Getafe CF : une stratégie budgétaire de survie pour 2025/2026

Djéné Dakonam, capitaine du Getafe CF lors du match de LaLiga EA Sports 2025/2026 face au Valencia CF.
Crédit image : Getafe CF

Le Getafe CF a présenté un budget pour la saison 2025/2026 qui illustre à la perfection sa philosophie de gestion : rigueur financière, dépendance marquée aux droits audiovisuels et prudence extrême sur le marché des transferts. À l’image de son président Ángel Torres, le club madrilène privilégie la stabilité à tout prix, quitte à sacrifier une partie de son ambition sportive.

Une dépendance extrême aux droits TV

Avec un chiffre d’affaires net de 56,6 M€ auquel s’ajoutent 0,97 M€ d’autres recettes d’exploitation, Getafe reste typique des clubs de deuxième rang de LaLiga. Les droits TV représentent près de 83 % des revenus (46,87 M€), confirmant la dépendance chronique d’un modèle où la billetterie (0,70 M€) et les abonnements (2,78 M€) pèsent très peu, malgré l’implantation en région madrilène. Le marketing, avec 6,23 M€, offre un complément intéressant mais insuffisant pour rééquilibrer la structure des revenus.

La comparaison avec le budget prévisionnel 2024/2025 met en évidence la stabilité extrême du modèle azulón. Les droits TV (46,95 M€ en 2024/25 contre 46,87 M€ cette saison) et le chiffre d’affaires net (56,72 M€ contre 56,58 M€) sont pratiquement figés, conséquence du système centralisé de répartition de LaLiga.

Les autres postes évoluent à la marge :

  • Compétitions : 1,05 M€ → 0,70 M€ (-33 %) : une baisse qui traduit probablement une moindre anticipation de primes sportives (Copa del Rey, classement Liga).
  • Abonnements : 2,74 M€ → 2,78 M€ (+1,5 %) : progression minime, reflet d’une base de supporters stable mais limitée.
  • Marketing : 5,99 M€ → 6,23 M€ (+4 %) : légère amélioration, signe d’un travail continu pour renforcer les partenariats commerciaux.

En clair, Getafe n’a aucun levier de croissance interne significatif. Le club vit dans une zone budgétaire figée, où seules des performances sportives exceptionnelles ou une véritable innovation commerciale pourraient créer de la croissance. Cette dépendance rend le maintien en Primera vital : une relégation provoquerait une chute de revenus difficilement soutenable.


Un pilotage des coûts millimétré

Du côté des charges, la masse salariale du personnel sportif atteint 29,91 M€, soit 53 % du chiffre d’affaires. Un ratio sain, en deçà de la limite des 70 %. Avec des charges d’exploitation totales de 51,62 M€, Getafe prévoit un EBITDA positif de 11,09 M€, garantissant une certaine souplesse de trésorerie.

La comparaison avec 2024/2025 révèle toutefois une hausse des coûts de fonctionnement :

  • Masse salariale sportive : 27,16 M€ → 29,91 M€ (+10 %). Augmentation notable, conséquence de la volonté de conserver une équipe compétitive malgré une politique de transferts low cost.
  • Masse salariale non sportive : 3,88 M€ → 4,43 M€ (+14 %). Glissement attribuable à l’inflation et à la structuration interne.
  • Autres charges d’exploitation : 17,24 M€ → 15,17 M€ (-12 %). Allègement significatif, lié à une optimisation des services externes.

Résultat : les charges d’exploitation progressent de 50,10 M€ à 51,62 M€ (+3 %), ce qui réduit le résultat brut d’exploitation (7,47 M€ → 5,93 M€).

Le reste du compte de résultat confirme cette logique d’équilibre :

  • EBITDA : 12,77 M€ → 11,09 M€. Légère baisse, mais rentabilité opérationnelle positive.
  • Amortissements : 11,89 M€ → 10,59 M€. Allègement qui compense partiellement l’inflation salariale.
  • Charges financières : 2,00 M€ → 1,65 M€. Réduction bienvenue, signe d’une gestion de dette maîtrisée.

Au final, l’EBIT (résultat d'exploitation) recule légèrement (2,05 M€ → 1,73 M€), mais le résultat net reste à l’équilibre : 0,03 M€ en 2024/25 contre 0,08 M€ en 2025/26. Getafe ne dégage pas de profit significatif, mais maintient ses comptes à flot. Dans un contexte où de nombreux clubs espagnols affichent des déficits chroniques, cette discipline fait figure d’exception.


Un mercato placé sous le signe de la plus-value

Cette rigueur se retrouve sur le marché des transferts. Getafe a encaissé 12,60 M€ de ventes, dominés par le transfert d’Omar Alderete à Sunderland (11,60 M€). Carles Aleñá a rapporté 1 M€, tandis que d’autres départs (Jonathan Silva, Yellu Santiago) se sont faits gratuitement.

Côté arrivées, la dépense est restée minimale avec seulement 1,80 M€ investis :

  • Juanmi (1,20 M€), en provenance du Betis, profil d’expérience à faible coût.
  • Davinchi (0,60 M€, Recreativo Huelva), pari sur un jeune issu des divisions inférieures.

Le reste des renforts (Abqar, Neyou, Javi Muñoz, Sancris, Femenía) est arrivé libre, fidèle à la politique du club.

Résultat : une balance excédentaire de +10,80 M€, assortie de 5,16 M€ de plus-values attendues. Ces opérations financent directement l’augmentation de la masse salariale et garantissent la continuité de l’équilibre budgétaire.

Un plafond sportif assumé

En définitive, Getafe assume une stratégie de survie économique en Liga. Le club bâtit ses effectifs à coût réduit, sécurise ses comptes par des ventes ciblées et maintient une discipline financière exemplaire. Ce modèle réduit fortement les risques mais limite aussi toute ambition : l’horizon sportif reste celui du maintien et, au mieux, d’une saison de milieu de tableau.

Dans une Liga où les revenus commerciaux et la billetterie deviennent des leviers majeurs pour creuser l’écart, Getafe reste prisonnier de sa dépendance audiovisuelle. Une stratégie qui a fait ses preuves pour durer, mais qui condamne le club à vivre loin des rêves européens — en échange d’une rare stabilité financière dans le football espagnol.


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