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Crédit image : FC Barcelona |
Depuis quelques années, la Real Federación Española de Fútbol (Rfef) mise sur des partenariats lucratifs pour renforcer ses finances et accroître la visibilité internationale du football espagnol. Dans cette logique, l’organisation de la Supercoupe d’Espagne en Arabie saoudite initiée en 2019, pourrait être prolongée jusqu’en 2034, comme l’a récemment confirmé Rafael Louzán, nouveau président de la fédération. Cette décision, qui repose sur des enjeux financiers et stratégiques majeurs, ne manquera certainement pas de susciter débats et critiques.
Un partenariat lucratif à long terme
En 2019, sous la présidence de Luis Rubiales, la Rfef avait conclu un contrat de six ans avec l’Arabie saoudite pour accueillir la Supercoupe d’Espagne dans le pays. Cet accord, d’une valeur totale de 240 millions d’euros, rapporte chaque année environ 40 millions d’euros à la fédération, répartis entre les clubs participants, la Rfef et l’agence intermédiaire.
Désormais, Rafael Louzán souhaite non seulement honorer cet engagement jusqu’en 2029, mais également étendre cette collaboration jusqu’en 2034, renforçant ainsi les relations avec un partenaire clé du Moyen-Orient. Pour Louzán, ce partenariat s’inscrit dans une logique de "croissance mutuelle". Lors de son discours récent, il a souligné que "les succès de l’Arabie saoudite seront aussi ceux de la Rfef", illustrant une volonté assumée d’établir une relation symbiotique.
Une répartition des revenus à repenser
L’un des principaux points de tension soulevés par ce partenariat est la répartition des revenus entre les clubs participants. Cette année, le FC Barcelone, vainqueur de l’édition 2025, a touché 8,3 millions d’euros, dont 6 millions garantis, 2 millions de bonus pour sa victoire et 300 000 euros pour couvrir les frais logistiques.
Le finaliste, le Real Madrid, a empoché 7 millions d’euros, soit une différence marginale avec le vainqueur, tandis que les clubs éliminés en demi-finales, l’Athletic Club et le RCD Mallorca, n’ont perçu respectivement que 2 millions et 850.000 euros.
Cette disparité suscite des critiques, notamment de la part des équipes les moins récompensées, qui dénoncent une injustice dans la distribution des gains. En réponse, Rafael Louzán a exprimé son intention de réviser ce système afin de garantir une répartition plus équilibrée à l’avenir.
Vers une Supercoupe féminine en Arabie saoudite ?
Au-delà du football masculin, Louzán envisage également d’exporter la Supercoupe d’Espagne féminine en Arabie saoudite. Cette initiative s’appuie sur l’intérêt croissant du royaume pour le développement du football féminin, un domaine encore émergent dans cette région.
Pour la Rfef, cela représente une opportunité d’accroître la visibilité et l’influence du football espagnol tout en répondant à des ambitions stratégiques globales. Cependant, cette proposition soulève des interrogations, notamment sur la compatibilité des valeurs sportives avec les politiques sociales du pays hôte, souvent critiqué pour son bilan en matière de droits humains et d’égalité des sexes.
Une décision controversée
Si le partenariat avec l’Arabie saoudite assure des revenus significatifs pour la Rfef et les clubs espagnols, il reste l’objet de vives critiques éthiques et stratégiques. Certains observateurs dénoncent la dépendance croissante du football espagnol à l’égard de financements issus de pays controversés, remettant en question les valeurs universelles du sport.
En outre, les inégalités financières entre les clubs participants pourraient à terme fragiliser l’attrait sportif de la compétition. Pour que ce projet à long terme soit viable, la Rfef devra trouver un équilibre entre les intérêts économiques, les enjeux sportifs et les attentes éthiques.
La prolongation de la Supercoupe d’Espagne en Arabie saoudite jusqu’en 2034 représente une opportunité économique majeure pour la Rfef et les clubs espagnols. Toutefois, ce partenariat s’accompagne de défis significatifs : la révision de la répartition des revenus, la prise en compte des enjeux éthiques et l’adaptation aux attentes des différents acteurs. Si la Rfef parvient à surmonter ces obstacles, cette collaboration pourrait s’imposer comme un modèle de financement sportif à l’échelle internationale. Mais sans réformes profondes, elle risque de creuser davantage les divisions au sein du football espagnol.
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