Crédit image : La Liga F |
La signature de la nouvelle convention collective pour le football féminin professionnel en Espagne marque une avancée significative pour les footballeuses. La Liga F, en collaboration avec les syndicats FUTPRO, CCOO, et Futbolistan ON, a officialisé ce nouvel accord qui a reçu un soutien impressionnant de 97 % des joueuses. Cependant, l'absence des signatures de l'AFE (Association des footballeurs espagnols) et de l'UGT (Union générale des travailleurs) soulève des interrogations sur l'unité et la représentation des intérêts des footballeuses.
Un accord historique
La récente signature de cette nouvelle convention collective est le résultat de plusieurs mois de négociations. En septembre 2023, un premier accord avait déjà été conclu sur des questions économiques, mettant fin à une grève qui avait secoué le football féminin espagnol. Ce nouvel accord a été salué par les joueuses comme un progrès notable. Il englobe des améliorations dans des domaines cruciaux tels que la maternité, la conciliation travail-vie personnelle, la santé mentale, les congés, les bourses d'études et l'entrepreneuriat.
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Beatriz Álvarez, présidente de la Liga F, a exprimé sa satisfaction dans un communiqué soulignant que cet accord représente un acte de responsabilité de la part de la ligue et des clubs, démontrant un engagement clair envers le développement du football féminin en Espagne. Elle a déclaré que cette convention marque un « pas évident en avant ». Selon Álvarez, ce cadre régulateur innovant renforce également le rôle du football féminin comme « locomotive du sport féminin en Espagne », créant un précédent inspirant pour d'autres compétitions féminine et une avancée tangible vers une égalité des droits dans le sport.
Des améliorations économiques notables
Un des points forts de la nouvelle convention est l'augmentation significative du salaire minimum pour les joueuses. Ce salaire, qui était auparavant fixé à 16 000 euros minimum, a été porté à 21 000 euros pour la saison 2023/2024. Cette somme pourrait atteindre 23 000 euros selon la croissance des revenus commerciaux de la ligue. Pour la saison suivante, le salaire minimum sera de 22 500 euros, avec une possibilité d'augmenter jusqu'à 25 000 euros en fonction des nouveaux accords de parrainage.
Malgré ces augmentations, les footballeuses restent sur leur faim, notamment parce que le minimum proposé est en dessous des 30 000 euros qu'elles avait initialement demandés. Cette situation met en lumière les défis persistants auxquels sont confrontées les femmes dans le sport, où les inégalités salariales avec leurs homologues masculins demeurent une réalité.
Opposition et divergences syndicales
L'absence de soutien de l'AFE et de l'UGT a jeté une ombre sur l'accord. Ces syndicats ont choisi de ne pas signer la convention, estimant qu'elle ne représente pas une amélioration qualitative par rapport à l'accord précédent. Ils font valoir que les termes négociés auraient dû être plus ambitieux afin d'atteindre une égalité des droits comparable aux footballeurs masculins.
Dans un communiqué, l'AFE a précisé que plusieurs questions, jugées essentielles par ses membres, n'ont pas été abordées dans la convention, soulignant un manque d'ambition dans l'avancée des droits des footballeuses. Parmi les éléments absents, le syndicat déplore l'absence d'un Fonds de Garantie Salarial, pourtant essentiel pour sécuriser les salaires des joueuses en cas de défaillance de leur club, un dispositif pourtant en place pour les joueurs masculins
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La gestion du calendrier exclusivement par la Liga F, sans concertation avec les joueuses, est également dénoncée, alors qu'elle pourrait impacter les conditions de travail et de santé. Par ailleurs la présence d'une liste de compensation, qui limite la liberté des joueuses de changer de club, est vue par l'AFE comme une restriction au libre exercice de leur profession.
Ces points sont perçus comme des éléments creusant encore davantage le fossé entre les droits des footballeuses à ceux des footballeurs. La position de l'AFE soulève ainsi des interrogations quant à la capacité des syndicats signataires à défendre efficacement les intérêts des joueuses, d'autant plus que ce contexte exige une unité forte pour faire véritablement progresser leurs droits.
Les critiques de la Liga F
La Liga F, de son côté, a réagi en louant le professionnalisme et l'engagement de FUTPRO, CCOO et Futbolistas ON, saluant leur contribution active et leur respect des accords intermédiaires tout au long des négociations. En revanche, le gestionnaire du football professionnel féminin a critiqué sévèrement l'UGT et l'AFE, les accusant d'un « manque d'intégrité, de rigueur et de respect » envers le processus. Selon la Liga F, l'AFE aurait montré une participation minimale, marquée par de nombreuses absences aux réunions et une quasi-absence de débat sur les questions cruciales.
De plus, l'UGT aurait manqué à son engagement en refusant de signer l'accord malgré une validation initiale. Cette situation révèle des tensions sous-jacentes dans le paysage syndical du football féminin, où les divergences sur les priorités et les stratégies syndicales pourraient avoir des répercussions sur l'unité et l'efficacité de la défense des droits des footballeuses, alors que l'évolution de leurs conditions de travail nécessite une cohésion syndicale solide.
En conclusion, la signature de cette nouvelle convention collective représente une avancée significative pour le football féminin en Espagne, tant sur le plan des conditions de travail que de la rémunération. Cependant, les tensions entre les syndicats mettent en lumière le manque d'unité dans la défense des intérêts.
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