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Crédit image : Real Madrid CF |
Après avoir mis en lumière un chiffre d'affaires record de 590 millions d'euros à mi-saison 2024/2025, il est temps d'observer l'autre versant du compte de résultat : les charges. Car si les revenus permettent de mesurer la puissance commerciale du Real Madrid, l'analyse des dépenses révèle, elle, les efforts nécessaires pour faire tourner cette machine sportive et économique. Approvisionnements, masses salariale et autre frais d'exploitation... ce nouvel article s'attarde sur la structure et l'évolution des dépenses engagées par le club pour comprendre comment ces flux sortants conditionnent sa rentabilité à venir.
Une montée en puissance maîtrisée des approvisionnements
A mesure que le Real Madrid diversifie ses activités et développe ses revenus hors du terrain, ses besoins en biens et services augmentent mécaniquement. L'analyse des charges d'approvisionnement sur les trois derniers exercices révèle une hausse significative, étroitement liée à l'intensification des opérations commerciales, logistiques et événementielles.
Les charges d'approvisionnements ont progressé de manière continue, passant de 19,43 millions d'euros à mi-saison 2022/2023 à 42,94 millions d'euros au 31 décembre 2024, soit une hausse de 121 % en deux ans. Cette évolution n'est pas le reflet d'une inflation subie, mais d'un accroissement des volumes consommés, qui accompagne la transformation du modèle économique du club.
Cette tendance s'observe notamment à travers la ligne des "autres consommations", qui regroupe divers achats : matières premières liées à l'hospitalité (banquets VIP, par exemple), équipements événementiels, produits destinés aux expériences immersives... Le rapport reste toutefois flou sur leur répartition exacte, malgré l'exploitation accrue du nouveau Bernabéu. Elle affiche une croissance particulièrement marquée : de 15,79 millions d'euros à 39,58 millions d'euros (+151 %).
En revanche, la consommation de matériel sportif reste relativement stable autour de 3,5 millions d'euros, avec même une légère baisse à 3,36 millions d'euros en 2024. Cela suggère que, malgré l'élargissement du calendrier et la diversification des compétitions (Supercoupe d'Europe, Coupe du monde des clubs), le club gère efficacement les équipements fournis aux équipes professionnelles et de formation.
Une autre lecture intéressante provient de la provenance géographique des achats. En 2024, le marché national représente 96,6 % des achats, contre seulement 3,4 % pour les achats intracommunautaires. Cette concentration traduit une stratégie de proximité avec les fournisseurs, ce qui permet probablement au Real de gagner en flexibilité logistique tout en soutenant l'économie locale.
La variation de stocks est positive sur les deux derniers exercices, traduisant une accumulation de marchandises en anticipation d'une activité commerciale soutenue. Cela reflète la montée en puissance des ventes de produits dérivés, notamment grâce à l'exploitation commerciale du Bernabéu et à la gestion externalisée des boutiques via Legends.
Une masse salariale toujours sous contrôle, malgré la légère hausse
A mi-saison 2024/2025, la masse salariale du Real Madrid s'élève à 239,4 millions d'euros, en hausse de 4,8 % par rapport à la saison précédente (228,5 millions d'euros). Une progression modérée, qui traduit à la fois la continuité de la politique contractuelle menée par le club et une gestion rigoureuse de ses ressources humaines dans un contexte de croissance des revenus.
La stabilité de l'équipe première, pilier du projet sportif
La section professionnelle masculine de football (effectif inscrit à LaLiga) représente toujours le cœur de la politique salariale : 160,97 millions d'euros, contre 157,1 millions d'euros un an plus tôt. L'évolution est contenue (+2,4 %), en ligne avec les prolongations de contrat, comme Lunin ce semestre, ou Vinicius, Valverde, Camavinga, Rodrygo fin 2023), des joueurs clés qui ont contribué à la victoire en Ligue des champions en juin 2024.
La politique de recrutement sans explosion de émoluments individuels se reflète également dans la maîtrise des charges salariales, en dépit de l'arrivée très médiatique de Kylian Mbappé l'été dernier.
En parallèle, les charges liées aux joueurs et personnels non-inscrits augmentent sensiblement (+14,8 %, 34,1 millions d'euros), reflétant la volonté du club de renforcer ses structures annexes, comme l'équipe féminine, qui grandit année après année depuis sa création en 2020, et la Fabrica, cœur de la formation merengue.
Un personnel non sportif en pleine expansion
Le Real Madrid n'est plus seulement un club de football, mais une institution multi-activités qui s'est transformée autour du nouveau stade Santiago Bernabéu. Cela se traduit par une croissance continue des charges du personnel non sportif : 43 millions d'euros à mi-saison, soit +6,5 % sur un an, après une progression de +29 % entre 2022 et 2023. Une tendance qui reflète l'évolution du modèle vers une organisation de plus en plus professionnalisée et orientée business.
La section basket, contribution stable
Du côté de la section basketball, la masse salariale reste stable à 17,2 millions d'euros, en hausse modérée (+8,7 %) malgré des recrues de calibre. L'équipe, tenante du titre en Liga Endesa et en Copa del Rey, et finaliste de l'Euroligue 2023/2024, a été renforcée cet été par des joueurs comme Serge Ibaka, Xavier Rathan-Mayes et Usman Garuba, venus respectivement du Bayern München, de BC Enisey et des Golden State Warriors. La section représente un poids limité dans la structure globale du club (7,2 %), tout en assurant un niveau de compétitivité constant sur la scène nationale et européenne.
