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11 févr. 2021

Le football européen : La réforme ou le KO ?

Ballon Ligue des Champions

Avec la présence quotidienne de la Covid-19 qui renforce le doute et l'incertitude, les clubs et fédérations discutent du renouvellement du modèle économique des grandes compétitions pour augmenter les revenus ou rechercher la durabilité. Anciens souhaits et nouvelles technologies, tout s'inscrit dans un débat qui a une date d'expiration.


« La réforme du football ne peut plus attendre et nous devons nous y atteler le plus rapidement possible. Les grands clubs européens comptent des milliards de followers répartis dans le monde entier. Nous avons la responsabilité de lutter pour ce changement ».


Avec son ton particulièrement lent, Florentino Pérez n'a pas balayé la question d'un revers de main lors de la dernière assemblée générale du Real Madrid. Le président merengue n'a pas cité une seule fois le mot Superligue dans les soixante-dix pages de son discours, mais le projet de la compétition d'environ 5 000 millions d'euros porte sa signature. Et c'est un chapitre de plus dans la réforme de la pyramide compétitive des principaux sports européens que la Covid-19 semble accélérer. Le projet des grands clubs est actuellement en phase d'idée et est loin d'être un scénario de quasi-réalité. « C'est un projet très minoritaire et sans profondeur. Il n'est ni économique, ni sociale ; une claire ignorance de ce qu'est la culture, la politique et l'économie du football, ainsi que ses droits audiovisuels », a critiqué Javier Tebas, patron de LaLiga, quelques heures après que Josep Maria Bartomeu ait annoncé l'accord du FC Barcelone au plan. Ce qui était compris comme un dernier service rendu au club azulgrana.



Quoi qu'il en soit, avec ou sans Superligue, la santé des quatre prochaines années du football européen sera en jeu en 2021. La pandémie faisant toujours partie du quotidien, les fédérations continuent de discuter de ce qui devrait être la réforme économique de la Ligue des Champions et du reste des grandes compétitions qui dépendent de l'UEFA. L'accord qui sera trouvé marquera la viabilité et les fondations du sport roi après la Covid-19.



En 2018/2019, la Ligue des Champions a alloué 407,5 millions d'euros au football européen



L'incertitude a prolongé la prise de décision qui affecte l'UEFA, en tant que gestionnaire des compétitions, et l'ECA en sa qualité de patronat des clubs européens. Au-delà de la création déjà bien connue d'une troisième compétition interclub, l'UEFA Europa Conference League, qui fera ses débuts en 2021/2022 et qui augmentera la liste des clubs participant aux tournois continentaux la saison prochaine, le nœud du problème reste la génération de revenus, sa répartition et la solidarité que les clubs assument. En 2018/2019, la Ligue des Champions a alloué 407,5 millions d'euros au fonds de solidarité avec lequel l'UEFA soutient les fédérations, et par conséquent, les clubs les plus modestes.


En 2019/2020, la télévision a sauvé la saison d'une bonne partie des clubs de football. En Espagne, les équipes de LaLiga qui dépendent moins de la billetterie, des abonnements et des sponsors (les autres grandes sources de revenus) sont celles qui affrontent 2021 avec le moins d'incertitudes. La SD Eibar et Getafe, avec des bénéfices nets records de 15,1 millions et de 16,1 millions d'euros respectivement en sont un exemple. En revanche, le Barça a signé ses comptes avec des chiffres rouges de 97 millions d'euros. L'Atléti a perdu 1,2 million d'euros et Le Real Madrid, bien qu'il ait réalisé un maigre bénéfice de 313 mille euros, anticipe des pertes de 91,1 millions d'euros s'il n'y a pas de nouvel ajustement salarial. La disparité économique entre les transatlantiques du football et le reste, largement causée par la pandémie mondiale inattendue, a ressuscité de vieux espoirs. Parce que l'idée d'une Superligue qui offre d'énormes sommes d'argent ne date pas d'hier.



« À l'heure actuelle, ce sont les grands clubs qui souffrent parce que les petits, avec les droits télévisuels, paient dans certains cas 100% de leurs charges. Quelque chose doit changer, car nous devons protéger le football et si nous ne faisons rien, le football n'occupera plus la place qui lui revient. J'appelle tout le monde à réfléchir de manière solidaire », a déclaré Florentino Pérez lors de la dernière assemblée du Real Madrid.



4 800 millions d'euros par saison, est-ce réaliste ?



Les idéologues de la plus grande révolution de la pyramide du football européen assurent qu'ils peuvent doubler les 2 550 millions d'euros que les tournois de club de l'UEFA apportent aux équipes. Les dernières informations connues font état d'un chiffre d'affaires d'au moins 4 800 millions d'euros par an à répartir entre la vingtaine d'équipes participantes. Quinze d'entre eux, dont le Real Madrid, le Barça et l'Atlético de Madrid, auraient une place assurée chaque année. Le modèle de la compétition sera similaire à celui de la NBA, avec deux groupes de dix équipes et des playoffs entre les huit meilleures pour décider du champion.


