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LaLiga : Comprendre le contrôle économique et la limite salariale

L'élaboration du budget et la maîtrise des dépense. Quelles sont les clés pour comprendre le fair play financier de LaLiga espagnole.

Les clubs travaillent contre la montre pour trouver de nouvelles recettes et ressources auprès de leurs actionnaires, voire pour vendre des actifs, afin d'augmenter la masse salariale. Tout cela pour se conformer à un fair-play de 110 règles garantissant la pérennité du système.


Ces dernières semaines, l'arrivée de Joao Félix au Barça a fait beaucoup parlé, mais dans LaLiga, avant la visite médicale, il y a le contrôle économique ou le fair-play financier. Un système qui, en résumé, vise à assurer que les clubs ne dépensent pas plus qu'ils ne gagnent. Comment ? En régulant le principal poste de dépenses, le coût de l'effectif ou la masse salariale. LaLiga impose un plafond communément appelé « limite salariale » - bien qu'il couvre plus que cela - sur les revenus escomptés. Une mesure pionnière qui a été introduite en 2013 et que désormais d'autres ligues et l'Uefa elle-même ont comme référence dans leurs nouveaux modèles économiques. La Premier League elle-même assume la nécessité d'évoluer vers un modèle de contrôle similaire à celui du football espagnol, qui, il y a seulement dix ans, avait pratiquement la moitié de ses clubs professionnels en procédure d'insolvabilité ou très proche de l'être. Voici un guide rapide pour comprendre son fonctionnement et ses mises à jour.


L'objectif du contrôle économique de LaLiga n'est pas complexe à comprendre. Ne rien devoir à personne, et si l'on doit quelque chose, que son paiement soit prioritaire par rapport au renforcement de l'équipe première, à savoir le recrutement. L'objectif est simple à comprendre, le système est en revanche beaucoup plus complexe. Pour calculer le plafond salariale d'une saison, l'organisation présidée par Javier Tebas obtient le chiffre d'affaires attendus de chaque équipe pour chaque saison et commence à soustraire les dépenses non sportives (approvisionnements, charges d'exploitation, coût salarial du personnel administratif...), les paiements des dettes engagées et les déficits antérieurs, qui doivent être récupérés les saisons suivantes. Telles sont les questions clés comprendre le fonctionnement de ce contrôle financier :


Qu'est ce qui est pris en compte comme revenus pour le plafond salarial ?


Tout est pris en compte. La première chose qui préoccupe LaLiga et son équipe économique, dirigée par Javier Gomez, ce sont les affaires. Ces revenus se reflètent dans les budgets, qui ont leur propre modèle à LaLiga. Ce n'est pas pour rien que le règlement pour leur élaboration est aujourd'hui un document de 268 pages et de 110 articles, où ne manquent pas les dispositions transitoires, les annexes, les effectifs et les modèle pour la présentation de la documentation. Des chiffres d'affaires gonflés perturberaient le plafond salarial et causeraient des problèmes à l'avenir. Ces pourquoi LaLiga exige des chiffres réalistes.


La principale source de revenus, la télévision, est déjà connue avant le début de la saison, puisqu'elle est distribuée par LaLiga elle-même suite aux accords de vente. Pour le reste, l'organisme contrôle et régit des règles. Dans les recettes de compétitions (la billetterie et les paiements de l'Uefa et de la Rfef), les clubs ne peuvent budgéter un montant supérieur à celui qu'ils ont obtenu au cours des trois dernières saisons. Une nuance : la présence en Europe ou en Supercoupe d'Espagne ne peut être connue que lors de la saison en cours, ce qui permet des exceptions.


Il en va de même pour les ventes d'abonnements, dont le budget ne peut être supérieur à celui de la saison précédente. Toutefois, dans cette vague de rénovation des stades, LaLiga permet d'augmenter cette source de revenus si un plan détaillé de l'augmentation des recettes est présenté. Il en va de même bien entendu lorsqu'une équipe est promue. En attendant, les prévisions commerciales pour l'exploitation du stade ou d'autres installations - en augmentation ces dernières années - ne peuvent être supérieur à la moyenne des trois dernières saisons.


