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Le club blanco a encore une fois évité les chiffres rouges malgré un stade toujours en travaux. Sur le plan sportif, la saison 2021/2022 fut également une réussite avec le doublé Liga - Ligue des Champions.
Après une baisse de 7,1% du chiffre d'affaires en 2021, le Real Madrid a retrouvé le chemin de la croissance en 2022, année au cours de laquelle, l'entité présidée par Florentino Pérez a activé des leviers financiers pour maintenir sa rentabilité. Dans un environnement économique encore marqué par la crise sanitaire, le club merengue a refusé la main tendue de LaLiga-CVC dans le cadre du Plan Impulso. Il a préféré faire cavalier seul pour trouver des partenaires lui permettant de faire face au défi de la rénovation du Bernabéu, qui a fortement augmenté son endettement.
En ce sens, le Real Madrid a signé un accord avec Delantero Inversiones y Operaciones, une filiale du fonds américain Sixth Street, et Legends, une société spécialisée dans la gestion des stades et des expériences premium pour les organisations sportives et l'organisation de grands événements. L'accord consiste, entre autres, « à la cession d'une activité de gestion pour l'exploitation de certaines nouvelles activités au stade Santiago Bernabéu ».
Cette cession rapporte au club de la capitale environ 360 millions d'euros, dont 316,35 millions ont déjà été encaissés, ce qui lui a permis de renflouer sa trésorerie à la clôture de la saison 2021/2022 avec 773,32 millions d'euros en caisse. En contrepartie, Sixth Street acquiert « le droit de participer à la gestion de l'exploitation de certaines nouvelles activités du stade Santiago Bernabéu pour une période de 20 ans ». Pour sa part, Legends apportera son expérience et son savoir-faire dans l'exploitation de grands stades et de centres de loisirs.
Les états financiers du Real Madrid en 2021/2022
Revenus
Grâce à l'apport de Sixth Street, le Real Madrid a franchi la barre du milliard d'euros de revenus au cours de la saison de 2021/2022. L'entité merengue a réalisé un chiffre d'affaires total de 1 055,33 millions d'euros, soit une augmentation de 34,4% par rapport à l'année précédente. Les recettes d'exploitation s'élèvent à 712,88 millions d'euros auxquels s'ajoutent les 317,90 millions d'euros de plus-values ainsi que 15,68 millions d'euros de recettes accessoires liées à son exploitation.
Les plus-values ont permis au Real Madrid de maintenir une croissance annuelle moyenne 7% sur les cinq saisons analysées. Toutefois l'activité ordinaire continue d'être affecté par les effets de la pandémie, bien que ceux-ci s'atténuent progressivement. Dans le domaine commercial, on note un redressement du merchandising, stimulé par les performances sportives. Au niveau du sponsoring, l'activation des contrats commence à se redresser progressivement après un ralentissement au cours des deux dernières années, même si les prix et les rythmes subissent toujours les effets de la conjoncture économique.
Même si l'accord avec Sixth Street a rapporté une plus-value directe de 316 millions d'euros, il est intéressant de noter la nette diminution des plus-values réalisées dans le marché de transfert de joueurs. Dans ce domaine, le club a réalisé un résultat de 62,38 millions d'euros (105,55 millions d'euros l'année précédente). Un montant qui, confronté au coût des ventes de 60,87 millions, entraîne un résultat net négatif.
Par source de revenus, la télévision a rapporté 178,94 millions d'euros, soit une baisse logique de 13,9% après qu'une partie des recettes audiovisuelles de 2020 ait été transférée sur l'exercice de 2021. Il convient tout de même de noter que la croissance moyenne annuelle de cette source de revenus est stagnante au cours des cinq années analysées avec seulement 0,1%.
Les performances sportives et la réouverture du stade au public ont permis d'augmenter les revenus de ces concepts. Les abonnements ont rapporté 37,40 millions d'euros, contre 8,41 millions la saison précédente. Quant aux revenus de compétitions, qui incluent les paiements de l'UEFA et la billetterie libre, ils s'élèvent à 199,41 millions d'euros, une augmentation de 70,7%.
Au niveau du marketing, une diminution de 7,7% est à noter par rapport à 2021 avec une facturation qui s'élève à 290,14 millions d'euros. En plus des raisons expliquées ci-dessus par rapport à la conjoncture économique, il convient de souligner qu'après le déclenchement du conflit russo-ukrainien, le Real Madrid a suspendu les accords de sponsoring qu'il avait en Russie. Tout comme la télévision, cette source de revenus est également en stagnation avec une croissance annuelle moyenne de -0,4% sur les cinq saisons analysées.
Charges
Si le Real Madrid a cherché un moyen pour gonfler ses recettes, c'est aussi en partie en raison de l'augmentation des dépenses à assumer d'autant plus que depuis la saison 2020/2021, le club a inauguré sa section féminine, évoluant en première division et en Ligue des Champions.
Lors des deux premières saisons de la pandémie, la direction avait trouvé un accord avec le vestiaire pour une réduction temporaire des salaires, ce qui lui avait permis de maintenir les rémunérations à un niveau similaire au cours des trois dernières années. En outre, la réouverture du Bernabéu au public, a ramené les dépenses liées aux jours de match à la normale après la baisse constatée en 2021, saison jouée intégralement à huis clos. Dans une moindre mesure, le coût de l'endettement commence également à se faire sentir dans les charges du club blanco. Au total au cours de la saison 2021/2022, la totalité des dépenses ont atteint le chiffre record de 1 042,39 millions d'euros.
