Crédit image : FC Barcelona |
Le FC Barcelona a annoncé un partenariat stratégique avec Aramark, une entreprise de restauration qui devient le nouveau fournisseur de services de restauration pour le futur Spotify Camp Nou, tout en entrant dans le capital de Barça Vision, la filiale numérique du club dédiée aux technologies Web3, aux NFTs et au métavers. Cet accord, annoncé dans un contexte de restructuration financière pour le club, suscite de nombreuses questions quant à sa transparence et ses implications réelles pour l'avenir du Barça.
« Un accord stratégique », selon le Barça
Aramark, multinationale américaine spécialisée dans la restauration, s'est vue confier la gestion exclusive des services de restauration du Camp Nou pour une période de 25 ans. En échange, la société aurait injecté 40 millions d'euros dans Barça Vision, selon différents médias espagnols, car les conditions financières de cet accord n'ont été divulguées ni par le Barça, ni par Aramark. Ainsi, selon le communiqué du club catalan, l'entreprise basée à Philadelphie, aux États-Unis, rejoint le capital de Bridgeburg Invest, la société qui gère cette filiale numérique du FC Barcelona.
Cette collaboration s'inscrit dans la volonté du club azulgrana de faire du futur Spotify Camp Nou « un hub d'innovation et d'expériences immersives, ouvert toute l'année ». Cependant, elle intervient à un moment où la confiance entre les deux parties semblait fragilisée.
Selon El Español, Aramark Espagne a traversé une période particulièrement difficile depuis que le Barça a déménagé temporairement ses matchs au stade de Montjuïc en raison des travaux du Camp Nou. En mai 2023, l'entreprise a perdu son contrat de restauration avec le Camp Nou, se voyant ainsi exclue de toute activité liée à la restauration pour le club. Cette perte a engendré un manque à gagner d'environ un demi-million d'euros pour Aramark, qui a néanmoins décidé de conserver son personnel en prévision de l'appel d'offres pour le contrat de restauration du nouveau Camp Nou, prévu pour 2026/2027.
Malgré cette décision, des sources internes du club ont estimé que la relation entre le FC Barcelona et la multinationale était marquée par une certaine méfiance. Le service offert lors des précédentes saisons au Camp Nou avait déjà soulevé des critiques, et la direction du club était initialement réticente à renouveler le partenariat. La décision de réintégrer Aramark dans le projet du Spotify Camp Nou et de l'Espai Barça, malgré ces réserves, semble donc plus liée à l'investissement dans Barça Vision ou aux 40 millions que le prestataire est prêt à débourser dans un moment où le club était dans un besoin urgent de liquidités. Cette démarche, bien qu'audacieuse, souligne une dynamique complexe où le FC Barcelona mise sur un partenaire dont la capacité à répondre aux exigences reste à démontrer.
Les zones d'ombre autour de l'accord
Du côté des fans du Barça, l'annonce du partenariat a été positivement accueillie. Nombreux sont ceux qui ont été soulagés, car selon les médias sportifs catalans Mundo Deportivo et Sport, cette injection de fonds permettrait d'assouplir les règles du fair-play financier de LaLiga, qui limitaient la capacité d'investissement du Barça sur le mercato et d'enregistrement de ses nouvelles recrues. Toutefois, quelques critiques ont été soulevées, notamment de la part de Victor Font, principal opposant à l'actuelle direction du club. Le candidat malheureux de la dernière élection, qui a vu la victoire de Joan Laporta, a souligné plusieurs points concernant l'absence de détails financiers précis dans le communiqué du Barça, remarquant que l'accord avec Aramark ne semble pas résoudre les problèmes financiers persistants liés à Barça Vision et au club en général.
📄 Sobre l'acord entre el FC Barcelona i Aramark.
— Sí al Futur (@sialfutur) August 9, 2024
El @FCBarcelona_cat ahir va emetre un comunicat anunciant l'entrada @Aramark a l'accionariat de Barça Studios (Bridgeburg Invest SL).
