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FEB Analytics 2025 : Analyse économique et financière du CA Osasuna

Analyse détaillée des états financiers du CA Osasuna pour la saison 2023/2024, mettant en lumière les résultats et la santé économique du club.
Crédit image : LaLiga

Le CA Osasuna a clôturé la saison 2023/2024 avec un bénéfice net de 2,8 millions d'euros, dépassant largement les prévisions qui anticipaient une perte de 3,1 millions d'euros. Ce redressement, porté par une proactivité sur le marché des transferts au moment opportun, met fin à deux années consécutives de pertes. Malgré des efforts notables pour réduire son endettement bancaire, la dette nette n'a pas connu d'amélioration significative. Cet article de FEB Analytics se penche sur les principaux aspects financiers du club, analysant ses revenus et charges d'exploitation, les indicateurs financiers, ainsi que la situation de la dette.


Baisse des recettes d'exploitation malgré légère hausse du chiffre d'affaires net


Les recettes d'exploitation (comprenant le chiffre d'affaires net et les autres recettes de gestion courante) du CA Osasuna au cours de la saison 2023/2024 ont connu une légère baisse de 2,3 %, s'établissant à 73,5 millions d'euros contre les 75,2 millions générés la saison précédente. Ce recul est principalement dû à une chute marquée de 31,9% des revenus commerciaux et de 46,3 % des autres recettes de gestion. Les hausses observées dans les autres domaines, telles que les recettes de compétitions, les droits TV, la billetterie et les abonnements n'ont pas réussi à compenser cette baisse dans les deux secteurs précités.



Le secteur commercial, qui avait connu une année exceptionnelle en 2022/2023 avec 11,3 millions d'euros grâce à la qualification en finale de Copa del Rey, est retombé jusqu'à 7,7 millions d'euros. Cependant, le club a su capitaliser sur cette finale et la septième place obtenue en Liga pour accroître ses recettes dans d'autres secteurs. Les droits TV ont augmenté de 3,7 %, tandis que les abonnements et la cotisation des socios ont grimpé 24,8 %. La participation à la phase préliminaire de l'UEFA Conference League et à la Supercoupe d'Espagne a permis d'augmenter les recettes de compétition de 15,1 %.


En outre, Osasuna a généré 44 000 euros dans l'exploitation de ses infrastructures, portant son chiffre d'affaires net à 71,2 millions d'euros, soit une légère hausse de 0,4 % par rapport à la saison précédente. Les recettes télévisuelles représentent 72,8 % du chiffre d'affaires net, montrant une certaine dépendance persistante à cette source de revenus. Toutefois, le club a significativement réduit cette dépendance par par rapport à la saison 2019/2020 (l'année de son retour en première division), quand elles représentaient 84,1 %. Cela reflète les efforts entrepris pour diversifier les sources de revenus.



Ces résultats positifs ne sont pas le fruit du hasard, mais s'inscrivent dans une stratégie de développement amorcée depuis plusieurs années. En effet, au-delà de la seule 2023/2024, le CA Osasuna a su, au fil des cinq dernières années, se consolider en tant club stable au sein de l'élite du football espagnol. Grâce à des efforts constants de diversification de ses revenus et à une gestion rigoureuse, le club a transformé son modèle économique, quadruplant notamment ses recettes de sponsoring.


L'accord de partenariat avec Adidas, signé en juillet en 2020, a servi de base pour le développement du club dans le secteur commercial. De plus, une collaboration solide a été établie avec l'entreprise locale Verleal, qui a été le sponsor principal pendant trois ans. Verleal a ensuite décidé de poursuivre l'aventure avec l'équipe féminine, permettant à Kosner de prendre le relais en 2023/2024. Ce contrat renouvelé pour deux saisons supplémentaires en mars 2024 témoigne de la stabilité croissante dans le domaine du sponsoring principal.


En outre, la rénovation du stade El Sadar a insufflé un nouvel élan à la maximisation des abonnements et de la croissance du nombre de socios. Cette forteresse rojilla est, depuis cinq ans, le pilier du développement du club et de la diversification des revenus. Pour poursuivre cette dynamique, le CA Osasuna explore diverses nouvelles opportunités commerciales visant à accroître ses revenus et étendre sa présence tant localement qu'à l'international.


Parmi ces initiatives clés à venir, on trouve la vente de collections numériques, tels que des NFTs représentant des moments historiques, des maillots numériques ou des avatars de joueurs. À ce jour ce projet est en phase de réflexion, le club n'a pas encore défini un plan d'affaires concret. En outre, La création récente d'Osasuna Experience vise à élargir l'offre d'hospitalité en établissant de nouvelles zones VIP dans le stade et en proposant des expériences uniques lors des événements.


