FEB Analytics - Real madrid : Une structure solide, une dette encore dense

Crédit image : Real Madrid CF

Après avoir exploré en détail les performances commerciales, la rentabilité et la valeur de l'actif du Real Madrid à mi-saison, nous abordons désormais un aspect fondamental de sa santé financière : le passif. Tandis que l'analyse du compte de résultat nous a permis d'examiner les performances à court terme, c'est dans le passif que se dessine la stratégie de financement sur le long terme, ainsi que les leviers de l'endettement qui soutiennent cette dynamique.

Au 31 décembre 2024, le passif total du club merengue se décompose entre une dette à long terme relativement stable et des engagements à court terme qui font apparaître des tensions. Alors que les capitaux propres affichent une solide progression, ce sont les emprunts contractés pour financer le projet du Santiago Bernabéu, qui continuent de peser lourd dans le bilan.

Dans ce dernier article de notre série, nous allons analyser en profondeur la structure de la dette du club, en mettant l'accent sur les éléments à long terme, mais également en scrutant les pressions à court terme qui peuvent affecter la gestion de la trésorerie.


Des capitaux propres en renforcement, reflet d'un pilotage prudent



Au 31 décembre 2024, les capitaux propres du Real Madrid atteignent 603,41 millions d'euros, en hausse de 5,1 % par rapport à juin et de 3,7 % sur un an. Cette progression traduit une gestion rigoureuse, où le bénéfice net – 29,40 millions d'euros à mi-saison – vient renforcer les fonds propres sans recours à des apports extérieurs.

Ce renforcement s'appuie d'abord sur la hausse du fonds social, passé de 498,40 à 512,14 millions d'euros, reflet d'un modèle basé sur l'accumulation de résultats et la stabilité institutionnelle. Détenue par ses socios, la Casa Blanca conserve ainsi une indépendance rare dans le football européen, mais avec une exigence constante d'équilibre financier.

Les réserves poursuivent leur progression (+3,3 % en six mois), atteignant 57,98 millions d'euros, et viennent compléter un socle de sécurité comptable utile face aux aléas économiques. Les postes annexes (subventions, dons, socios externes) restent stables mais marginaux témoignant d'un apport extérieur limité mais disponible en soutien ciblé.

Cette dynamique de consolidation patrimoniale donne au club présidé par Florentino Pérez une assise financière solide. Mais elle ne fait pas disparaître la réalité du recours à l'endettement pour financer son développement, qu'il soit sportif ou immobilier. La suite du bilan met en lumière cette tension permanente entre prudence comptable et ambition structurelle.


Un endettement structurant, concentré sur le long terme



La solidité des capitaux propres n'efface pas le poids de la dette dans la structure financière du club. Le passif non courant s'élève à 1,32 milliard d'euros, stable par rapport à juin mais toujours massif. Cette stabilité globale masque une recomposition interne : certains financements s'amortissent d'autres apparaissent, dans une gestion active de la structure de la dette.

Le noyau dur reste constitué des autres passifs financiers, à hauteur de 1,12 milliards d'euros. Ils correspondent aux emprunts liés à la rénovation du Santiago Bernabéu (1,11 milliards, en baisse de 2 % sur six mois, avec une échéance allant jusqu'en 2053), aux dettes liés aux achats de joueurs (entièrement reclassées à court terme alors qu'il restait 39,47 millions au 30 juin), et à certaines dettes fournisseurs à long terme (13,79 millions, en baisse de 64,3 %).

En un an, l'encours a diminué de 87 millions d'euros, dans un cadre de remboursement programmé et de reclassement. Cette dette est adossée à une infrastructure à fort potentiel de revenus – une forme d'endettement structurant, lourd mais soutenable, tant que les projections d'exploitation du stade se confirment.

Parallèlement, les dettes bancaires à long terme repartent à la hausse, passant de 37,64 à 92,78 millions d'euros sur six mois. Ce renforcement traduit le recours aux banques pour soutenir la trésorerie dans un contexte de forte pression sur les liquidités. Il souligne également la capacité du club à mobiliser des ressources sans remettre en cause son profil de crédit.