Des chiffres astronomiques, de grosses affiches les week-ends, mais un budget que le marché met en quarantaine. « Ni les audiences, ni un rajout de ce que les opérateurs paient actuellement pour les compétitions internationales ne justifient une valorisation bestiale des droits encore moins si l'on part du principe que l'UEFA maintiendrait ses tournois de clubs et que les ligues nationales conserveraient le week-end », soutient un courtier en droit télévisuel. Ainsi, en prenant toujours l'exemple de l'Espagne, Movistar+ a investi 1 450 millions d'euros par an dans les droits du football, dont 1 015 millions sont pris par LaLiga avec ses deux compétitions.



L'UEFA a renouvelé son contrat avec Telefónica jusqu'en 2024 pour 325 millions d'euros par an, avec une réduction de 15% par rapport au montant actuel. Le diffuseur espagnol a par la même occasion imposé une réduction de 25% à la Formule 1. Le cas du marché espagnol s'observe aussi en Europe. La Ligue française est en ce moment l'exemple le plus concret sur le tournant qu'a pris le marché de l'audiovisuel, même si son cas est différent et plus compliqué. Une Superligue changerait-elle la répartition du budget alloué aux droits par les opérateurs ? Pour l'instant, la FIFA et l'UEFA ont déjà annoncé que le tournoi ne serait pas reconnu par les deux organes et qu'ils s'opposeront à l'inscription des joueurs qui le joueront en Coupe du Monde et en Coupe d'Europe. L'UEFA elle-même et l'ECA finalisent un accord sur une nouvelle Ligue des Champions.



Une réforme de la plus prestigieuse des compétitions de clubs pourra-t-elle enterrer les idées élitistes et séparatistes des grands clubs ?



L'idée d'une Superligue revient à chaque fois que les grands clubs souhaitent un changement dans le paysage du football européen. Ainsi en ironisant, Tebas, disait que « cela fait quatorze ans qu'on demande à chaque fois ce qu'est une Superligue. On posera la même question l'année prochaine ». Les experts de l'industrie la considère comme un serpent de mer pour faire pression à l'UEFA, car depuis le temps qu'elle est annoncée, elle n'a jamais vu le jour. Est-elle réalisable ? Certes oui, mais à chaque fois, l'UEFA trouve la parade pour satisfaire les désirs des grands clubs et calmer les velléités de mutinerie.



Cette fois-ci, le football est plongé dans une crise sans précédent et cela change tout. La manière dont la nouvelle réforme de la Ligue des Champions est présentée est « saluée » par les ligues, dont l'émergence d'une Superligue va clairement à l'encontre de leurs intérêts. « Le renouvellement des compétitions européennes est susceptible de générer plus d'intérêt », souligne les ligues européennes tout en émettant des réserves sur l'impact à long terme sur l'écosystème du football. De même les critères d'éligibilité ne font pas encore l'unanimité car le fait de vouloir réserver trois places qualificatives via le coefficient UEFA ne satisfait pas Lars-Christer Olsson. Le Suédois, président de l'association des ligues européennes, a défendu que ce critère « ne devrait pas du tout faire partie d'une compétition internationale ».


Face à la crise économique et l'envie des diffuseurs de reprendre en main le marché, comme l'a montré Canal Plus avec la Ligue-1, il est clair que tout le monde est sur la même longueur d'onde concernant le renouvellement du modèle économique et compétitive du football. Cependant, la question qui reste en suspens est que pourra rapporter de plus cette nouvelle Ligue des champions en termes financiers ? Plus de matchs signifient en temps normal plus de recettes audiovisuelles et commerciales, mais il faudra que le format force cette plus-value espérée. Plusieurs études ont circulé récemment sur la toile révélant un désintérêt ou une baisse d'audience du football chez les jeunes.


Un fait illustré par le président de la Juventus, Andrea Agnelli en prenant l'exemple de ses fils qui n'arrivent pas à regarder un match en intégralité (sans blague). La Superligue compte corriger ce problème en apportant des matchs plus « excitants ». De son côté, la nouvelle Ligue des Champions ne veut pas se fermer, mais s'élargir à 36 équipes avec un nouveau modèle de compétition. Le format « suisse » qui élimine les groupes de quatre pour un groupe unique dans lequel les grosses écuries sont protégées par des chapeaux. Comme dans le format actuel, il faut éviter le maximum possible qu'elles s'affrontent dès le départ.


L'autre nouveauté est l'organisation de playoffs pour déterminer quelles seront les huit équipes qui rejoindront les huit premiers en huitième de finale. Donc, un gros club qui se loupe dans le premier tour aura une nouvelle chance de se rattraper. L'UEFA n'a-t-elle pas donc tranché la poire en deux ? Une Ligue des Champions qui n'exclut personne mais qui, dans sa seconde partie, se transforme en une sorte Superligue. Les grands clubs, à travers la ligue fermée, veulent enlever toute barrière qui entrave leur participation. L'UEFA les minimisent complètement dans son nouveau modèle. Reste à voir si cette réforme fera le bonheur des séparatistes et quel seront les critères de répartition des ressources financières qu'elle génèrera, s'il est sûr est certain qu'elles exploseront les records de la Ligue des Champions actuelle.



Crédit image de couverture : RFI

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