 |
| Crédit image : Real Madrid CF |
Le club merengue surfe sur une dynamique à la fois sportive et économique. À mi-saison 2024/2025, le club affiche un chiffre d’affaires net record de 589,78 millions d’euros, en hausse de 28 % sur un an et de 47 % sur deux ans. Un rythme de croissance impressionnant, qui dépasse même les revenus réalisés sur l’ensemble de la saison 2014/2015.
Derrière ces performances, trois moteurs essentiels : l’impact plein et entier du nouveau Santiago Bernabéu, une stratégie commerciale ambitieuse, et des résultats sportifs qui maintiennent le club dans l’élite européenne. Le Real Madrid ne se contente plus d’être un géant du terrain : il confirme, semestre après semestre, son statut d’entreprise globale.
Billetterie et compétition : un semestre dopé par le calendrier et le nouveau Bernabéu
Le Real Madrid a pleinement capitalisé sur un calendrier sportif chargé et un stade métamorphosé. Les recettes issues de la billetterie et des compétitions atteignent 178,88 millions d’euros à mi-saison, en progression de 25,6 % sur un an et de 41,2 % sur deux ans.
Deux compétitions absentes l’an dernier — la Supercoupe d’Europe et la Coupe intercontinentale — ont permis d’élargir l’offre sportive, tandis que le Santiago Bernabéu, entièrement rénové, a pu rouvrir ses portes à pleine capacité. Le club en a profité pour revoir ses tarifs à la hausse, sans freiner la demande.
Dans ce contexte, les recettes de LaLiga ont bondi de 54,8 % sur un an (+170,7 % sur deux ans), traduisant le retour à un rythme d’exploitation plus régulier. Celles de la Ligue des champions progressent plus modestement (+5,4 % sur un an), mais confirment une dynamique soutenue (+22,3 % sur deux ans). Enfin, les tournées estivales, souvent considérées comme un levier secondaire, se révèlent plus lucratives que jamais, avec une croissance de 22,3 % des revenus générés.
Abonnements, socios et exploitation des installations : le nouveau Bernabéu, moteur de fidélisation et de diversification
La transformation du Santiago Bernabéu ne se limite pas aux tribunes et au toit rétractable : elle redessine en profondeur les revenus récurrents du club. Les cotisations des socios et ventes d’abonnements atteignent 34,91 millions d’euros à mi-saison, en hausse de 15,9 % sur un an et de 41,7 % sur deux ans. Cette progression s’explique à la fois par l’attrait du stade rénové et par une politique tarifaire revue à la hausse, assumée dans un contexte de demande soutenue.
Mais c’est du côté de l’exploitation des installations que la mutation est la plus spectaculaire. Grâce au partenariat avec Legends et Sixth Street, le Real Madrid a transformé son enceinte en véritable centre de profits multifonctions : Stadium Tour, RM Experiences, restauration haut de gamme, événements privés et concerts s’y enchaînent.
Résultat : les revenus issus de l’exploitation des installations explosent à 43,92 millions d’euros, soit une envolée de +177,4 % sur un an (+414,8 % sur deux ans). À eux seuls, le Stadium Tour et les RM Experiences génèrent 24,29 millions d’euros, devenant une source de revenus quasi autonome.
Droits TV et activités commerciales : replis conjoncturel d'un côté, essor stratégique de l'autre
Dans un paysage audiovisuel en mutation, les droits TV constituent la seule ombre au tableau de ce premier semestre. Le Real Madrid enregistre 81,66 millions d’euros dans cette catégorie, en baisse de 11,3 % par rapport à l’an dernier (–0,5 % sur deux ans). Le club ne fournit pas de justification précise, mais cette contraction s’inscrit dans une tendance baissière observée à l’échelle de LaLiga, affectée par une stagnation des droits domestiques et une moindre valorisation des compétitions européennes.