Volem manifestar la nostra precupació i sorpresa amb el fet que el comunicat no doni cap mena…
En effet, Font rappelle que cette opération « ne compense pas le non-paiement de 40 millions d'euros par Libero Finance en octobre 2023, ni les 60 millions d'euros impayés par Socios et Nipa/Vestigia, deux autres associés de Barça Vision, en juin 2024 ». Ces manquements financiers, qui fragilisent le projet Barça Vision, n'ont toujours pas de solution malgré l'entrée de la multinationale américaine dans le capital.
En outre, il questionne également la pertinence de l'intégration d'une entreprise de restauration dans l'actionnariat d'une filiale numérique. Il s'interroge sur la valeur ajoutée d'Aramark dans le cadre d'un projet axé sur les technologies numériques et la transformation digitale du club. Cette situation laisse planer des doutes sur la transparence de l'opération, notamment sur les conditions qui ont conduit à l'attribution d'un contrat de restauration aussi long à une entreprise désormais impliquée financièrement dans le projet.
Contexte juridique : le conflit avec Libero Football Finance
Par ailleurs, l'accord s'inscrit dans un contexte déjà tendu pour le FC Barcelona, marqué par un litige en cours avec Libero Football Finance. Ce fonds d'investissement allemand avait acquis 9,8 % de Barça Vision en août 2023, mais n'a pas honoré ses engagements financiers, entraînant une action en justice de la part du club pour rompre le contrat. Libero, pour sa part, a riposté en accusant le Barça de ne pas avoir respecté un accord stipulant qu'un autre investisseur devait racheter la même participation, ce qui n'a jamais eu lieu.
La situation avec Libero Football Finance a entraîné la suspension, fin juin dernier, de l'entrée en bourse de Barça Vision à travers le SPAC Mountain & Co I Acquisition. Aujourd'hui, malgré l'annonce du partenariat avec Aramark, le Barça n'a pas officiellement éclairci si les actions achetées par la multinationale américaine correspondent bien à la participation de Libero Finance, ou si c'est une partie des actions des autres associés du projet.
Avant cette officialisation de la collaboration avec Aramark, Barça Vision était détenue à 51 % par le FC Barcelona à travers la filiale Barça Producción. Les autres associés sont Socios.com ou Blaugrana Invest (17,1 %), Libero Football (9,8 %), NIPA/Vestigias (19,7 %) et Orpheus Media, une entreprise contrôlée par Jaume Roures (2,4 %). À ce jour, vu la difficulté pour le Barça de sécuriser des investissements stables dans ce projet, il est légitime de se demander si ces associés y trouvent un intérêt, car les situations de non-paiement sont fréquentes.
Dans le même sujet : Barça Vision : les clés pour comprendre le projet numérique du FC Barcelona
Pour rappel, Socios.com et Orpheus Media ont été les deux premiers partenaires à rejoindre le club de LaLiga dans le projet Barça Vision, rachetant chacun 24,5 % du capital au cours de l'été 2022 pour un total de 200 millions d'euros (100 millions chacun). À la conclusion de ces deux opérations, le Barça a reçu un paiement immédiat de 20 millions d'euros (10 millions chacun), lui permettant de boucler son plan de trésorerie de l'époque. Le reliquat, 90 millions d'euros chacun, devait être réglé sur trois ans, 30 millions par an, mais au bout de la première année, les premiers impayés sont survenus.
Par la suite, Libero Football et NIPA/Vestigias ont acquis chacun des parts des deux sociétaires, soit 29,5 % au total pour 120 millions d'euros. Toutefois, ces nouvelles acquisitions n'ont pas réglé les problèmes d'impayés, car le fonds d'investissement allemand n'a rien versé au club, jusqu'à ce que cela entraîne un conflit juridique et l'arrivée aujourd'hui d'Aramark dans le capital de Barça Vision, avec toutes les zones d'ombre à éclaircir.
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