FC Barcelona : Entre ambitions budgétaires et réalité comptable, une reprise encore fragile

FC Barcelone : pertes de 17 M€ en 2024-25 malgré un budget positif prévu, la rentabilité attendue avec le retour au Camp Nou.
Joan Laporta, président du FC Barcelona
Crédit image : FC Barcelona


Le FC Barcelona a donné un avant-goût de ses résultats financiers de la saison 2024/2025 en attendant la présentation des comptes complets lors de l'Assemblée générale des socios convoqué le 19 octobre 2025. L'exercice s'est clôturé avec une perte nette de 17 millions d'euros, un résultat tranchant les prévisions initiales, qui anticipaient un bénéfice net de 5 millions. Si la direction met en avant un "résultat ordinaire" positif et une amélioration notable par rapport à la saison précédente, la comparaison entre budget et réalité souligne la difficulté du club à tenir ses objectifs financiers. Le chantier du Spotify Camp Nou, facteur de baisse de revenus et de coûts additionnels, demeure l'élément structurant de cette situation.

Une amélioration indéniable par rapport à 2023/2024

La première lecture du communiqué publié par le club ce 30 septembre invite à constater un progrès significatif par rapport à l'exercice précédent. En 2023/2024, le FC Barcelona avait enregistré une perte nette de 91 millions d'euros. Un an plus tard, ce déficit est ramené à 17 millions d'euros. L'effort de réduction des pertes, supérieur à 70 millions d'euros, est incontestable et montre une dynamique de redressement.

Cette amélioration repose probablement sur une meilleure maîtrise des charges d'exploitation et sur des performances commerciales solides dans un contexte contraint. Le club n'a pas pu bénéficier des recettes générées par son mythique Camp Nou, qui représentent habituellement un pilier de son modèle économique. Jouer à Montjuïc limite depuis deux ans les revenus de billetterie et d'hospitalité, deux segment où le Barça est traditionnellement parmi les plus performant en Europe.

La direction s'appuie sur cette tendance pour défendre l'idée d'une "récupération progressive" de la situation économique. Selon le communiqué officiel, le fait d'avoir généré un "résultat ordinaire" positif deux années consécutives constitue une étape importante dans la consolidation du club. Ce message vise à rassurer les socios, partenaires et marché financier : malgré des pertes comptables, la base du modèle économique se remet en place.

Il convient toutefois de relativiser ce progrès. La réduction des pertes reste avant tout relative au point de départ très négatif de 2023/2024. Si l'amélioration est réelle, elle ne doit pas masquer que le club demeure déficitaire et qu'il n'a pas atteint ses propres objectifs budgétaire pour 2024/2025.

Le contraste avec le budget prévisionnel

La comparaison entre les résultats réels et le budget initialement présenté est plus préoccupante. Pour 2024/2025, le club azulgrana avait prévu un chiffre d'affaires net de 842,8 millions d'euros, un résultat d'exploitation de 20 millions et un bénéfice net consolidé de 5 millions. Ces chiffres traduisaient une ambition claire : démontrer que le club était capable de revenir durablement à la rentabilité malgré l'absence du Camp Nou.

Dans les faits, les résultats se sont avérés bien inférieurs. Bien que le club n'ait pas donné plus de précisions sur les chiffres réels sur le résultat d'exploitation et le chiffre d'affaires net, le résultat net lui s'est soldé par une perte. L'écart total entre les prévisions et la réalité atteint donc 22 millions d'euros. Cela témoigne non seulement d'un manque à gagner par rapport aux hypothèses initiales, mais aussi des charges supplémentaires non anticipées.

Le Barça justifie ce différentiel par des "coûts extraordinaires", sans en préciser la nature. Or, dans le budget 2024/2025, ces pertes exceptionnelles étaient estimées à seulement 3,5 millions d'euros. Leur ampleur réelle a donc largement dépassé cette prévision. Il est probable que ces coûts soient liés, directement ou indirectement au chantier du Spotify Camp Nou, qui génère à la fois des charges exceptionnelle et une contraction des revenus.