Le club compte également capitaliser sur son infrastructure pour développer le tourisme sportif en proposant des visites guidées du stade et du musée. De plus, le développement d'une plateforme de streaming est également envisagé pour offrir de nouvelles opportunités de revenus en complément des droits TV. Par ailleurs, l'expansion des académies de football à l'international permettra d'élargir la formation et la méthodologie du club, tout en générant des revenus par le biais des frais d'inscription et merchandising.


En plus de l'exploration de nouvelles opportunités pour maximiser ses revenus, le CA Osasuna demeure très rigoureux dans la gestion de ses dépenses.


La réduction des charges d'exploitation a contribué de manière significative au bénéfice net


Au cours de la saison 2023/2024, Le club a réduit de 3 % ses charges d'exploitation les ramenant à 70,5 millions d'euros. Une économie substantielle a été réalisée sur les coûts d'approvisionnement, qui ont chuté de 66%, principalement en raison en raison des résultats sportifs moins brillants par rapport à la saison précédente. Pour rappel en 2022/2023, le club a disputé la finale de la Copa del Rey, qui a nécessité des coûts supplémentaires dans l'organisation de cet événement.


La masse salariale du personnel sportif a été également contenue, avec une réduction de 3,8 %. Ces économies sur ces deux postes ont permis de compenser l'augmentation de 29,7 % des rémunérations du personnel non sportif. Les autres charges d'exploitation, incluant les frais de service externes et les frais de solidarité envers le football amateur et d'autres disciplines sportives, entre autres, sont restés globalement stables avec une hausse modérée de 0,2 %.



Il convient également de constater que le club a montré une trop grande prudence dans ses investissements pour maintenir ses résultats sportifs de la saison précédente. La baisse de la masse salariale sportive, en partie liée à la diminution des primes collectives, est aussi le reflet d'une frilosité lors du mercato estival, où aucun recrutement majeur n’a été réalisé pour se préparer adéquatement à la compétition européenne.


Cette stratégie minimaliste sur le marché des transferts a certes permis de maintenir les comptes sous contrôle, mais elle a eu un coût sportif, visible dès l’élimination en phase préliminaire de l'UEFA Conference League. L'absence d'investissements significatifs se traduit également par une baisse de 4,7 % des charges d'amortissement des joueurs, confirmant la volonté du club de contenir ses dépenses, au détriment de sa compétitivité.


Osasuna a fait le choix de stopper l'hémorragie des pertes pour tenter de retrouver la rentabilité. Après l'échec en Coupe d'Europe et un début de saison poussif en championnat, la direction a rapidement compris que la 7ème place obtenue la saison précédente serait difficile à reproduire. Par conséquent, le mercato hivernal a été l'occasion de sécuriser l'objectif de rentabilité via la vente stratégique de Chimy Ávila et d'Adama Boiro. Ces deux opérations se sont révélées cruciales, générant 5,1 millions d’euros de plus-values tout en réduisant la masse salariale.


Un autre aspect crucial de la stratégie de la direction a été de réduire au maximum ses charges financières, qui ont baissé de 12,2 % grâce à une politique de désendettement drastique. Le club a réussi à réduire sa dette bancaire de 66,8 %, ce qui justifie clairement son adhésion au Plan Impulso de LaLiga, une initiative visant à renforcer la stabilité financière des clubs de LaLiga à long terme.


Cette gestion rigoureuse de la dette permet non seulement d’alléger les charges financières du club, mais aussi de préparer un avenir plus serein, avec une capacité accrue à investir dans d'autres domaines stratégiques.


Une gestion impeccable de la dette


Comprendre la stratégie de désendettement du CA Osasuna nécessite un bref retour en arrière sur ce qu'il s'est passée avant l'arrivée de Luis Sabalza à la présidence. En 2014, le club était en proie à une lourde dette de 43 millions d'euros envers la Hacienda Foral de Navarre, principalement due à des impayés de salaires et des dettes accumulées au fil des ans. Pour faire face à cette situation, Osasuna a envisagé une dation en paiement, un mécanisme qui lui permettrait de transférer la propriété de ses actifs, notamment le stade El Sadar et le complexe sportif de Tajonar, afin de solder ses créances envers l'administration fiscale.


L'assemblée des socios a donné son aval à cette initiative, permettant ainsi au club de se libérer de son endettement historique tout en continuant à utiliser les installations par le biais d'un contrat de location. Les conditions stipulaient un loyer de 75 000 euros par an en Segunda División et de 150 000 euros en cas de promotion en Primera. Bien que les montants de loyer soient nettement inférieurs aux projections initiales, cette approche a été jugée cruciale pour assurer la viabilité économique du club à long terme.


