nos fonds propres plutôt que d’accroître la dette ».
Pour autant, les portes ne sont pas fermées. Si le club ne parvient pas à finaliser un financement alternatif — via des partenaires bancaires comme JP Morgan ou Goldman Sachs, déjà approchés —, les discussions avec Apollo pourraient être rouvertes en 2026.
Tout converge vers le méga-projet Ciudad del Deporte, véritable pivot économique et symbolique du nouvel Atlético. Le complexe de 265 000 m² adossé au stade Riyadh Air Metropolitano, combine infrastructures sportives, zones commerciales et espaces de loisirs. Il s'agit pour le club de devenir un acteur global du divertissement plutôt qu'un simple club de football.
Mais ce projet, dont la réalisation s'étend jusqu'à 2030, exige un financement massif et stable.
- CVC (via le Plan Impulso) a déjà apporté 258 millions d'euros,
- le club a mobilisé 125 millions d'euros de fonds propres,
- et les partenaires privés (TopGolf, Loja Real Inversiones, Madrid Playa Surf) complètent le dispositif.
Il reste cependant près de 555 millions d'euros à sécuriser, somme qui place le club devant un choix stratégique : préserver l'autonomie via de la dette, ou accepter l'entrée d'un investisseur institutionnel.
Performances et pression économique
Malgré des revenus record de 424 millions d'euros sur la saison 2023/2024, l'Atlético a bouclé l'exercice avec des pertes opérationnelles. Les investissements sportifs (Julián Álvarez, Sørloth, Le Normand, Gallagher) pèsent lourdement, tandis que les recettes commerciales — tombées sous les 100 millions d'euros — ne compensent pas la hausse des coûts.
Dans ce contexte, l'offre d'Apollo peut apparaître comme une solution à court terme pour stabiliser le bilan, mais elle questionne la philosophie de gouvernance du club et la fidélité à son modèle socio-sportif.
A court terme, Gil Marín joue la montre : maintenir le contrôle, boucler les financements et consolider le projet avant d'envisager une ouverture du capital plus encadré. Mais à moyen terme, l'Atlético pourrait difficilement ignorer la montée en puissance des fonds souverains et institutionnels dans le football européen. La question n'est plus de savoir si un grand fonds entrera au capital du club... mais quand et comment.
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