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La formation espagnole: Une machine qui fonctionne

Avec une bonne équipe, la sélection des moins de 19 ans représente l'Espagne au championnat d'Europe de la catégorie en Arménie. Le pays vit un nouvel âge d'or de son football de jeune sans modifier le modèle de formation et de jeu élaboré.
Le staff technique des catégories inférieures du football espagnol
De gauche à droite: David Gordo (sélectionneur des U17), Santi Denia (U19), Miguel Angel España (entraineur des gardiens et Francis Hernandez (Coordinateur). Uly Martin (El Pais)

C'est avec les yeux qui brillent que Sergio Martin Gomez se souvient d'un après-midi de septembre 2016 lorsqu'il a reçu pour la première fois l'appel de l'équipe nationale espagnole. "C'était le Graal!" dit-il. Né à Badalone en 2000, l'attaquant venait d'avoir 16 ans et s'entraînait avec les cadets du FC Barcelone à la cité sportive Joan Gamper lorsque Santi Denia, alors responsable du premier panier des jeunes talents, lui a laissé un message pour lui annoncer sa première convocation avec la sélection des moins de 16 ans.

"Nous étions  22 joueurs réunis du lundi au mercredi  à Las Rozas (commune de la communauté de Madrid où se trouve le siège de la Fédération)", se souvient  Sergio. "Le mercredi, nous avions disputé un match à onze contre onze, le plus important de tous. Les entraineurs nous ont observé. Comme nous avions tous donné le meilleur de nous même, nous avions été confronté à tous les postes possibles. Dans nos clubs, chez les cadets et les juniors, il arrive que nous soyons supérieurs à nos adversaires, mais ici le niveau est très élevé et chacun doit être à cent pour cent à chaque minute. Il y a des moments où vous avez moins la balle et c'est là que vous en apprenez plus." 

Près de quatre ans se sont écoulés depuis ce jour d'initiation. En 2017, Sergio a rejoint le Borussia Dortmund et est devenu un joueur professionnel. Sanctionné lors du premier match contre l'Arménie, il a débuté son Euro face au Portugal, mercredi (1-1). Il est accompagné par la majorité des garçons de la génération 2000 qui ont joué avec lui lors du premier match 11x11 à Las Rozas. "Aujourd'hui, de nombreux joueurs sont nés en 2001, mais nous formons plus ou moins la même équipe que nous avons bâtie en catégorie des moins de 16 ans," explique le meneur de jeu. "Ferran Torres, Juan Miranda, Abel Ruiz, Ricard Sanchez, Hugo Guillamon, Jandro Orellana, Alvaro Fernandez... Nous sommes unis. Et Santi est toujours notre entraîneur."

Santi Denia faisait partie de la fabuleuse équipe de l'Atlético de Madrid, qui a réalisé le doublé Liga et Copa en 1996. Entraineur adjoint de Luis de la Fuente sur le banc de la sélection des moins de 21 ans qui vient de remporter l'Euro espoirs, il prend les choses avec un mélange de tension et de naturel. "J'ai eu la chance d'être entraineur des moins de 15 ans et des moins de 16 ans, et c'est le travail le plus difficile", explique-t-il, "parce que c'est le premier choix, la première recherche. Si les choix sont bons dans la première étape, pour les moins de 17 ans et les moins de 19 ans, on ne fait que suivre."

Santi est un disciple de Ginés Meléndez, père footballistique d'Andrés Iniesta et l'un des fondateurs du modèle de gestion pour les catégories inférieures, qui, maintenant, est passé entre les mains de Francis Hernandez. Nommé par Luis Rubiales (le président de la Fédération) à la tête de la coordination des sélections de jeunes, Hernandez, 41 ans, reconnaît qu'il n'est pas nécessaire d'introduire de changements majeurs dans cette machine qui a apporté 14 titres au football de base espagnol au cours de ces trois dernières décennies. De loin, le record européen. "Il est important de créer un sentiment de communauté", observe-t-il, "il y a des idées qui restent  très valables telles que la rotation des entraineurs dans les trois catégories officielles de l'UEFA, les moins de 17 ans, les moins de 19 ans et les moins de 21 ans. C'est de cette manière que tout le monde connaît tous les enfants."

Connaître le partenaire

Le modèle espagnol est basé d'abord sur l'empathie pour accentuer le sens de la passe et l'identité du football associatif. La continuité dans la coexistence des enfants contribue à cultiver cette complicité qui est la base du jeu élaboré. "L'une des choses les plus importantes pour jouer en équipe est de connaître ses partenaires", explique Sergio. "Comme nous nous affrontons à plusieurs reprises à l'entrainement, nous connaissons les forces et les faiblesses de chacun et nous en tirons avantage. Lors de mon premier match à Las Rozas, j'ai été placé sur le coté gauche. Santi a toujours préféré que je joue au coté de Miranda que je connais très bien puisque nous avons évolué ensemble au Barça depuis que nous sommes cadets. Grâce à cette relation, nous avons atteint la finale de la Coupe du Monde des moins de 17 ans...".