Ce décalage met en lumière la fragilité des équilibres financiers du Barça. Le budget initial reposait sur une série d'hypothèses optimistes concernant les revenus commerciaux et la maîtrise des charges. L'exercice a montré que la moindre variation défavorable – qu'il s'agisse de recettes en retrait ou de coûts imprévus – suffit à déstabiliser la trajectoire prévue et à annuler la rentabilité attendue.

Un modèle économique toujours sous tension

Le poids de la masse salariale demeure le principal défi structurel du FC Barcelona. Dans le budget 2024/2025, les charges de personnel s'élevaient à 471 millions d'euros, dont 396 millions uniquement pour les salaires sportifs. Cela signifie qu'à lui seul, le poste "joueurs et staff technique" absorbe près de la moitié du chiffre d'affaires prévu. Cet indicateur traduit la rigidité du modèle, où la rentabilité repose sur la capacité à maintenir des revenus extraordinaires et récurrents supérieurs à ce fardeau financier.

La direction insiste sur le fait que cet objectif a été atteint, puisque les revenus ordinaires auraient couvert les dépenses de fonctionnement, y compris la masse salariale. Mais l'écart entre le budget et la réalité montre à quel point cet équilibre est fragile. Une variation de quelques pourcents dans les revenus ou une augmentation ponctuelle des charges peut basculer l'ensemble dans le rouge, comme on l'a constaté avec le résultat net 2024/2025.

La dépendance aux revenus commerciaux et au stade est également manifeste. Le Barça mise fortement sur le sponsoring et le merchandising pour compenser la baisse temporaire des recettes de billetterie. Mais ces segments, bien que dynamiques, ne suffisent pas encore à absorber les déséquilibres structurels liés aux charges sportives. L'absence du Camp Nou pèse lourdement : sans ses revenus matchday, le club se prive de plus de 100 millions d'euros annuels, difficilement remplaçables par d'autres sources.

Dans ce contexte, la communication institutionnelle cherche à insister sur les points positifs – réduction des pertes, résultat ordinaire positif – mais la réalité financière demeure celle d'un club qui reste déficitaire et vulnérable face aux aléas. Le chemin vers une rentabilité durable reste semé d'incertitudes.

Perspectives 2025-2026 : un pari sur le Camp Nou et le commerce

Pour l'exercice 2025/2026, le Barça prévoit un bénéfice net consolidé de 4 millions d'euros après impôts. Cet objectif repose sur le retour progressif au Spotify Camp Nou et sur la poursuite de la croissance des revenus commerciaux. La direction espère ainsi maintenir pour la troisième année consécutive un résultat ordinaire positif, présenté comme la pierre angulaire de sa stratégie de redressement.

Le retour au Camp Nou représente une opportunité majeure. Les revenus liés à la billetterie, à l'hospitalité et aux événements organisé dans le stade devraient retrouver leur niveau structurel, offrant au club une assise financière plus solide. Toutefois, ce retour dépendra du rythme du chantier et de la capacité à exploiter pleinement un stade en cours de rénovation, ce qui peut entraîner des incertitude. Il convient de rappeler une réouverture partielle était prévu cet été, mais finalement reporté à une date indéterminée.

Le sponsoring constitue un autre pilier stratégique. Le club prévoit de battre de nouveaux records dans ce domaine, s'appuyant sur des contrats majeurs déjà en place et sur une politique active de diversification de ses partenariats. De même, la filiale Barça Licensing & Merchandising (BLM) est appelée à poursuivre sa croissance, en capitalisant sur le potentiel international de la marque Barça et en développant de nouveaux canaux de distribution.

Reste à savoir si ces leviers suffiront à compenser les aléas. Le contrôle des charges extraordinaire, la stabilité de la masse salariale sportive et la capacité à transformer les projections commerciales en revenus effectifs seront les clés. L'objectif affiché de bénéfice net est modeste, ce qui traduit une volonté de prudence. Mais il montre aussi que la marge manœuvre reste limitée et que le club ne peut se permettre d'imprévus significatifs.


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