Avec l'approbation de la dation en paiement par le Parlement de Navarre, Osasuna a pu amorcer un processus de restructuration financière. Luis Sabalza a pris ses fonctions dans un contexte où le club avait désormais la possibilité de se concentrer sur le développement sportif et la stabilisation de ses finances. Sa présidence a marqué un tournant dans la gestion du club, avec des engagements envers la transparence financière et une volonté de retrouver la propriété de ses installations dans les années à venir.


Cet accord inédit dans le football espagnol avec les autorités publiques a permis au club de renforcer sa situation financière et d'entamer, quelques années plus tard, la rénovation complète du stade. Toujours soutenu par le gouvernement de Navarre en tant que garant, le CA Osasuna a obtenu un financement de 16 millions d'euros auprès de différentes entités bancaires pour réaliser ce projet. Le calendrier de remboursement s'étend jusqu'en 2034.


L'arrivée du Plan Impulso de LaLiga en 2021 a modifié les stratégies du club concernant la gestion de sa dette. En collaboration avec le fonds d'investissement CVC Capital Partners, les clubs de LaLiga ont reçu une injection financière de près de 2 milliards d'euros pour financer leurs projets de développement au niveau des infrastructures et répondre à des besoins à court terme en raison de l'impact de la pandémie.


D'abord réticent à ce financement, dont la maturité est de 50 ans, avec un taux fixe de 0 % et un taux variable maximum de 1,5 %, le CA Osasuna, après mûre réflexion et consultation de ses socios, a finalement décidé d'y adhérer. L'objectif était de refinancer complètement la dette bancaire liée au stade, qu'il a remboursée la saison dernière, dix ans avant la maturité, et de la substituer par le financement de CVC, dont le taux est plus abordable.


Par conséquent, la dette bancaire a drastiquement baissé de 66,8 % d'une année sur l'autre, ne laissant plus que 2,9 millions d'euros à rembourser à long terme et 3,1 millions d'euros cette saison. Au total, le club a reçu jusqu'à présent 43 des 52 millions d'euros auxquels il a droit dans le cadre du Plan Impulso et s'attend à encaisser les 9 millions restants dans les prochains mois. Cet argent servira à financer l'agrandissement du complexe sportif de Tajonar, après avoir récupéré plus de 166 000 mètres carrés du patrimoine qu'il avait cédé au Gouvernement de Navarre.



Au 30 juin 2024, le financement de CVC représente le passif à long terme le plus conséquent du club, portant la dette nette à 62,5 millions d'euros.


Des indicateurs financiers au vert, mais une nécessité de réduire la dette nette


La stratégie de désendettement agressif mise en place par le club ces dernières années a considérablement affecté sa position de trésorerie, un indicateur clé dans le calcul de la dette nette. Il convient de rappeler que la dette nette se calcule en soustrayant les créances clients et la trésorerie disponible de la dette totale. Bien que la dette nette reste élevée, elle demeure conforme aux exigences de LaLiga, qui recommande que celle-ci ne dépasse pas le chiffre d'affaires annuel.


Un autre indicateur du contrôle économique imposé par LaLiga, également respecté par le club, concerne les charges liées à l'équipe première de football, qui ne doivent pas excéder 70 % du chiffre d'affaires. De manière globale, Osasuna a affiché des résultats encourageants lors de cette saison 2023/2024. Le résultat opérationnel, avant prise en compte des plus-values, est positif de 3,4 millions d'euros, reflétant une gestion prudente des activités ordinaires.


Les plus-values des transferts ont contribué à renforcer l'EBITDA, le portant à 8,4 millions d'euros, ce qui a eu un impact significatif sur le bénéfice net. Ce bénéfice a permis une amélioration de 32,6 % des fonds propres, bien qu'ils demeurent négatifs à hauteur de 5,8 millions d'euros. La détérioration des fonds propres s'était accélérée durant la pandémie en raison des pertes accumulées. Toutefois, grâce aux résultats positifs de cette saison, le club a pu rééquilibrer la balance sur les cinq derniers exercices, affichant un bénéfice cumulé de 0,2 million d'euros.



En dehors des fonds propres, le fait que les autres indicateurs soient au vert montre qu'Osasuna est sur la bonne voie pour atteindre l'autonomie financière. Un résultat opérationnel avant plus-values positif prouve que le club parvient à financer ses charges courantes grâce à son activité ordinaire, comprenant les recettes de compétitions, d'abonnements, de billetterie, télévisuelles et commerciales.