D'après ses observations, Sergio considère que l'entrainement au sein de la sélection est plus tactique qu'en club. Santi explique la raison: "Cela me semble bien que l'idée de jeu de toutes les académies, qui accueillent les enfants en Espagne, soit le football collectif, vouloir garder le ballon. C'est primordial. Quand nous avons été champions d'Europe et du monde, c'était ainsi qu'on avait joué. Mais lorsque les garçons arrivent ici pour la première fois, ils ont cette idée de jeu enracinée en eux qu'on constate souvent un déficit dans l'aspect défensif".

"Nous leur apprenons à bien défendre", ajoute l'entraineur, qui jouait au poste de défenseur central en son temps.  "Parce que l'opposition chez les cadets et le juvéniles dans les Canteras (centres de formation) de premier niveau est si déséquilibrée que les défenseurs des meilleures équipes ne pensent qu'à attaquer. Un cadet du Real Madrid a normalement deux matchs de haut niveau en compétition par saison: face à l'Atletico de Madrid et au Rayo Vallecano. Le reste, c'est du gâteau. En sélection, ils doivent se mesurer avec le Brésil, l'Allemagne ou le Portugal et là ils auront du pain sur la planche"

Sergio médite sur le caractère pédagogique des stages à Las Rozas. "Plus on apprend, plus on a de séances vidéo", dit-il. "Ici, ils enregistrent tout: les entraînements et les matchs. Ensuite, ils nous montrent ce que nous avons fait de bien ou de moins bien. Au Barça nous travaillons beaucoup la possession. Et comme nous la maîtrisons, Santi met davantage l'accent sur la tactique: les coups de pied arrêtés, les phases offensives et surtout les transitions afin que nous puissions rapidement récupérer la balle après l'avoir perdu".

Tous les champions du monde 2010 ont fait leurs classes dans les catégories inférieures d'Espagne. Tous ont suivi cette formation, améliorée par de petits ajustement, sans changer la méthode. Dix ans plus tard, la machine roule toujours.

Le processus de la formation

Francis Hernandez: "Nous cherchons en premier des garçons avec un talent inné pour prendre les bonnes décisions".
Francis Hernandez, le nouveau coordinateur des sélections de jeunes, indique que l'un des moyens d'améliorer l'efficacité de la formation de footballeurs d'élite en Espagne est de faire rentrer les jeunes dans la compétition le plus tôt possible. C'était l'une des initiatives de Luis Rubiales, président de la Fédération, et de la nouvelle équipe technique: commencer à appeler les joueurs à l'âge 13 ans au lieu d'attendre qu'ils aient 15 ou 16 ans.

"A 13 ans, certains enfants commencent à démontrer qu'ils ont le potentiel d'atteindre le plus haut niveau", note Hernandez. "C'est un âge clé. Voilà pourquoi nous avons proposé à la Ligue de football Amateur de modifier l'âge des compétitions dans les fédérations régionales. Jusqu'à présent, l'âge du championnat espagnol régional était de moins de 16 ans et de moins de 18 ans. La saison prochaine, ce sera à partir de moins de 14 ans et moins de 16 ans. Ainsi, nous bénéficierons de la connaissance des joueurs à un âge plus précoce dans le giron des fédérations régionales. Nous partirons de là maintenant car un joueur, on ne le connait pas vraiment tant qu'il n'est pas en compétition".

En ce qui concerne le modèle utilisé pour la détection des garçons à partir de 13 ans, Hernandez fait référence à l'essence. "Le caractère latin aide à avoir de la personnalité et de l'impudence", dit-il; "que le ballon (la possession de balle) soit le protagoniste du jeu. Être extroverti dans cet aspect aide à être meilleur."

"Nous recherchons des joueurs dotés d'un talent inné pour prendre les bonnes décisions, a t-il déclaré. "Mais notre obligation fondamentale est de leur apprendre à interpréter le jeu. Le prototype idéal. Un joueur fort, technique dans les gestes qu'il faut effectuer facilement, qui lit le jeu avec une intelligence supérieure. Si nous obtenons ce profil, c'est excellent; sinon, nous devons avoir des joueurs capables d'interpréter les bases fondamentales du jeu. A partir de là, nous pouvons améliorer les autres aspects. Le processus ne pas être l'inverse."

El Pais

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