Il convient également de souligner le contrôle exercé sur le sponsoring. Dans d'autres ligues et pays, de nombreux propriétaires multimillionnaires profitent de cet élément pour verser des contributions déguisées en sponsoring à des prix hors marché. Ils contournaient ainsi le fair-play financier de l'Uefa, malgré les nouveaux changements apportés au modèle. En Espagne, ce point est surveillé de plus près et, dès le départ, seul un chiffre étayé par des contrats en cours est accepté : les chiffres historiques ou les promesses de négociations en cours ne sont pas valables. En outre, il est non seulement important que le prix du sponsoring, soit conforme au marché, mais aussi qu'il réponde à un « besoin économique réel », selon LaLiga.


Dans le cadre du sponsoring, le contrôle économique évalue non seulement que le prix est conforme au marché, mais aussi qu'il répond à « un besoin économique réel »


En d'autres termes, l'arrivée massive de marques en provenance d'un pays d'un nouvel actionnaire qui voient soudainement un intérêt dans une équipe de football comme plateforme commerciale n'est pas une bonne chose. L'UD Almeria, par exemple, a vu son budget de la saison 2021/2022 réduit de près de huit millions d'euros. Le sponsoring était monté jusqu'à 10 millions d'euros, devenant la principale source de revenus ce qui était inédit en deuxième division, avec des marques saoudiennes, pays d'origine de son propriétaire, Turki Al-Sheikh.


Enfin les transferts. Une source de revenus essentielle pour de nombreuses équipes, qui a été considérablement affectée par la pandémie du Covid-19, et dans laquelle les clubs ont également la moyenne des trois dernières saisons comme plafond pour augmenter leurs budgets pour contrôle économique et leur limite salariale.


Que couvre le coût du personnel sportif ?


En résumé, le coût du personnel sportif est le montant que chaque club consacre à la consitution de l'équipe première, qu'il s'agisse des salaires ou de l'amortissement des transferts. Il s'agit à la fois de ce qui est versé annuellement aux joueurs et de ce qu'il en a coûté pour pouvoir les inclure dans la masse salariale parce qu'ils n'ont pas été formés dans le centre de formation. En outre, LaLiga inclut dans le calcul toute rémunération, en espèce ou en nature (logement, voyage, voiture...), les paiements pour les droits à l'image et aux représentants, les primes collectives d'objectifs, les contributions aux plans de pension, les amortissements pour leur signatures ou le prix du transfert, ainsi que les indemnités. Ainsi, la lettre de licenciement pour libérer la masse salariale n'est pas l'option la plus intéressante pour les équipes en sureffectif, car il résout un problème à long terme plutôt qu'à court terme.


Dans le calcul du coût du personnel sportif, LaLiga ne prend pas seulement en compte les joueurs présents dans l'équipe première. Elle prend également en compte le staff technique (entraîneur principal et adjoint, préparateur physique et technicien ayant des fonctions similaires). De plus les joueurs ayant un contrat valide sont également inclus, même si le club décide de ne pas les enregistrer s'il n'est pas en mesure de leur faire une place dans l'équipe réserve. Il en va de même pour les rémunérations exceptionnelles des joueurs qui ne font plus partie de l'effectif, comme la prime de promotion ou la formule née de la pandémie : le report des salaires. En outre, les équipes B, l'équipe féminine et les sections omnisports sont également incluses dans le personnel sportif non enregistrable, donc incluses dans le coût du personnel sportif.


D'autre part, le coût du personnel tient également compte d'une autre formule magique de plus en plus exploitée : le transfert avec option d'achat obligatoire. Une façon d'intégrer des recrutements sans avoir à assumer le coût total du transfert la première année. LaLiga pénalise en partie ces accords en obligeant à facturer 25% du montant total convenu pour le transfert lors de la première année.


Le troc : sous le feu des projecteurs de la limite salariale


La dernière innovation en matière de revenus de transfert est le troc. Une question qui a coûté cher à la Juventus, qui s'est vue privée de Ligue des champions en raison de l'affaire des plus-values, et à laquelle le Barça a participé avec l'échange Pjanic-Arhtur. Dans ces cas, LaLiga analyse l'échange comme deux opérations distinctes et lui attribue sa propre valeur marchande pour le plafond salarial. Si les deux clubs disent que le prix de l'échange est de 100 millions, et bien qu'ils le reconnaissent dans leur compte, si LaLiga évalue l'opération à 50 millions, c'est ce deuxième chiffre qui comptera pour la limite salariale.