D'une année sur l'autre, les charge reflètent une évolution similaire à celle du chiffre d'affaires avec une augmentation de 32,9%. La croissance moyenne annuelle sur les cinq saisons analysées est de donc de 7,7%. Les dépenses d'exploitation (OPEX) ont enregistré une croissance à deux chiffres, notamment au niveau des salaires du personnel sportif et des autres charges de fonctionnement. De ce fait, pour la première fois au cours des cinq dernières années, ces dépenses nécessaires au fonctionnement du club ont dépassé les revenus générés par l'activité ordinaire, soit un ratio de 116,9%.
Les autres charges d'exploitation, qui comprennent les coûts de déplacement et les services externes, ont augmenté de 64,5% pour atteindre 286,22 millions d'euros. Cette forte hausse s'explique par les performances sportives des équipes de football et de basket. Première saison européenne pour l'équipe féminine qui a atteint les quarts de finale de la Ligue des Champions, tandis que l'équipe première masculine a glané sa 14ème étoile européenne. Du côté du basket, les Madrilènes ont atteint la finale de l'Euroligue. Cette belle saison sportive contribue également à la hausse de la masse salariale, tant du côté des joueurs que du côté du personnel administratif.
Les salaires du personnel sportif s'élèvent à 461,75 millions d'euros, 57,28 millions pour le reste du personnel. Les approvisionnements en matériels sportifs ont augmenté 46% pour atteindre 27,78 millions d'euros. La prudence madrilène sur le marché des transferts depuis plusieurs saisons se reflète sur les états financiers avec une stabilité des amortissements, qui en 2022, s'élèvent à 179,70 millions, soit une légère augmentation de 3%. Par ailleurs, le coût de la dette au cours de la saison est de 19 millions d'euros.
Résultat
Le Real Madrid est l'un des rares grands clubs européens à avoir traversé la crise du Covid-19 sans déficit. Au cours des deux premières années de la pandémie, le club madrilène a contenu ses coûts pour réaliser quelques centaines de milliers d'euros de bénéfice. En 2021/2022, face à l'augmentation des charges d'exploitation, ce sont les revenus exceptionnels qui ont permis de réaliser un bénéfice net de 12,94 millions d'euros. Un montant solide, mais bien loin des résultats d'avant pandémie quand la moyenne du bénéfice était environ de 30 millions d'euros.
Comme expliqué dans les sections précédentes, le besoin de liquidités et de génération de revenus exceptionnels étaient nécessaires afin d'éviter les pertes. Sur les cinq exercices analysés, il convient de noter que c'est la première fois que le club se retrouve en déficit structurel avant prise en compte des plus-values, l'Ebitda avant transfert étant négatif de 113,25 millions d'euros.
La prise en compte de ces plus-values a permis de remonter l'Ebitda à 204,65 millions d'euros, une marge assez suffisante pour pouvoir contenir les amortissements et le coût de la dette. La plus grande part des charges financières est les 18,63 millions d'intérêts réglés au cours de la saison. Toutefois, grâce à la capitalisation des intérêts découlant du placement de ses actifs financiers, le Real Madrid a pu atténuer son résultat financier. Celui-ci reste tout de même négatif malgré une diminution de 9% par rapport à l'année précédente.
L'endettement
Au cours des cinq dernières années, l'augmentation annuelle moyenne de la dette est de 35%. En termes absolus, la dette du Real Madrid s'élève 1 423,41 millions d'euros au 30 juin 2022, 858,14 millions l'année précédente. Il est important de noter, que l'évolution de la dette du Real Madrid s'est fait manière progressive suivant le financement du Santiago Bernabéu qui s'est réalisé par tranche entre 2020 et 2022.
Ceci est reflété par l'évolution des autres passifs financiers qui étaient nuls en 2019 et qui sont passés à 100 millions d'euros en 2020, à 375 millions en 2021 et à 800,28 millions en 2022. Dans l'écriture des comptes, le club tient à dissocier le financement du projet du Bernabéu au reste de l'endettement structurel nécessaire à la gestion des affaires courantes. Ainsi, on peut noter la diminution d'une année sur l'autre de 1,2% des obligations auprès des entités bancaires qui s'élèvent à 153,15 millions d'euros.
La dette envers les clubs et entités sportives pour transferts et autres concepts s'élèvent à 27,28 millions d'euros, soit une diminution de 57,8%. Au niveau des administrations publiques, on note une augmentation de 52,1% avec une dette s'élevant à 35,73 millions d'euros. Enfin, la partie "autres dettes auprès des tiers" est principalement constituée de dettes commerciales envers les fournisseurs et divers créanciers ainsi que les rémunérations en attente pour le personnel sportif et non sportif du club.
Dans l'analyse de la dette, il est important de souligner que la part à rembourser à court terme (à savoir dans moins d'un an) s'élève à 474,90 millions d'euros, ce qui représente 33,4% de la dette totale.
Les indicateurs financiers à retenir
Résumé des états financiers du Real Madrid
En résumé
Le Real Madrid surmonte tant bien que mal la crise économique provoquée par le Covid-19 malgré l'investissement conséquent dans la rénovation de son stade. Comme déjà annoncé dans nos précédents analyses, avec le nouveau Bernabéu, le club va tenter de diversifier au maximum ses sources de revenus. Même si l'accord avec Sixth Street et Legends a permis dans le court terme de sauver financièrement une saison où les dépenses ont été conséquentes, le but est de faire du Bernabéu une enceinte fonctionnelle sept jours sur sept avec des activités sportives, de divertissement et de loisirs. Les revenus supplémentaires que devra générer l'infrastructure madrilène contribuera au remboursement de la dette contractée pour sa rénovation.
FEB Analytics 2023 | FootEspagne Business
Crédit image : Real Madrid
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