L'EBITDA suit le même principe, mais en incluant les recettes provenant de la vente de joueurs, qui, en raison de leur nature d'actifs immobilisés, ne sont pas considérées comme une activité ordinaire, même si elles représentent des opérations régulières pour un club de football. Avoir un EBITDA positif démontre donc que les recettes ordinaires couvrent les charges courantes, avant prise en compte des charges non financières comme les amortissements ou les dépréciations.


Quant aux fonds propres, il est strictement nécessaire qu’ils redeviennent positifs pour renforcer l'autonomie financière à laquelle aspire le club. Ces fonds représentent la valeur nette du club, autrement dit, les ressources qui lui appartiennent. Leur valeur correspond à la différence entre le passif et l'actif, à laquelle nous avons également soustrait les subventions reçues des administrations publiques pour financer les infrastructures. Cette valeur négative montre que le club dépend encore des financements externes, ce qui accroît forcément sa dette nette. Comme, expliqué un peu plus haut la valeur élevée de cette dette nette est dû au financement de CVC, qui a certe permis de rembourser la dette bancaire, mais le club ne s'est pas vraiment désendetter pour autant.


Dans le cas d'un club comme Osasuna, l'un des rares en Espagne à toujours appartenir à ses socios, la génération de bénéfices est indispensable pour renforcer ses fonds propres. Ces ressources propres sont, à ce jour, insuffisantes pour que le club puisse financer des projets de grande ampleur, tels que la rénovation du stade et l'agrandissement prévu du complexe sportif de Tajonar, d'où son adhésion au Plan Impulso. Un financement qu'Athletic Club, un autre club appartenant à ses socios, a refusé grâce à la solidité de ses fonds propres.


Un budget équilibré pour 2024/2025


Pour la saison 2024/2025, le CA Osasuna prévoit une baisse de 7 % de ses recettes d'exploitation, qui devraient atteindre 68,4 millions d'euros. Cette diminution est principalement due à l'absence de compétitions européennes et à une 11e place en Liga lors de la saison précédente. En conséquence, les droits TV devraient baisser de 4,8 % et les recettes liées aux compétitions de 68 %. Cependant, le club anticipe une hausse de 10,5 % des abonnements et une progression de 12,2 % des revenus commerciaux, reflétant les efforts continus de diversification des sources de revenus.


Sur le plan des dépenses, celles-ci devraient rester stables à environ 70,9 millions d'euros, ce qui entraînera un déficit opérationnel hors plus-values estimé à 2,47 millions d'euros. Le manque d'investissement dans l'effectif la saison précédente a directement impacté les performances sportives et, par conséquent, les revenus.


Néanmoins, le club s'attend à réaliser 9,9 millions d'euros de ventes de joueurs, ce qui permettra de dégager un EBITDA de 7,4 millions d'euros. Cela mènera à un bénéfice net modeste de 39 000 euros. Pour renforcer la compétitivité de l'équipe, le club a également prévu une augmentation de 8,6 % des amortissements liés aux joueurs, signe d'une reprise des investissements dans l'effectif.


Par ailleurs, Osasuna continuera de réduire sa dette bancaire, avec un remboursement prévu de 3,1 millions d'euros, ce qui entraînera une baisse de 24,8 % des charges financières. Cette réduction des coûts financiers reste essentielle pour maintenir l'équilibre budgétaire du club.



En conclusion, le CA Osasuna a démontré une solide capacité à surmonter ses défis financiers tout en adoptant une stratégie de diversification des revenus et de désendettement rigoureuse. La saison 2023/2024 marque un tournant positif avec un retour à la rentabilité, malgré des recettes en baisse et des performances sportives mitigées. La gestion prudente du club, notamment en matière de contrôle des coûts et de réduction de la dette, a permis d'assainir ses finances, préparant ainsi l'avenir avec une meilleure stabilité économique.


À moyen et long terme, Osasuna devra toutefois concilier ses ambitions sportives avec la nécessité de poursuivre la réduction de sa dette nette, tout en veillant à renforcer ses fonds propres, encore négatifs. Le club devra également investir intelligemment dans son effectif et ses infrastructures pour maintenir sa compétitivité sur le terrain. Les initiatives comme l’agrandissement du complexe de Tajonar et le développement des opportunités commerciales, telles que les NFTs et Osasuna Experience, sont autant d’outils clés pour assurer une croissance durable.


En somme, le club est sur la bonne voie pour atteindre une autonomie financière, mais la prudence et la rigueur devront rester au cœur de ses décisions pour garantir une pérennité à long terme. La poursuite des investissements stratégiques, tant sur le plan sportif que commercial, sera essentielle pour renforcer la position d’Osasuna parmi l’élite du football espagnol, tout en respectant les contraintes budgétaires imposées par LaLiga.


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