Pression croissante des charges sociales
Enfin, les charges sociales associées aux salaires suivent une même tendance haussière : 10,4 millions d'euros en 2024, contre 9,1 millions d'euros en 2023 et 7,9 millions d'euros en 2022. Une hausse en partie liée à la progression du brut salarial, le rapport ne précisant pas si des évolutions légales ou fiscales jouent un rôle.
Le coût de l'effectif sportif reste élevé
A mi-saison 2024/2025, le coût global de l'effectif sportif du Real Madrid atteint 252,66 millions d'euros, un niveau quasiment stable sur trois exercices (252,73 millions d'euros en 2022/2023, 248,18 millions d'euros en 2023/2024). Si le montant reste élevé, sa structure révèle une gestion mieux maîtrisé du capital joueur et un frein dans les investissements pour l'équipe première.
La charge liée aux salaires des joueurs et du staff sportif continue de croître légèrement, atteignant 195,10 millions d'euros, soit une hausse de 4,4 % sur un an. Cette progression est portée par l'effectif non inscrit à LaLiga (+14,8 %), témoignant d'un renforcement des investissements dans les équipes de développement : réserve, académies, section féminine.
En parallèle, l'amortissement des droits fédératifs s'établissent à 57,38 millions d'euros, en hausse modérée par rapport à 2023/2024 (+3,3 %), mais en nette baisse comparé à 2022/2023 (-16 %). Cela reflète la politique de transfert mesurée observée au Real Madrid ces dernières années, avec une attention portée à la valeur comptable des effectifs.
Enfin, les pertes sur cession de joueurs et les dépréciations de valeur sont presque inexistantes cette saison. Là, où elle représentaient encore 5,8 millions d'euros en 2023/2024, elles sont réduites à 0,18 million d'euros cette année. Une preuve supplémentaire d'une optimisation accrue dans la gestion des actifs joueurs.
Le mercato estival 2024, marqué par les arrivées d'Endrick et surtout de Kylian Mbappé, a laissé des traces dans les comptes intermédiaires du Real Madrid. La lecture croisée de la masse salariale et du coût global de l'effectif sportif montre que le jeune Brésilien, acheté pour 47,5 millions d'euros, pèse sur les amortissements, tandis que la star française, arrivé sans indemnité de transfert, contribue à la légère hausse de la masse salariale. L'approche reste financièrement rigoureuse même si sur le terrain l'histoire est tout autre, une grande partie des fans dénonçant un manque d'éclat dans le jeu et des résultats insuffisants.
Des charges en forte hausse, moteur d'une activité croissante
A mi-parcours de la saison 2024/2025, les autres charges d'exploitation du Real Madrid affichent une dynamique haussière, en particulier sur deux postes clés : les services extérieurs et les charges diverses.
Les services extérieurs atteignent 122,5 millions d'euros, en hausse de 31 % sur un an. Cette croissance résulte d'une augmentation généralisée : entretien et maintenance des infrastructures (9,3 millions d'euros), redevances et prestations sous-traités (14,7 millions d'euros), et services professionnels (4,5 millions d'euros). Le club s'appuie manifestement sur une montée en gamme de ses opérations, que ce soit en matière de gestion, de logistique ou d'événementiel. La stabilité des dépenses liées à la communication et aux fournitures suggère une maîtrise des charges plus périphériques.
Parallèlement, les autres charges de gestion courante explosent à 84,67 millions d'euros (+71,1 % en un an). Cette hausse est surtout portée par une multiplication par deux des charges dites "diverses", désormais proches de 71,4 millions d'euros. Le rapport ne donne quasiment aucun détail sur ce poste mentionnant seulement les charges liées à la commercialisation des droits audiovisuels et les contributions de solidarité au sport amateur. Néanmoins, son ampleur intrigue quant aux engagements contractuels et des investissements non récurrents du club (partenariats, licences, services non sportifs...).
Le poste fiscal, lui rebondit à 3,7 millions d'euros, après un repli ponctuel en 2023/2024, tandis que les frais de transferts restent anecdotiques cette saison (0,2 million d'euros, contre 4,5 millions d'euros un an plus tôt), signalant l'absence d'opération complexes à mi-saison.
Enfin, les provisions et pertes commerciales, traditionnellement favorables au club via des reprises, enregistrent une inversion nette en 2024/2025 avec 3,4 millions d'euros de charges nettes. Cette prudence accrue traduit sans doute un durcissement des conditions de paiement dans l'écosystème footballistique européen.
Une structure de charges d'exploitation sous tension maîtrisée
A mi-saison 2024/2025, le Real Madrid présente une dynamique marquée par la hausse généralisée de ses charges d'exploitation, portée par la croissance de l'activité et des ambitions sportives. Les approvisionnements, qui regroupent les consommations liées au matériel sportif et autres biens, atteignent 42,9 millions d'euros, soit une hausse de 45 % sur un an. C'est toutefois la masse salariale, premier poste de charge qui reste la plus significative avec 239,4 millions d'euros, en augmentation de 4,8 % par rapport à la saison précédente. Enfin, les autres charges d'exploitation, qui incluent notamment les services extérieurs, les frais de gestion, et les dépréciations commerciales, grimpent à 210,6 millions d'euros (+34 %), reflet de la montée en puissance de la structure professionnelle du club.
En cumulant ces trois postes, le Real Madrid enregistre des charges d'exploitation totales de 493 millions d'euros à mi-saison, contre 396,57 millions d'euros un an plutôt, soit une hausse de 24,3 %. Cette progression, bien que soutenue, reste contenue au regard des performances commerciales record enregistrées sur la même période, témoignant d'un équilibre encore maîtrisé entre ambition de croissance et rigueur économique.
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