Un autre mouvement plus discret qui s'est rajouté au cours de ce premier semestre de la saison 2024/2025 est l'apparition d'une créance à long terme de 45,88 millions d'euros. Il s'agit de ce qu'il reste de la prime de signature de Kylian Mbappé étalée sur cinq saisons selon les informations filtrées dans la presse.


Des tensions à court terme, reflet d'une trésorerie resserrée



Bien que la structure de financement du Real Madrid repose majoritairement sur des dettes à long terme, le passif courant du club met en lumière des défis financiers. Les dettes à court terme atteignent 604,08 millions d'euros, en baisse marquée par rapport au pic de l'année précédente (793,78 millions d'euros en juin), mais toujours élevées comparé à décembre 2023 (554,39 millions d'euros). Cette réduction témoignent d'une gestion rigoureuse des engagements à court terme, dans un contexte financier plus tendu.

La dette bancaire à court terme connait une hausse notable de 66,5 %, atteignant 65,59 millions d'euros. Concernant le passif envers les entité sportives, principalement liées aux transferts de joueurs, on observe une réduction significative : 50,15 millions d'euros fin décembre contre 81,56 millions d'euros en juin. En revanche les autres passifs financiers, incluant le remboursement des emprunts du stade, diminuent à 33,01 millions d'euros, après avoir culminé à 51,16 millions en juin.

Ces évolutions montrent que, bien que les tensions de liquidité demeurent, le club parvient à gérer efficacement ses engagements à court terme avec une attention particulière portées aux dettes bancaires, tout en poursuivant son activité avec une gestion optimisée des créances et des paiements différés. Dans l'ensemble, le passif à court terme du Real Madrid traduit des contraintes d'un modèle où les flux d'encaissement et de décaissement ne sont pas toujours synchronisés.

Le club conserve une grande capacité de mobilisation de ressources, mais doit surveiller de près son besoin en fonds de roulement. La baisse de la trésorerie au 31 décembre 2024, a rappelé que même les institutions plus solides ne sont pas à l'abri de tension temporaires.


Un modèle robuste mais sous surveillance


Au terme du premier semestre de l'exercice 2023/2024, le bilan du Real Madrid dresse le portrait d'un club solidement structuré, mais exposé aux tensions à court terme. Le coeur de sa puissance repose sur un actif immobilisé massif, évalué à plus de 2,1 milliards d'euros, porté par la pleine valorisation du nouveau Santiago Bernabéu et la stabilité de son effectif. Ce socle patrimonial confère au club une véritable assise stratégique, capable de générer des revenus récurrents et de renforcer sa compétitivité à long terme.

Les capitaux propres poursuivent leur progression, dépassant désormais 603 millions d'euros, preuve de la capacité du Real Madrid à préserver son équilibre financier sans dépendre d'un actionnariat externe, même si l'option n'est pas totalement exclue. Ce niveau élevé d'autonomie est un gage de résilience, dans un football européen de plus en plus polarisé entre clubs multi-propriétés et investissements institutionnels.

Mais cette robustesse masque partiellement des dynamiques plus fragiles. A court terme, le club a connu en 2024 une consommation nette de trésorerie de plus de 147 millions d'euros, réduisant significativement ses liquidités disponibles. Cette pression s'explique par un décalage entre les flux d'encaissement et de décaissement, dans un contexte d’investissements encore ambitieux, bien que ralentis.

Malgré cela, la capacité d'autofinancement reste solide : le Real Madrid continue de dégager un excédent structurel d'exploitation, comme en témoigne son résultat positif à mi-saison (29,4 millions d'euros). Ce résultat opérationnel permet de soutenir une partie des investissements sans recourir massivement à l'endettement, qui lui aussi, amorce une décrue progressive sur certains segments.

En somme, le Real Madrid conserve les attributs d'un club gestionnaire : actif puissant, endettement globalement soutenable et une rentabilité récurrente. Mais sa marge de manœuvre se rétrécit au quotidien, et l'équilibre du modèle dépendra de sa capacité à générer rapidement du cash – notamment via l'exploitation commerciale du stade, les revenus audiovisuels ou le marché des transferts – tout en maintenant ses ambitions sportives dans un environnement hautement concurrentiel.


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