À l’inverse, le pôle commercial confirme sa montée en puissance. Porté par une stratégie affirmée de valorisation de la marque, ce segment enregistre une croissance spectaculaire de +38,6 % sur un an (+57,5 % sur deux ans). Le Real Madrid a su séduire de nouveaux partenaires d’envergure, à l’image de HP, qui a rejoint en décembre 2023 la prestigieuse liste des sponsors majeurs du club aux côtés d’Adidas et d’Emirates.
Les retombéés sont concrètes :
- Le sponsoring et les licences bondissent de 37,2 % (+41,4 % sur deux ans) ;
- Les ventes en boutiques, opérées par Legends, s’envolent de +39,6 % (+114 % sur deux ans), dynamisées par la pleine réouverture du stade ;
- Les recettes publicitaires, bien que marginales, progressent légèrement (+5 %, malgré un léger repli sur deux ans).
Le message est clair : le Real Madrid parvient à amortir la baisse des droits TV grâce à un modèle commercial offensif, fondé sur l’expansion internationale, l’exploitation optimale de son stade et la valorisation constante de son image de marque.
Dans le même sujet : FEB Analytics 2025 : Analyse des finances du Real Madrid CF
Répartition géographique : l'international moteur de croissance
À mi-saison 2024/2025, le Real Madrid confirme son statut de marque mondiale : sur les 589,78 millions d’euros de chiffre d’affaires net, 52,3 % proviennent du marché espagnol, contre 47,7 % de l’international. Mais derrière cette apparente répartition équilibrée se cache une réalité plus dynamique : la croissance est largement tirée par l’étranger.
Sur le marché national, les revenus progressent de 15,3 % sur un an (+46,5 % sur deux ans), portés principalement par l’exploitation du nouveau Santiago Bernabéu : billetterie enrichie, hospitalité premium, concerts et événements. Si la progression reste solide, elle est nettement dépassée par le rythme international.
C’est en effet le marché extérieur qui imprime la cadence, avec une croissance impressionnante de +45,4 % sur un an, faisant de l’international le principal moteur de croissance du chiffre d’affaires du club. Cette performance repose sur plusieurs leviers stratégiques :
- Tournées estivales plus lucrative, dans des marchés ciblés à fort potentiel ;
- Ventes internationales de merchandising, amplifiées par la distribution optimisée avec Legends ;
- Accords de sponsoring mondiaux, qui valorisent l’image du Real Madrid à l’échelle planétaire.
Ce rééquilibrage géographique illustre parfaitement la stratégie de diversification du club, qui ne se contente plus d’un leadership local mais s’impose comme acteur global de l’économie du sport. Dans un contexte de stagnation relative des droits audiovisuels domestiques, cette ouverture internationale constitue un levier décisif pour assurer une croissance soutenue et durable.
Une structure de revenus en pleine transformation
L’analyse du chiffre d’affaires à mi-saison 2024/2025 révèle une transformation marquée de la structure économique du Real Madrid. Le club, longtemps dépendant des compétitions sportives et des droits TV, affiche désormais un modèle bien plus équilibré et tourné vers la diversification.
Les recettes sportives, qui regroupent la billetterie, les abonnements et les primes de compétitions, représentent encore 36,2 % du total. Elles restent un pilier central, portées par la performance sur le terrain, l’élargissement du calendrier avec la Supercoupe d’Europe et la Coupe intercontinentale, ainsi qu’une politique tarifaire réévaluée. Mais leur part relative se stabilise, signe que d’autres sources prennent de l’ampleur.
L’exploitation des installations, longtemps marginale, connaît une montée en puissance spectaculaire. Elle pèse désormais 7,4 % du chiffre d’affaires, grâce à la mue du Bernabéu en véritable centre multifonctionnel. Concerts, événements, restauration, expériences immersives : cette nouvelle dimension positionne le stade comme un levier de revenus à part entière.
Les recettes commerciales, enfin, prennent la tête du classement avec 42,5 % du total. Sponsoring, merchandising, licences : cette branche connaît une croissance rapide, tirée par des accords globaux (HP, Adidas, Emirates) et une gestion externalisée avec Legends, qui optimise l’expérience client et la distribution à grande échelle.