Les autres formules pour augmenter la limite salariale


Il y a quelques jours le Real Betis a annoncé une augmentation de capital à hauteur de 42 millions d'euros. Une opération que le club considère comme « fondamentale ». « Ne pas le faire signifierait un Real Betis dévalorisé, en position basse dans le classement », a assuré son président Angel Haro. L'exemple du Real Betis est limpide sur la façon d'augmenter la limite salariale alors que les affaires courantes ne permettent pas au club d'atteindre les niveaux prévus dans son nouveau plan stratégique. L'injection de fonds lui permettra d'enregistrer les joueurs et de poursuivre son projet de consolidation en tant qu'équipe européenne. Dans le cas contraire, ils préviennent qu'ils devront « générer des plus-values plus importantes sur la vente de joueurs et réduire drastiquement le coût de l'effectif, avec les conséquences sportives que cela implique ».


Toutefois, LaLiga ne permet pas aux clubs d'utiliser 100% des nouveaux fonds pour relever le plafond salarial, et il n'est pas nécessaire de le faire en une seule fois. L'injection doit être répartie sur quatre saison, et sur deux ans s'il s'agit d'un club de deuxième division. Depuis la saison 2022/2023, les clubs les moins endettés (valeur nette supérieure à 50% du passif requis) sont autorisés à allouer un maximum de 80%, montant qui tombera à 65% pour ceux qui se situent en dessous de ce ration, et à 50% pour ceux qui respectent encore l'accord avec les créanciers. Là encore, l'objectif est que le reste soit utilisé pour réduire la dette ou pour investir dans les actifs à long terme, tels que des stades ou des centre d'entraînement.


Ensuite il y a les leviers ou palancas. Un terme déjà utilisé dans les médias qui cherche également à influencer la limite salariale. Cependant, afin d'adapter le contrôle économique à ce nouvel afflux de revenus extraordinaires, LaLiga a décidé en 2022/2023 qu'ils ne peuvent être comptabilisés dans leur intégralité que s'ils ne dépassent pas un montant équivalent à 5% du chiffre d'affaires. L'excédent sera réparti proportionnellement sur la durée de l'accord de transfert de recettes est défini ou par un « calcul rationnel » s'il est à vie. C'était la formule pour freiner les clubs, comme le Barça, qui ont davantage opté pour la vente du patrimoine que pour une réduction drastique des dépenses afin d'assainir leurs finances.


Flexibilité pour digérer l'impact du Covid-19


Le système a muté et a surtout connu de nouveaux développements suite à la pandémie et ce qu'elle a entraîné. Voici l'une des principales mises à jour apportées par la pandémie : si la règle sur les déficits est restée intacte, de nombreux clubs - une vingtaine entre la Primera et le Segunda - auraient dû vendre des joueurs et/ou appliquer des réductions salariales plus importantes voire recourir à d'importantes augmentations de capital comme celles réalisées par l'Atlético de Madrid, le Real Betis ou le RCD Espanyol, entre autres. Ceci en raison des pertes directes liées à la pandémie (fermeture de stades, de boutiques...), mais aussi parce que la récupération des revenus est progressive et fortement influencée par la santé du marché des transferts.


C'est pour cette raison que LaLiga a décidé d'ouvrir le robinet aux club afin de ne pas les étouffer, pour qu'ils ne perdent pas compétitivité de leurs effectifs, en leur permettant de calculer les pertes causées par le Covid-19 sur cinq ans. La répartition sera la suivante : 15% en 2022/2023, 20% en 2023/2024 et 2024/2025, et 22,5% en 2025/2026 et 2026/2027. Dans la mise à jour de la limite salariale après le mercato hivernal de 2022/2023, le chiffre a été ajusté à 3,23 milliards d'euros. En outre, LaLiga a limité à 25% du chiffre d'affaires le montant des fonds de CVC pouvant être utilisés pour le plafond salarial.


Changements pour dynamiser le marché


La dernière modification de la règle du plafond salariale vise à garantir que LaLiga ne prenne pas trop de retard en matière d'investissement dans les transferts. Face aux limites du contrôle économique, le directeur a décidé d'assouplir le contrôle qu'il exerce sur les clubs qui dépasseront la limite afin de stimuler le marché des transferts cet été.


Plus précisément, la compétition permettra aux clubs de réinvestir 50% dans l'effectif, et non plus seulement 40%, des économies réalisées sur les transferts et renégociations. Ce pourcentage pourra être porté à 60% dans les cas où le joueur générant des économies représente plus de 5% du coût total de l'effectif. Cette mesure, de nature transitoire pour ce marché des transferts estival de la saison 2023/2024, devrait avoir un « effet positif sur de nombreux clubs en situation d'excédent, qui pourront continuer à opérer sur le marché tout en réalisant des économies », selon LaLiga.



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