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Crédit image : Albacete Balompié |
Longtemps plongé dans des difficultés économiques, l'Albacete CF a su redresser la barre en 2023/2024 grâce à une stratégie bien rodée mêlant optimisation des revenus audiovisuels, politique de ventes de joueurs et modernisation de ses infrastructures. Après des années marquées par des pertes financières et une dépendance accrue aux droits TV, le club castillan semble avoir trouvé un modèle plus équilibré. Retour sur les clés de cette transformation et les défis qui attendent l’Alba dans les années à venir.
Un retour aux bénéfices porté par la télévision et les transferts
La saison 2023-2024 marque un tournant pour l'Albacete Balompié, qui affiche un bénéfice net de 630 859 euros, contrastant avec la perte de 33 302 euros enregistrée l’année précédente. Cette embellie repose sur deux moteurs principaux :
Une hausse significative des revenus audiovisuels
Le club a vu ses revenus issus des droits de retransmission télévisée grimper de 5,5 à 7,1 millions d’euros (+29%), représentant désormais 68% des revenus ordinaires. Cette augmentation est en grande partie due aux performances sportives récentes du club, notamment une participation aux play-offs d’accession à LaLiga en 2022-2023, qui a renforcé son attractivité auprès des diffuseurs.
Une stratégie efficace de ventes de joueurs
Le second levier clé a été les plus-values réalisées sur le marché des transferts. L’Albacete CF a su capitaliser sur la revente de plusieurs joueurs formés ou recrutés à bas coût :
- Manu Fuster, acheté au CD Guijuelo en 2017, vendu à Las Palmas pour 1,5 million d’euros.
- Enzo Boyomo, arrivé libre du centre de formation de Blackburn Rovers et revendu au Real Valladolid pour près de 2 millions d’euros. Ce transfert inclut des clauses de revente, ce qui a permis à l’Albacete de toucher un pourcentage supplémentaire lors de son récent transfert à Osasuna.
- Christian Kofane, attaquant camerounais de 18 ans, est pressenti comme la prochaine pépite à forte plus-value.
Avec cette approche, l'Albacete CF assume pleinement son statut de club formateur et vendeur, une stratégie financièrement viable mais qui nécessite une politique de recrutement et de développement des talents particulièrement performante.
Des revenus en baisse sur d'autres segments, compensés par un contrôle des coûts
Si la télévision et les transferts ont permis de redresser les finances, d’autres sources de revenus ont connu un net recul, notamment :
- Le sponsoring et la publicité, passés de 1,6 million à 898 000 euros (-44%), un manque à gagner principalement dû à un problème administratif avec Adidas, qui a retardé le versement d’un partenariat clé.
- Les revenus liés aux compétitions, qui se sont limités à 521 262 euros, illustrant une difficulté à monétiser pleinement les performances sportives.
Face à ces pertes, le club a compensé en optimisant ses dépenses:
- Diminution des approvisionnements (équipements, fournitures), passés de 493 339 à 84 041 euros.
- Réduction des dépenses d’exploitation de 5%, s’établissant à 3,8 millions d’euros.
Toutefois, les coûts de personnel ont augmenté, atteignant 8,5 millions d’euros, reflétant l’ambition du club de renforcer son effectif pour se stabiliser en deuxième division.
Une restructuration financière et une stabilisation du fonds de roulement
Sur le plan financier, le club a lancé une augmentation de capital de 1,3 million d’euros pour améliorer sa solvabilité et restructurer sa dette. Cette opération s’est décomposée en deux volets :
- 703.872 euros via l’émission de nouvelles actions, vendues à 3 euros l’unité.
- 700.002 euros par conversion d’un prêt de Skyline Spain 2016 (propriétaire du club), en actions.
Par ailleurs, la dette reste sous contrôle avec :
- Un prêt participatif inférieur à 7 millions d’euros.
- 2,9 millions de dettes à court terme et près de 7 millions à long terme.
- Un fonds de roulement positif de 1,3 million d’euros, garantissant une meilleure capacité à honorer les engagements financiers.
Cette restructuration témoigne d’un club plus stable financièrement, bien que toujours dépendant de la vente de joueurs pour assurer sa rentabilité.
Modernisation du stade : un levier de croissance à long terme
Une avancée majeure a été la signature d’un bail de 50 ans avec la ville d’Albacete pour l’exploitation du stade Carlos Belmonte. Cette concession permet:
- D’améliorer le patrimoine net du club, puisque l'infrastructure est valorisée à 15 millions d’euros.
- De développer de nouveaux revenus via : l’extension des loges VIP, visant à représenter 5% de la capacité du stade ; l’exploitation du stade en dehors des jours de match, pour accueillir des événements et des activités commerciales.
Un plan de rénovation de 10 millions d’euros est prévu, financé à 25% par le club et à 75% par des fonds externes, notamment via l’accord CVC signé par LaLiga.
Une ouverture vers l’économie locale avec “Pasión por el Campo”
Au-delà du football, l’Albacete CF cherche à s’ancrer davantage dans l’économie locale avec “Pasión por el Campo”, une initiative soutenue par la région de Castilla-La Mancha et des sponsors. Ce programme vise à :
- Promouvoir l’entrepreneuriat rural en offrant des financements et un mentorat aux startups locales.
- Soutenir les exportations agroalimentaires via des partenariats avec LaLiga pour accéder aux marchés internationaux.
Cette démarche renforce l’image du club comme un acteur économique de premier plan en Castilla-La Mancha, tout en attirant de nouveaux sponsors issus du secteur agricole.
Conclusion : Un modèle en construction, encore fragile
L'Albacete CF a clairement amorcé un redressement financier, basé sur trois piliers :
- Les droits TV et les transferts comme moteurs de rentabilité.
- Une meilleure maîtrise des coûts et une restructuration financière.
- Des investissements dans les infrastructures et l’économie locale pour assurer des revenus plus stables.
Toutefois, des défis persistent :
- Une dépendance forte aux résultats sportifs et aux droits TV, un risque si le club connaît une baisse de performance.
- Une baisse des revenus commerciaux, qui doit être compensée par une stratégie marketing plus agressive.
- Un modèle basé sur la vente de joueurs, nécessitant une politique de recrutement et de formation sans faute.
L’Albacete CF semble sur la bonne voie, mais devra continuer à diversifier ses revenus pour pérenniser son modèle économique. La modernisation du stade et l’intégration dans l’économie locale pourraient être les clés d’un avenir plus serein en Segunda División, voire plus haut.
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