Cette nouvelle architecture des revenus reflète une volonté claire : faire du Real Madrid une plateforme économique complète, moins dépendante des aléas sportifs et mieux armée pour affronter les défis futurs du football mondial.
Une réconnaissance comptable qui sécurise les revenus
Derrière le chiffre d’affaires record de 589,78 millions d’euros à mi-saison se cache une réalité tout aussi stratégique : la manière dont ces revenus sont comptabilisés. En appliquant les normes IFRS, le Real Madrid ne se contente pas de publier des chiffres bruts – il donne à voir la solidité réelle de ses revenus.
Une première distinction s’impose entre les droits inconditionnels, déjà facturés et encaissés, et les revenus reconnus au fur et à mesure de la prestation. Au 31 décembre 2024, 241,51 millions d’euros entrent dans la première catégorie : ce sont des montants sécurisés, déjà acquis au club. Le reste, soit 348,27 millions, est comptabilisé progressivement, à mesure que le club remplit ses obligations contractuelles – par exemple, jouer un match, organiser un événement ou livrer une prestation marketing.
Cette ventilation apporte une double lecture du chiffre d’affaires : l’instantané d’un semestre solide, et la projection d’une continuité dans les revenus à venir. Certaines activités, comme le sponsoring ou les droits TV, sont par nature réparties dans le temps. D’autres, comme les abonnements, sont encaissées à l’avance mais reconnues au fil des matchs.
Cette logique se reflète aussi dans le bilan comptable, à travers deux notions clés :
- Les actifs de contrats (141,55 M€) représentent des prestations à livrer, mais déjà sécurisées par des engagements contractuels.
- Les passifs de contrats (116,36 M€) désignent les revenus différés : encaissés mais non encore réalisés au regard des normes comptables
Ce découpage rigoureux ne relève pas d’un simple formalisme : il renforce la prévisibilité financière du club et illustre la solidité de son modèle. Le Real Madrid s’assure ainsi une visibilité rare dans un secteur encore souvent exposé aux aléas du calendrier, des résultats sportifs ou des marchés.
Une croissance maîtrisée, bâtie sur des fondations solides
À mi-saison 2024/2025, le Real Madrid ne se contente pas d’afficher des chiffres impressionnants : il démontre qu’il est en train de changer d’échelle. Avec un chiffre d'affaires net record de 589,78 millions d'euros, en hausse de 28 % sur un an, le club franchit une étape décisive dans la transformation de son modèle économique.
La rénovation du Santiago Bernabéu a clairement joué un rôle de catalyseur. Désormais pleinement opérationnel, le nouveau stade ne se limite plus à être un lieu de match : il devient un centre de profit multifonction, accueillant concerts, expériences immersives et activités hospitalité à haute valeur ajoutée. À cela s’ajoute une stratégie commerciale offensive, portée par des partenaires de rang mondial comme HP, Emirates ou Adidas, et optimisée par la gestion externalisée confiée à Legends.
Si les droits audiovisuels marquent une pause, c’est avant tout un reflet d’une tendance structurelle au sein de LaLiga – et non d’un affaiblissement du club lui-même. D’autant que cette ligne de revenus, historiquement centrale, est désormais supplantée par le pôle commercial, devenu la première source de revenus.
Plus encore que les montants eux-mêmes, c’est la qualité comptable de ces revenus qui impressionne. Une part significative est déjà sécurisée, grâce à des encaissements anticipés ou à des contrats pluriannuels. Cela donne au club une visibilité précieuse, réduit son exposition au risque, et renforce la stabilité de ses prévisions à moyen terme.
En somme, le Real Madrid confirme sa mue. Il ne se contente pas de capitaliser sur ses succès sportifs : il est en train de poser les bases d'un modèle économique renforcé, capable de soutenir ses ambitions sportives et institutionnelles dans la durée.
Vous avez apprécié cet article ? Poursuivez l'analyse financière des comptes semestriels 2024/2025 du Real Madrid avec notre focus sur la structure des charges.
Real Madrid : Comment le club gère l'envolée de ses charges à mi-saison 2024/2025
0 Commentaires